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Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

Publié le lundi 20 mars 2023 à 22h55min

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Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

La carrière de sable de Borodougou, située à une dizaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, est un véritable problème environnemental. Cette carrière qui s’étend à perdre de vue représente une menace pour la route nationale N°1. C’est le constat désolant que ce cratère à ciel ouvert laisse entrevoir. C’était lors de la visite du ministre en charge des infrastructures, Adama Luc Sorgho, le samedi 18 mars 2023.

« La route nationale N°1 (RN1) est en danger et il faut vite agir ». C’est le cri de cœur de la délégation ministérielle qui a visité la carrière de sable de Borodougou, le samedi 18 mars dernier. En effet, c’est une délégation qui est restée sous le choc en voyant cette catastrophe environnementale qui menace la RN1. Sur le site, la végétation a foutu le camp en laissant place à cette catastrophe environnementale qui dépasse tout entendement. A vue d’œil, cette carrière semble être à moins de cinq mètres de la RN1. « L’exploitation de cette carrière risque de toucher la RN1, coupant Bobo de Ouaga si rien est fait. Nous sommes à moins de cinq mètres du goudron et il faut vite agir », lance un environnementaliste.

Selon certaines sources, cette carrière de sable serait entrée en exploitation dans les années 90. Et malheureusement son exploitation ne respecte pas l’environnement comme le stipule l’article 25 du code de l’environnement à savoir : « Les activités susceptibles d’avoir des incidences significatives sur l’environnement sont soumises à l’avis préalable du ministère en charge de l’environnement après la conduite d’une évaluation environnementale ». Ainsi, la carrière de Borodougou n’a pas fait l’objet d’une évaluation environnementale au préalable qui allait identifier les risques et de proposer des mesures de mitigation à travers un plan de gestion environnementale et sociale.

La carrière de sable de Borodougou représente une menace pour la route nationale N°1

Cette visite a permis au ministre de constater de visu l’état de dégradation de ce site. « Cette visite nous a permis de constater certaines dégradations sur la RN1. Cette carrière pose aujourd’hui un problème pour notre route si nous laissons avancer cette dégradation. C’est pourquoi nous avons demandé à la direction des études de faire des études pour voir comment on peut limiter les dégâts », a-t-il laissé entendre.

A ce jour, aucune perspective de réhabilitation n’est pour le moment à l’ordre du jour au niveau du ministère des Infrastructures. Cependant, des travaux de protection sont envisagés dans la zone contiguë à la route. « De part ce que nous avons vu, nous pouvons disposer déjà de tapis de moellons pour empêcher que les gens continuent les travaux et limiter l’avancée des dégradations », rassure le ministre Sorgho.

Il faut rappeler que face à cette situation, certaines autorités locales avaient essayé des solutions sans succès. Pour y parvenir, il faut des propositions concrètes aux jeunes exploitants et aux milliers de bouches à nourrir. Du côté des ministères, chaque autorité qui vient ne prend pas de décision forte pour contrer cette catastrophe. Même s’il y a eu des communiqués qui ont interdit l’exploitation de la carrière, les exploitants, eux, en font fi. Toutefois, il faut des mesures fortes pour préserver cette route nationale qui relie les deux plus grandes villes du pays. Au regard de ses missions régaliennes de protection de l’environnement, l’Etat doit vite agir pour ne pas se retrouver seul responsable de cette catastrophe environnementale aux conséquences incalculables.

Une vue d’une portion de la carrière de sable de Borodougou

Même si cette carrière nourrit des milliers de personnes, certains membres de la délégation demandent à l’autorité de s’impliquer vivement dans l’urgence. Il faut souligner que l’accès du site nous a toujours été refusé (en tant que journaliste) par certains exploitants, lorsque nous avions voulu faire un reportage sur le site en avril 2022.

C’est lors de la visite du ministre des infrastructures (qui n’a duré qu’une dizaine de minutes) que nous avons pu accéder à cette carrière. C’est sur ce site que presque tout Bobo-Dioulasso s’approvisionne en sable. Aujourd’hui, la question que l’on se pose c’est que faire de ce précipice de plusieurs mètres de profondeurs et large d’une dizaine d’hectares ?

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 20 mars 2023 à 22:11, par INCONNU En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    Pas de problème, quand la route sera coupée, il aura des solutions à coût de milliards contre une décision forte maintenant.

  • Le 21 mars 2023 à 04:49, par Sidpassata Veritas En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    Si la carrière de sable nourrit des milliers de bouches, la RN1 nourrit combien de bouches ? Stupidité quand tu nous tiens !

    Une solution radicale à envisager, est de voir si, en détournant les eaux de ruissellement dans les environs, il serait possible de transformer le site de la carrière en retenue d’eau, à partir des eaux de pluie.

  • Le 21 mars 2023 à 09:43, par le burkinabè de sya En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    "Aujourd’hui, la question que l’on se pose c’est que faire de ce précipice de plusieurs mètres de profondeurs et large d’une dizaine d’hectares ?"

    Je propose que sous réserve d’étude de faisabilité et d’étude environnementale, le site sois aménagé pour être transformé en un centre d’enfouissement technique des déchets de la ville de Bobo. Ce projet devrait pouvoir prendre en compte la réorganisation de la collecte des ordures, la professionnalisation des métiers de la chaine de collecte, la reconversion des artisans actuels du site ainsi que la communauté villageoise riveraine.

  • Le 21 mars 2023 à 10:06, par Badisak En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    Il y a des choses sur lesquelles il ne faut pas badiner sous quelque prétexte que ce soit ; on ne cherche pas sa pitance en créant un danger pour les autres.
    Diriger, c’est prévoir ; je comprends difficilement comment les autorités des gouvernements successifs en charge de cette question ont pu regarder passivement ce désastre s’installer pour atteindre ce niveau de gravité aujourd’hui ?
    Je me souviens de la bagarre qui a opposé les partisans et les opposants au projet de construction d’un hôpital de référence dans la zone ; mais personne n’a pu voir l’imminence du danger que constituait cette carrière à cette époque pour interpeller l’autorité ?
    Le triste constat auquel les gouvernants nous ont habitué dans ce pays, c’est d’agir toujours en pompiers ; il y a rarement des mesures fortes d’anticipation pour éviter le pire.
    Je salue et encourage la démarche du Ministre qui consiste à aller au contact du terrain pour toucher du doigt les réalités et se faire une idée claire des mesures à prendre pour nous mettre à l’abri du danger.

  • Le 21 mars 2023 à 10:21, par Bala Wenceslas SANOU En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    Carrière de sable de Borodougou, exemple palpable de la gouvernance au Faso. Combien d’hommes politiques des élus locaux aux élus nationaux en passant par des élus régionaux sont de ce village ? Malgré très certainement leurs efforts de dialogue, les choses sont restées en l’était ; pire elles se dégradent.
    Face à cette réalité, les gouvernants du moment se retrouvent toujours à devoir gérer le passif des "régnants d’alors" qui ont tout fait sauf gouverner. Au nom du "c’est notre gagne-pain" on a laissé exploiter, saccager ce milieu sans mesure quelconques d’aménagement. Des arrêtés municipaux pris, sont restés sans effets, sans application effective ; pourquoi ? Est-on certain que ceux/celles qui ont pris ces mesures avaient vraiment intérêt à leur application effective ? Qui sont derrière les propriétaires supposés des camions qui vendent le sable prélevé presque gratuitement (au regard de ce qui est payé comme frais de prélèvement par rapport au prix de vente du sable) ?
    Près de douze milles (12 000) personnes sont exploitants directs de cette carrière, et donc X ménages dépendent des revenus tirés par ces exploitants ; alors au nom de leur gagne-pain quotidien on a laissé faire ; jusqu’à atteindre le seuil actuel de dégradation dont la réparation va coûter 20 fois plus le montant qui aurait permis de racheter cette carrière cause d’utilité publique et de la gérer autrement dans l’intérêt d’un plus grand nombre. Car si 12 000 personnes en font leur gagne-pain quotidien, combien de personnes empruntent chaque jour cette nationale 1 ? Ce n’est pas 12 000 personnes, mais X fois 12 000 personnes.
    Espérons que l’heure du réveil ait vraiment sonné sous cette transition pour trouver, de façon concertée, les mesures idoines à la gestion de cet exemple d’irresponsabilité dans la gouvernance d’un bien d’intérêt général par les régnants d’alors.

  • Le 21 mars 2023 à 19:51, par Nabiiga 1er En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    Cette catastrophe est révélatrice de tant d’autres en gestation. C’est bien de chercher en urgence des solutions mais il est temps de prendre le taureau par les cornes. Comme le disait quelqu’un la nature nous est prêtée et il faut en prendre soin. Il faut éduquer nos populations. Dès l’enfance on doit savoir que la nature est notre source de vie, qu’elle nous rend ce que nous lui offrons. Nous devons en apprendre comme les choses élémentaire de la vie quotidienne à respecter notre environnement : ne pas jeter les déchets partout, ne pas transformer les barrages et retenu d’eau comme débarras, ne pas creuser n’importe comment… il est dit que l’exploitation de la carrière de Borodougou ne respecte pas les normes établies… pourquoi ? Parce que quelqu’un pense à se nourrir, à nourrir sa famille ?
    Le respect de la nature est le respect de nos vies. Il en est de même que le phénomène de d’assemblage de gravier dans les périphéries de certaines villes. L’ignorance de l’impact sur l’environnement en est un élément mais je dirais aussi qu’il y a un manque d’enseignement à tous les niveaux. Vivement que toutes les couches de la société s’implique dans la protection et la sauvegarde de notre environnement. « Éduquez les enfants et vous n’aurez plus à punir les adultes. » Pythagore

  • Le 22 mars 2023 à 00:51, par Nabiiga 1er En réponse à : Carrière de sable de Borodougou : Une catastrophe environnementale qui menace la route nationale N°1

    Cette catastrophe est révélatrice de tant d’autres en gestation. C’est bien de chercher en urgence des solutions mais il est temps de prendre le taureau par les cornes. Comme le disait quelqu’un la nature nous est prêtée et il faut en prendre soin. Il faut éduquer nos populations. Dès l’enfance on doit savoir que la nature est notre source de vie, qu’elle nous rend ce que nous lui offrons. Nous devons en apprendre comme les choses élémentaires de la vie quotidienne à respecter notre environnement : ne pas jeter les déchets partout, ne pas transformer les barrages et retenus d’eau en débarras, ne pas creuser n’importe comment… il est dit que l’exploitation de la carrière de sable de Borodougou ne respecte pas les normes établies… pourquoi ? Parce que quelqu’un pense à se nourrir, à nourrir sa famille ?
    Le respect de la nature est le respect de nos vies. Il en est de même que le phénomène de d’assemblage de gravier dans les périphéries de certaines villes. L’ignorance de l’impact sur l’environnement en est un élément mais je dirais aussi qu’il y a un manque d’enseignement à tous les niveaux. Vivement que toutes les couches de la société s’implique dans la protection et la sauvegarde de notre environnement. « Éduquez les enfants et vous n’aurez plus à punir les adultes. » Pythagore

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