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Culture : « Le téléphone rapproche les gens qui sont très distants et éloigne les gens qui sont proches », dixit Bobellé Toudeba

Publié le lundi 20 mars 2023 à 22h20min

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Culture : « Le téléphone rapproche les gens qui sont très distants et éloigne les gens qui sont proches », dixit Bobellé Toudeba

A l’occasion de la Journée mondiale du conte, célébrée chaque 20 mars, Bobellé Toudeba, artiste comédien et conteur professionnel, revient sur l’importance de cette journée, dans cette interview. Du haut de sa quinzaine d’années d’expérience dans le domaine, ce formateur et promoteur a également suivi des ateliers de magicien avec le conteur magicien Claude DELSOL, et participé aux modules de formation en jeu d’acteur du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO).

Lefaso.net : Que pensez-vous de la pratique du conte de nos jours ?

Bobellé Toudeba : De nos jours, le conte a évolué. Il a subi des mutations, des évolutions. Le conte d’abord n’est pas un art figé. C’est un art humain qui se développe et s’adapte aussi avec l’évolution de la société humaine. Aujourd’hui, on fait du conte une profession et cela demande aussi des exigences à cause de l’offre et de la demande. Ce n’est plus comme au village où le vieux, la vieille ou la tante ou l’oncle est libre de raconter comme il veut.

De nos jours, c’est un spectacle qui se fait en fonction d’une heure donnée ; d’un public cible et cela demande aussi une recherche par rapport à la demande et par rapport au message que l’on veut transmettre.

Quelle est l’importance que vous accordez au conte ?

Le conte pour moi est d’une importance capitale parce qu’au-delà de son aspect ludique, c’est un outil d’information, de communication, d’éducation. C’est un outil de rassemblement et c’est un canal par lequel on peut donner des messages, critiquer et enseigner.

Quel rôle peut jouer ou joue le conte dans la vie culturelle ?

Le conte est un support avec lequel on peut tout faire, on peut tout dire sans se heurter sans qu’il y’ait des prises de bec. Par exemple quand je veux parler d’un voleur, je peux utiliser le terme des animaux et là indirectement, je ne dis pas son nom. Les faits sont pourtant ses faits et les solutions qui vont en découler sont les solutions que je lui propose et du coup, ceux qui écoutent le conte aussi vivent une histoire. Le conte peut servir à rendre justice à deux personnes qui se disputent pour une raison donnée.

Quels sont les défis du conte dans la modernité, qui est dominé de nos jours par les outils du web et des réseaux sociaux ?

Le conte de nos jours tel que pratiqué dans l’ancien temps autour du feu, les soirs quand tout le monde se retrouve à la maison est difficile.

De nos jours, pour pouvoir réunir toute la famille sera compliqué, vu les occupations de chacun. Nous avons donc initié les soirées de contes telles que contes à rebours qui se passe tous les deux mois au Goethe institut, la grande rue du conte qui se passe chaque année. Nous allons également dans les établissements pour raconter les contes.

Dans l’offre culturelle, que proposez-vous comme solution pour que les contes soient plus connus ?

Il faut adapter l’outil conte à la modernité car les lieux de rencontre ne se font plus à la maison. Le téléphone rapproche les gens qui sont très distants et éloigne les gens qui sont proches. Il faut faire en sorte que le conte vienne au public en utilisant les réseaux sociaux.

A l’occasion de la journée du conte qu’est-ce qui est fait au Burkina Faso ?

Cette journée est pour les conteurs un moment de réflexion et d’interrogation par rapport au développement du métier par rapport aux enjeux du moment. Cette année ce que nous faisons en tant que conteurs nous offrons des spectacles de contes à des personnes ou à des groupes ciblés. Nous irons à Bogré du 18 au 21 de ce mois pour former et faire des soirées de contes au profit des jeunes.

Interview réalisée par Carine DARAMKOUM
Lefaso.net

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