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Lutte contre le terrorisme au Burkina : Le MBDHP échange avec la presse sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires

Publié le dimanche 19 février 2023 à 22h14min

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Lutte contre le terrorisme au Burkina : Le MBDHP échange avec la presse sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires

Nous devons travailler à ce que les Burkinabè puissent humaniser le Burkinabè et l’un des maillons forts pour parvenir à cela, c’est la presse », foi de Aly Sanou, secrétaire général du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples. Pour concrétiser cela, le club de la presse a organisé une conférence dans la matinée du vendredi 17 février 2023 sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires dans la lutte contre le terrorisme. C’était au Centre national de presse Norbert Zongo.

« Les actes terroristes constituent une atteinte au droit à la vie avec les dizaines de milliers de morts, le droit au respect de l’intégrité physique et psychologique à travers les milliers de personnes blessées et traumatisées, le droit à un niveau de vie avec près de deux millions de personnes déplacées internes, le droit à l’alimentation, à l’éducation et à la santé, etc. », a fait remarquer le secrétaire général du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples Aly Sanou, dans son exposé sur la situation des droits de l’homme au Burkina, dans ce contexte d’insécurité.

Face à cette situation qui menace la paix et la sécurité et compromet le développement socio-économique, Aly Sanou explique que l’Etat doit jouer un rôle capital pour qu’en plus de la crise sécuritaire, le pays ne tombe pas dans le chaos, eu égard à la négligence des évènements en cours. Sur ce point, selon lui, l’Etat devrait s’acquitter de trois obligations. D’abord, « le respect des droits de l’homme qui suppose que les Etats eux-mêmes ne doivent pas violer les droits humains. En second lieu, « la protection des droits de l’homme. » Il s’agit de prendre des mesures pour que des tiers ne portent pas atteinte à l’exercice de ces droits. La troisième obligation tient en « l’application des mesures prises pour que soient respectés ces droits-là. Les Etats ont l’obligation de protéger leurs citoyens contre les attaques en prenant des mesures anti-terroristes efficaces pour prévenir les attaques terroristes et poursuivre les coupables de tels actes » a-t-il rappelé.

Si ces obligations préalables ne sont pas respectées, la société s’expose à assumer le développement de certaines dérives liées à cette guerre. Il s’agit entre autres des exécutions extrajudiciaires et autres violations des droits de l’homme qui constituent des facteurs d’aggravation du sentiment de stigmatisation. A ce propos, au Burkina Faso, il note que « des cas de privation arbitraire du droit à la vie tels que les exécutions sommaires et extra-judiciaires, les cas de tortures et de traitements cruels, inhumains et dégradants, des privations arbitraires des libertés », ont été constatées ces récentes années, principalement à l’encontre de la communauté peulh considérée comme étant les acteurs même qui œuvrent à fossoyer les populations.

« Les droits de l’homme sont des valeurs universelles et des garanties juridiques qui protègent les individus et les groupes » Aly Sanou

Pour Abdoulaye Diallo, coordonnateur national du CNP-NZ, rien n’explique cet acharnement contre la communauté peulh si fait que les élites de cette ethnie ne savent par quel bout tenir le bâton de la résistance, pire, lorsque ces exactions sont souvent commises par les forces de défense et de sécurité. « C’est difficile de lutter et comment même lutter lorsque quand vous dénoncez, on vous tombe dessus. Vous verrez que sur cette question de stigmatisation des peulhs je n’en parlais pas. Ce n’est que récemment que j’ai rompu le silence parce que j’estimais que c’en était de trop. Mais si vous voyez les commentaires des gens sur ma page vous verrez que j’ai même été traité d’apatride. Combien d’imams et de cheiks peulhs ont été tués alors qu’ils prônaient des messages de paix ? Regardez ce que Newton Ahmed Barry est en train de subir. Les élites peulhs sont limitées dans leurs actions et je crois que cette affaire n’est pas une lutte des peulhs uniquement mais de tout le monde, ensemble », peste-t-il.

Aly Sanou rappellera à ce sujet le cas d’un ingénieur peulh qui avait été soupçonné sans aucune preuve. « Il y a un car qui transportait des passagers et qui a été soumis aux contrôles routiers. Une patrouille militaire qui passait par là a aperçu un peulh dans le car. Ils l’ont arrêté au milieu des passagers sous prétexte qu’il est suspect. Sur place ils l’ont tenu en respect, l’agenouiller, lui bander les yeux et l’embarquer. Plus loin ils se sont rendus compte que c’était un peu bizarre. Ils l’ont donc relâché en lui disant que pour cette fois ils vont le laisser partir mais que la prochaine fois ils vont l’emmener. Il a saisi le MBDHP qui l’a aidé a formulé une plainte mais on sait tous que cette plainte ne va pas aboutir. Comment on peut attraper quelqu’un qu’on considère comme suspect et le relâcher après simplement comme ça ? » s’émeut-il.

Face à cette situation qui inquiète plus d’un, Inoussa Ouédraogo, président du comité de pilotage du CNP-NZ estime que la meilleure manière de lutter c’est d’en parler et ce, malgré les embuches. Il dira à ce propos : « on ne fait rien pour personne, on ne fait rien contre personne. Tout ce que l’on fait c’est pour et contre soi-même. Certes nous sommes menacés et intimidés mais si nous nous taisons nous sommes tous foutus. C’est aussi notre devoir de continuer d’être les yeux et les oreilles des populations »

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 19 février 2023 à 17:37, par momine En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : Le MBDHP échange avec la presse sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires

    j’espere que vous etes faits enroles.il est temps d’aller au front pour faire le constat et votre conference de presse.il serait bon que vous la tenez a Deou a Cote des FDS.c’est ca avoir les vrais infos au temps tel.

  • Le 20 février 2023 à 08:33, par Le pays réel En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : Le MBDHP échange avec la presse sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires

    C’est normal. Vous parlez pour avoir à manger. Parce que c’est comme ça les propriétaires du droit nous ont éduqué. Eux ils vont tuer mais on ne parlera point de droit de l’homme. Et comme ils se croient plus malins ils ont créé le terrorisme pour tuer sans être inquiétés. Donc arrêtez de nous saoulés, nous, nous voulons juste vivre, et vivre dignement.

  • Le 20 février 2023 à 11:02, par numero1 En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : Le MBDHP échange avec la presse sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires

    Lors de son passage sur BF1 ( 19h30 du 19/02/2023) Mr. Sanou a été très convainquant et très cohérant dans son analyse. Il faut gagner le conserver la conserver la confiance des populations dans les zones de conflit. Et pour cela, éviter au maximum les bavures et exactions.
    Certes, il n’y pas de "guerre propre" mais il faut rester humain et surtout ne pas faire de l’animosité comme l’ennemie d’en face car nous sommes meilleurs que lui en tout ce qui est bien.
    Nous devons minimiser les rancœurs, frustrations et stigmatisation dans nos rangs et donner des voies de soulagement pour nos erreurs dans les champs de combat.
    Aussi, les armes seules ne peuvent constituer la solution, donc le dialogue, la cohésion et nos leviers traditionnel doivent aussi être mises en œuvre dans ce combat.

  • Le 20 février 2023 à 13:25, par OLE En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : Le MBDHP échange avec la presse sur la problématique de la stigmatisation et des exécutions extra-judiciaires

    Avant d’écouter Mr Sanou, j’avais une opinion mitigée du travail de son organisation. Après le débat au grand journal de BF1, j’ai trouvé en lui un homme extrêmement pondéré, au fait de ses dossiers et inébranlable.
    Voyez-vous, l’on ne peut faire l’économie de la clairvoyance dans notre guerre contre le terrorisme. À la place des gouvernants actuels, je feliciterai le MBDHP pour son travail. C’est le respect des droits de chaque humain, donc le respect de la loi, qui fera la différence entre nous et les barbares qui nous attaquent. Ce n’est pas non plus une guerre propre que l’on recherche, si toutefois ce concept a un sens.
    Faire les choses avec un minimum de bavures est la ligne de fracture entre nous et les HANI, quels qu’ils soient.
    C’est pour cette raison que nous dépensons des ressources à former nos FDS. C’est vrai, la question des droits de l’homme est très instrumentalisée parfois à des fins de retorsions mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
    Et du reste, défendre les PRINCIPES a toujours été un travail ingrat et dangereux mais le MBDHP doit continuer à faire ce travail. Pour nous tous, car si nous décidons de fermer collectivement les yeux, nous sous exposons collectivement à l’arbitraire.
    Et n’oublier pas que l’arbitraire peut survenir pour de bonnes raisons mais contre vous et vos droits.
    Inutile de me demander d’aller au front ou de faire enrôler comme VDP. Vous pouvez le faire vous aussi :-)

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