Il est 9h ce jeudi 9 février 2023 lorsque nous arrivons au lieu de commerce de Judith Bonkoungou. Une louche en main, la vendeuse de porc au four remue la viande tout en gardant un œil sur Odile, son employée chargée de nettoyer les assiettes.

Après quelques minutes de patience, la jeune dame se dirige vers nous. Et la discussion est engagée. « Je vends la viande depuis cinq ans maintenant. Nous sommes quatre sœurs d’une même famille. C’est notre aînée qui a eu l’idée de faire ce commerce et nous l’avons accompagnée », a-t-elle fait savoir. Cette activité, dit-elle, « me permet de scolariser mes enfants et de prendre en charge ma famille ». A l’en croire, les clients apprécient beaucoup la viande.

Toutefois, relativise Judith Bonkoungou, les difficultés ne manquent pas dans son activité. « Les gens se moquent de nous. Certains même nous traitent de bandites parce qu’on on vend de la viande », regrette-t-elle.

Toujours au titre des difficultés rencontrées, la vendeuse de porc au four relève le manque de respect de certains clients. « Il y a des clients qui nous provoquent parfois. Ils commandent et veulent être livrés avant leur tour. Ils nous crient dessus et nous sommes obligées de nous excuser et de laisser passer », a-t-elle déploré.

Odile Bouda est inspirée par les vendeuses et souhaite leur emboîter le pas.

Le porc au four fait par les femmes attire non seulement des gourmets mais aussi des personnes qui viennent par curiosité. Odile Bouda travaille avec ces femmes depuis maintenant deux mois. Elle ne cache pas sa joie et surtout l’amour pour ce métier que ces dames lui inspirent.

« Je suis venue chercher du travail ici. Au début, je voulais seulement venir constater que ce sont réellement des femmes qui préparent et c’est après quelques jours passés ici que j’ai commencé à aimer le travail », a-t-elle confié.

Joseph (nom d’emprunt) est un client satisfait. « Je viens ici depuis plus de deux ans. Chaque fois que j’ai envie de manger du porc, c’est chez les femmes que je viens, parce qu’elles sont très propres et accueillantes », avoue-t-il.

Même si le goût de la viande paraît identique chez tous les vendeurs, les clients ne manquent pas de souligner la différence. « La viande est très bien cuite, les assiettes sont propres et les serveuses sont souriantes », déclare Thomas, un autre client qui attend impatiemment sa commande.

Les vendeuses de porc à Koudougou attirent beaucoup de clients grâce à leurs particularités. C’est pourquoi elles invitent les femmes à se battre et à ne négliger aucun travail, dans la mesure où cela préserve leur dignité.

Sakinatou ROAMBA
Lefaso.net