Commémorée le 15 février de chaque année, la journée mondiale de lutte contre le cancer infantile est l’occasion d’attirer le regard des populations et des décideurs sur cette pathologie qui touche de nombreux enfants dans le monde. Au Burkina Faso, les défis liés à la prise en charge des cancers infantiles sont nombreux.

Selon l’association Enfance sans cancer, les coûts de prise en charge sont très élevés et ne sont pas à la portée du Burkinabè moyen. A cela s’ajoute la difficulté de se procurer les médicaments. Pr Sonia Kaboret, cheffe de service de l’unité d’oncologie pédiatrique du CHU pédiatrique Charles de Gaulle, elle, pointe du doigt le diagnostic tardif.

Les journalistes présents à la conférence de presse

« Nous ne recevons pas les enfants de façon précoce. La majeure partie des patients que nous recevons viennent avec des cancers au stade avancé. Ce stade avancé nous donne des traitements lourds qui généralement ne donne pas de bons résultats. La deuxième difficulté, c’est que nous n’avons pas de médicaments. Nous recevons les médicaments de donateurs mais jusqu’à quand ? Quand nous avons des ruptures, les médicaments sont très chers dans les pharmacies. Nous donnons des ordonnances mais il faut reconnaître que ça revient très cher pour les parents. On manque aussi de personnel pour assurer la prise en charge », a-t-elle indiqué.

Cette conférence de presse a donc été l’occasion pour le président de l’association, Salam Ouédraogo d’interpeller le gouvernement sur la nécessité de rendre disponible les traitements, mais surtout de rendre gratuit la prise en charge des cancers infantiles quel que soit l’âge de l’enfant. « Le cancer est une maladie qui brise les familles, qui appauvrit les familles (...) Les enfants atteints de cancer qui ont plus de 5 ans n’ont pas droit à la gratuité. Pourtant, l’enfant doit rester en soin pendant 36 mois soit 3 ans. Imaginez sans prise en charge, comment c’est difficile. Nous demandons à l’Etat une prise en charge totale des enfants souffrant du cancer. Nous demandons à ce que les autorités travaillent à rendre les produits accessibles », a-t-il laissé entendre.

Salam Ouédraogo, président de l’association Enfance sans cancer appelle le gouvernement à octroyer la gratuité des soins à tous les enfants atteints de cancer

« Le cancer infantile est inévitable », Pr Sonia Kaboret

Pr Sonia Kaboret, cheffe d’oncologie pédiatrique au CHUP CDG a rappelé à cette conférence de presse que le cancer infantile est inévitable. Cependant, diagnostiqué tôt, il est tout à fait possible d’en guérir. C’est pourquoi, elle invite les parents à éviter l’automédication et à se rendre au centre de santé le plus proche quand l’enfant est malade. Selon Pr Kaboret, les cancers infantiles les plus fréquents sont le lymphome de Burkitt, la leucémie ou cancer du sang, la rétinoblastome ou cancer de l’œil et le néphroblastome ou cancer du rein.

Elle a souligné que de deux patients en 2009, année marquant le début de la prise en charge du cancer au CHU pédiatrique Charles de Gaulle, l’hôpital compte à ce jour 530 patients atteints de cancer. Outre le CHUP CDG, le CHU Yalgado Ouédraogo et le CHU Souro Sanou de Bobo-Dioulasso prennent aussi en charge des enfants atteints de cancer.

Pr Sonia Kaboret rappelle que le cancer infantile est inévitable

Née en février 2022, l’association Enfance sans cancer réunit en son sein, des parents d’enfants malades du cancer. Son objectif est de contribuer à la lutte contre la mortalité infantile liée aux cancers. De façon spécifique, il s’agit pour cette association, de promouvoir les droits à la santé des enfants, contribuer à l’accessibilité des produits cancéreux en milieu infantile, contribuer à faciliter la prise en charge des enfants malades de cancer, contribuer à rendre agréable le séjour prolongé du malade de cancer et ses accompagnants.

L’association plaide également pour la subvention des produits contre le cancer des enfants, travaille à mieux faire connaître le cancer des enfants et veut par ses actions, influencer les politiques nationales en faveur de la santé des enfants, des conditions de prise en charge de maladies cancéreuses au Burkina Faso. Elle s’est aussi fixée pour objectif de capitaliser, documenter et vulgariser les bonnes pratiques, les leçons apprises et autres formes de recherche sur le cancer des enfants. A l’occasion de la commémoration de la journée de lutte contre le cancer infantile qui se tient cette année sous le thème « Unir nos voix et agir », l’association a entrepris diverses actions comme la réalisation de capsules de sensibilisation, les formations au profit de ses membres.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net