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Culture : A la découverte du Tianhoun, un instrument de musique atypique chez les Bwaba

Publié le mercredi 1er février 2023 à 22h20min

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Culture : A la découverte du Tianhoun, un instrument de musique atypique chez les Bwaba

Le Tianhoun est un instrument de musique typiquement bwa/bwaba. Confectionné en tiges de pailles, il a un son proche du balafon. Cet instrument qui fait la fierté de la culture bwa est malheureusement en voie de disparition, à en croire Blaise Loyara qui tente de lutter pour sa survivance. Ainsi, à travers son festival dénommé « Festival Tianhoun », dont la première édition a eu lieu en décembre 2022, Blaise Loyara entend faire la promotion de cet instrument « mystique » chez les Bwaba.

Avant il suffisait d’observer une personne ou un peuple à travers son habillement, ses repas ou encore les divers objets qui ornent sa maison pour trouver des signes révélateurs de sa culture. Notre identité était façonnée par nos traditions et nos points de vue culturels. Ainsi, le peuple bwa se caractérisait, entre autres, par une culture et des traditions riches de marques. Sur le plan musical, parmi les éléments qui le démarquaient des autres peuples, il y a le Tianhoun, un instrument de musique atypique. Selon des sources, cet instrument viendrait d’une famille qui lui aurait donné son patronyme. « Il semblerait que c’est l’un des grands-pères de la famille Tianhoun qui s’est vu confié cet instrument par des génies dans la brousse. Et il sera adopté par la suite par les autres familles bwaba », a expliqué Blaise Loyara.

Selon lui, le Tianhoun est un instrument typiquement bwa confectionné en tiges de pailles tissées entre elles par du fil. Ces tiges sont ensuite déchirées pour obtenir des lames ; lesquelles sont bandées en leur milieu par des lacets de néré. Chaque corde possède à son extrémité une réglette qui permet de l’accorder. Le Tianhoun comporte onze ou vingt-deux cordes. Tous les sons produits par le Tianhoun sont obtenus uniquement par les deux pouces. Le pouce droit joue les aigües et fait le solo, pendant que la gauche joue les basses. Une combinaison bien harmonisée entre la gauche et la droite produit un accompagnement mélodieux.

Selon Blaise Loyara, le Tianhoun est un instrument de distraction qui, de par le passé, servait à faire de l’ambiance

« Le Tianhoun est un instrument de distraction qui, de par le passé, servait à faire de l’ambiance. Avant on se servait du Tianhoun pour courtiser les jeunes filles. Il est joué généralement lorsqu’il y a de l’ambiance pour apporter de la joie. Il n’est jamais joué lors des funérailles », a expliqué Blaise Loyara. A l’en croire, le Tianhoun est joué uniquement que par des hommes. Il est donc formellement interdit aux femmes d’y jouer. Ce, au regard de son caractère mystique dont notre interlocuteur ne pourra pas nous en dire plus.

Aujourd’hui, il serait difficile de parler du Tianhoun sans parler de l’artiste musicien Bakary Dembélé, qui est l’un des virtuoses de cet instrument avec lequel il compose toutes ses chansons. En effet, la renommée de Bakary Dembélé va de pair avec le Tianhoun, son inséparable instrument de musique. C’est grâce aux sonorités et rythmes du Tianhoun, son instrument de prédilection à la fois capricieux et mystique, qu’il a marqué l’histoire de la musique du Burkina Faso.

Le Tianhoun, un instrument en voie de disparition

Si auparavant cet instrument faisait la fierté de la culture bwa, force est de constater qu’il est en voie de disparition. En effet, peu de gens en pays bwa semblent s’intéresser à cet instrument et à plus forte raison s’adonner à l’exercice de le jouer. « Aujourd’hui le constat est amère. L’instrument est en voie de disparition. Nous avons constaté que peu de jeunes jouent encore cet instrument », a déploré Blaise Loyara qui estime que la meilleure façon de préserver sa culture est de la garder en vie. C’est pourquoi il a décidé d’organiser le « Festival Tianhoun », en vue de sauvegarder et de promouvoir ce patrimoine culturel bwa.

« J’ai initié ce festival dans le but de rapprocher cet instrument de la jeunesse, pour qu’on puisse le préserver ensemble. Je veux leur faire découvrir ou redécouvrir leur culture afin de mieux la préserver. Cet instrument fait partie de notre culture et nous ne devons pas le laisser disparaître », prévient-il. Pour lui, il n’est pas question que le Tianhoun disparaisse. C’est pourquoi il veut se donner les moyens afin de pousser les jeunes à s’intéresser à cet instrument. Ce, à travers ce festival dont la première édition a eu lieu les 15 et 16 décembre 2022 à Bobo-Dioulasso.

Blaise Loyara déplore le fait que les jeunes ne s’intéressent plus à jouer au Tianhoun

Cette première édition a pu réunir ainsi cinq joueurs du Tianhoun venus de divers horizons qui, selon le promoteur, ont livré « un grand show » au public. « Et cela a plu à la communauté bwaba », s’est-il réjoui. La situation nationale du Burkina Faso a obligé cette édition à se pencher sur la contribution du Tianhoun dans la recherche de la paix et la cohésion sociale. Car le promoteur reste convaincu que le Tianhoun peut apporter sa contribution. « C’est un instrument qui rassemble et nous voulons rassembler les gens et leur apporter un peu de joie. Nous avons voulu travailler à un apaisement des cœurs parce que le climat actuel n’est pas favorable », a-t-il souligné.

C’est l’artiste musicien Bakary Dembélé qui fut le directeur technique de ce festival qui, pour des raisons de calendrier, n’a pas pu être présent à cette première édition. « Rien du festival n’a été fait sans son consentement. Il a participé à l’organisation du festival, mais malheureusement le jour de l’évènement il avait une autre activité à Ouagadougou donc il n’a pas pu y prendre part », a-t-il dit. Pour ce premier festival, les difficultés n’ont pas manquées. A en croire Blaise Loyara, ces difficultés étaient plus liées à la question financière car, dit-il, il fallait vraiment les grands moyens. Qu’à cela ne tienne, l’évènement a pu se tenir avec les moyens de bord.

Son ambition aujourd’hui, c’est de rendre ce festival pérenne. Pour cela, il s’attèle dès à présent pour l’organisation de la deuxième édition qui est prévue en décembre 2023. Pour la réussite de cette édition, Blaise Loyara sait compter sur les bonnes volontés soucieuses de préserver la culture bwa. Ce, à travers cet instrument de musique.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 février 2023 à 08:33, par Stalinsky En réponse à : Culture : A la découverte du Tianhoun, un instrument de musique atypique chez les Bwaba

    Au lieu de pleurnicher que la jeunesse ne s’intéresse pas au Tianhoun, vous ferez mieux de chercher à breveter cet instrument de musque à l’OAPI avant qu’un Européen ou un autre Africain ne dise que c’est leur propriété ou chercher à reproduire cet instrument avec d’autres matériaux. Il faut en outre introduire cet instrument dans ceux des orchestres modernes. Il faut être intelligent maintenant.

  • Le 2 février 2023 à 18:27, par Dykoutassou En réponse à : Culture : A la découverte du Tianhoun, un instrument de musique atypique chez les Bwaba

    Monsieur Loyara, bien avant Bakary Dembélé, il y a eu l’inegalable Samboué Jean Bernard qui a fait connaître cet instrument qu’est le Tiahoun. Paix à son âme. On ne peut donc traiter de ce sujet en l’occultant. Il est possible que vous soyez né après lui, mais quand on se lance dans un tel travail surtout de culture, il est nécessaire de faire une large revue de la littérature afin de savoir ce qui a été fait avant. Il suffisait de voir Kaboré Oger, l’ami de feu Samboué Jean Bernard qui est toujours en vie et qui l’accompagnait à la guitare moderne pendant qu’il jouait au Tiahoun. Plus tard, certaines chansons de Samboué Jean Bernard jouées au Tiahoun telles Dalé, Tanti, ont été reprises par l’orchestre moderne de Tall Muntaga.

    Toutes mes excuses si je vous ai mal lu. Par ailleurs, sachez que j’aime beaucoup la musique de Bakary Dembélé ainsi que sa maîtrise du Tiahoun. Bonne suite dans votre travail.

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