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Insécurité dans le Centre-ouest du Burkina : « Si rien n’est fait, la commune de Dassa (Sanguié) va disparaitre », alerte l’ex maire François Bacyé

Accueil > Actualités > DOSSIERS > Attaques terroristes • Lefaso.net • lundi 6 février 2023 à 21h48min
Insécurité dans le Centre-ouest du Burkina : « Si rien n’est fait, la commune de Dassa (Sanguié)  va disparaitre », alerte l’ex maire François Bacyé

Après les attaques des 15, 20 et 25 décembre 2022, la commune de Dassa, précisément le village de Doh, a été encore victime de deux autres attaques les 26 et 30 janvier 2023, causant la mort de quatorze personnes, toutes des civiles. Voici entre autres la situation dépeinte par Zilma François Bacyé, l’ex maire de cette commune rurale située dans la province du Sanguié, région du Centre-ouest, lors d’une interview accordée à Lefaso.net, dans la soirée du samedi 4 février 2023.

Lefaso.net : Quel est à ce jour l’état des lieux à l’issue des attaques survenues les 15, 20 et 25 décembre 2022, dans la commune de Dassa ?

Zilma François Bacyé : Après les attaques des 15, 20 et 25 décembre 2022, la commune de Dassa, précisément le village de Doh, a été encore victime de deux autres attaques les 26 et 30 janvier 2023, causant la mort de quatorze personnes, toutes des civiles. Nous avons enregistré deux blessés graves qui ont été évacués dans la ville de Koudougou et de nombreux dégâts matériels.

Ils ont brûlé trois concessions, les greniers, le marché et les productions de coton. L’ensemble des attaques enregistrées ont occasionné en tout dix-sept morts. Sur les 22 000 habitants de la commune de Dassa, environ 20 000 ont fui la localité pour trouver refuge dans les villes de Réo et de Koudougou. Ce, après l’irruption récurrente des terroristes dans le village de Doh.

Les hommes armés ont tout ravagé de sorte qu’il n’y a quasiment plus d’unité économique dans la zone. Un commerçant qui s’est fait ligoter, a failli se faire égorger mais ses ravisseurs l’on relâché après lui avoir arraché son argent.

Quelles ont été les répercussions de ces attaques dans le quotidien des populations de Dassa ?

Cela a semé la psychose au sein des populations et engendré une ruée des habitants des villages de Nébia, Markio, Bachicorépoun et Divolet, vers la cité du cavalier rouge (Koudougou). À cela s’ajoute la fermeture des établissements scolaires du fait des actes terroristes. Ce sont aujourd’hui, plus de 600 élèves en classe de CM2 qui voient ainsi leurs études être hypothéquées sans oublier ceux des autres classes et des élèves accueillis de par le passé, en provenance de Gossina, localité située dans la province du Nayala (région de la Boucle du Mouhoun).

Dans quelles conditions vivent-ils désormais face à cette crise sécuritaire ?

Quelques personnes ont pu se faire loger, notamment par l’ex maire de Réo et la Mission catholique. D’autres ont quant à elles, eu les moyens de louer des maisons pour une courte durée. Cependant, la durée risque de se prolonger au regard de la situation sécuritaire qui s’empire dans la zone. D’autant plus que ce sont les hommes armés qui dictent leur loi en ce moment. On cherche des moyens pour loger les personnes déplacées mais cela s’avère très difficile.

Car même si de bonnes volontés sont disposées à les héberger, le manque d’infrastructures pose problème
Il n’y a pas de structures humanitaires qui viennent en aide aux PDI pour l’instant mais il y a l’action sociale qui collecte les dons des bonnes volontés à leur profit. Toutes les écoles sont fermées à ce jour à Dassa. Les trois Centres de santé de promotion sociale ne sont pas en reste. Depuis le 11 décembre, l’administration a cessé de fonctionner, il n’a plus de services de l’État à Dassa.

Quelle est votre cri du cœur ?

Notre cri du cœur est qu’après cette énième alerte, l’État puisse prendre ses responsabilités en apportant une lueur d’espoir aux populations de la province du Sanguié à travers une réponse efficace au problème sécuritaire dans la région. Nous ne pouvons pas comprendre que nous fassions partie de la République et jusqu’à ce jour rien n’ait été fait pour apporter la quiétude aux habitants.

Malgré la formation et l’installation des VDP à Dassa, ces derniers ont replié dès les premières alertes qu’ils ont reçu de l’arrivée d’hommes armés. Nous ne comprenons pas que notre commune soit en train de disparaître sans que nous ne bénéficiions d’une assistance de notre armée. La commune de Dassa est devenue aujourd’hui un champ acquis pour les hommes armés.

Bien que nous ayons mis en place un comité de crise pour soulager un tant soit peu la souffrance des uns et des autres, force est de constater que nos ressources sont limitées pour faire face à la crise.

Propos recueillis par Hamed NANEMA
Lefaso.net
NB : Photo d’archive

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