Les mutilations génitales féminines ont la peau dure dans plusieurs pays de la sous-région ouest africaine malgré les multiples campagnes de sensibilisation. Conscientes de la nécessité d’une veille permanente pour venir à bout de cette pratique, plusieurs associations féminines ont décidé d’unir leurs forces par le biais du réseautage.
Au sud-ouest du Burkina Faso, l’Association pour la promotion féminine de Gaoua (APFG), est membre actif de ce réseau et sa présidente Inkouraba Ini Damien/Youl est la première responsable du Réseau ouest africain des associations et ONG de lutte contre les violences basées sur le genre (ROAO-LVBG).

L’assemblée générale ordinaire du réseau, tenue les 28 et 29 mars dernier à Wa, au Ghana, restera sans doute gravée dans les annales, au regard de l’engagement pris par des exciseuses de déposer définitivement leurs ‘’couteaux’’.
La cérémonie de reconversion des exciseuses s’est tenue en marge de l’assemblée générale ordinaire, le mercredi 29 mars 2023, dans le district de Wechao à 25 km du chef-lieu de la région du Nord-ouest du Ghana.

La président du Réseau ouest africain des associations et ONG de lutte contre les violences basées sur le genre, Inkouraba Ini Damien /Youl, remettant une attestation à une ex-exciseuse

Au total,15 exciseuses prennent l’engagement en public d’abandonner définitivement l’excision. Ces désormais ex exciseuses sont passées aux aveux, et parmi elles Abinan Badèlyinin qui dit se consacrer désormais à la sensibilisation sur les effets néfastes de l’excision. « Je reconnais que cette pratique est vraiment néfaste pour la jeune fille, et à partir d’aujourd’hui nous l’abandonnons. C’est parce que on ne savait pas ce que cela comporte comme conséquences néfastes, et nous allons décourager toute personne qui veut se lancer dans cette pratique », affirme-t-elle.

Pour la présidente du ROAO-LVBG, Inkouraba Ini Damien /Youl, la satisfaction est totale. « Cette expérience est celle de l’APFG qui lutte depuis 1996 contre les mutilations génitales féminines. Je suis satisfaite, parce que l’acte a été participatif et inclusif au regard de l’accueil et de l’implication des autorités coutumières et administratives de la localité. Ces ex exciseuses ont pris l’engagement à travers un document écrit et signé, d’abandonner définitivement la pratique de l’excision ».

Photo de famille avec les 15 ex-exciseuses

En décembre dernier, le ROAO-LVBG a réussi la reconversion de 15 autres exciseuses dans la région du Bounkani, en République de Côte d’Ivoire. Des résultats salués par la chargée du programme du partenaire financier de l’ONG Diakonia, Marie Madeleine Pouya. « Nous sommes satisfaits avec le réseau, toute la communauté et les autorités de cet engagement. La suite du processus prévoit une formation qui va réunir les ex exciseuses du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana et du Burkina, sur le concept des violences basées sur le genre et également sur les activités génératrices de revenus ».

Boubacar Tarnagda