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Burkina Faso : « Le ministère de l’Energie et des mines se meurt », selon le Syndicat national des travailleurs des mines et de l’énergie

Publié le jeudi 19 janvier 2023 à 22h25min

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Burkina Faso : « Le ministère de l’Energie et des mines se meurt », selon le Syndicat national des travailleurs des mines et de l’énergie

Le Syndicat national des travailleurs des mines et de l’énergie (SYNATRAME) a animé ce jeudi 19 janvier 2023 à la Bourse du travail de Ouagadougou, une conférence de presse. Objectif : informer l’opinion publique des manquements au sein du ministère de l’Énergie, des mines et des carrières et qui porteraient préjudice à l’économie du pays.

« Le ministère de l’Énergie, des mines et des carrières se meurt et le pays avec ». C’est du moins le constat dressé par le Syndicat national des travailleurs des mines et de l’énergie (SYNATRAME).

Après être revenu sur les performances du secteur des mines et ce qu’il rapporte au pays et aux collectivités territoriales, le syndicat a dépeint les difficultés du secteur. Il s’agit, citent-ils, de l’insécurité qui limite les sorties des agents sur le terrain, de la mauvaise gestion institutionnelle, de la gestion financière et matérielle défaillante et de la mauvaise gestion de la ressource humaine.

Malgré ces difficultés et insuffisances, le secrétaire général du syndicat, Augustin Sebgo, assure que le personnel reste engagé à défendre les intérêts du pays par sa contribution personnelle. Ainsi, les travailleurs utilisent des équipements de protection individuels personnels pour assurer leurs missions, réalisent certaines missions sur préfinancement personnel, utilisent des moyens roulants personnels pour des missions internes, etc.

Selon le secrétaire général du SYNATRAME, le ministère ne dispose pas de ressources humaines qualifiées et en nombre à même de contrôler et surveiller efficacement les sociétés minières. « Le Burkina Faso enregistre de nos jours quatorze mines industrielles en production, cinq mines en construction, 19 mines semi-mécanisées, 437 permis de recherche avec plus d’une vingtaine de projets avancés. Comment voulez-vous contrôler et surveiller efficacement un secteur aussi technique que dynamique comme celui des mines et de l’énergie dont la plupart des sociétés disposent d’une ressource humaine hautement qualifiée, si vous n’avez pas toutes les compétences requises ? Ainsi vous êtes souvent obligés de prendre pour argent comptant les déclarations et les informations fournies par ces sociétés. Qu’elles vous bernent ou vous trompent, vous ne pouvez pas le savoir parce que vous n’avez pas toutes les compétences et les outils d’une contre-expertise. En plus de cela, le temps accordé pour les missions de suivi-contrôle et de constatation ne permet pas de les exécuter convenablement », a martelé le secrétaire général.

Augustin Sebgo, secrétaire général du SYNATRAME souhaite une présence permanente des agents sur le terrain pour le suivi-contrôle des mines en production

Et d’ajouter que des pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali ou l’Afrique du Sud mettent un point d’honneur à renforcer les capacités de leurs agents à travers des formations de pointe et des stages de perfectionnement, ce qui n’est pas le cas du Burkina Faso. Les agents sont obligés de se former par leurs propres moyens, selon le secrétaire général.

« Pour toutes ces raisons et bien d’autres, nous informons l’opinion nationale et internationale que nous, personnel de l’administration centrale des mines et de l’énergie, n’allons plus continuer dans cette cabale, dans cette logique. Désormais, le personnel se donne le droit de mener des actions pour demander le changement, parce que le ministère de l’Energie, des mines et des carrières n’est pas la propriété d’un individu, c’est aussi notre bien à tous et nous voulons que ce bien se porte à merveille pour le bonheur du peuple burkinabè. Le devoir historique nous interpelle et nous allons répondre », a laissé entendre Augustin Sebgo.

C’est aussi dans le but d’apporter sa contribution à la bonne marche du ministère que le syndicat a, au cours de cette conférence de presse, fait des propositions de solutions pour remédier aux difficultés et insuffisances.

Propositions de solutions

Ainsi, le SYNATRAME suggère entre autres de rendre effective la présence permanente des agents sur les mines industrielles pour le suivi de la production, la collecte des données et pour s’assurer du respect de la règlementation. Il propose de renforcer l’ancrage institutionnel du ministère en stoppant les fusions et scissions à répétition, d’inciter et encourager les investisseurs nationaux à s’intéresser aux exploitations minières industrielles et énergétiques.

La conférence de presse avait des allures d’assemblée générale avec la présence de nombreux membres du SYNATRAME

Le syndicat recommande également de mettre en place un fonds d’intervention permanent, de doter les structures techniques en moyens roulants et équipements pour l’exécution des missions de contrôle-suivi et d’inspection des activités minières et énergétiques, de créer une fonction publique minière et énergétique adaptée aux exigences du secteur, d’affecter les profils adaptés dans les directions techniques, etc.

Et pour finir, le syndicat exige l’assermentation du personnel chargé du suivi-contrôle des activités énergétiques, minières et des carrières, la mise en place d’un plan de financement conséquent pour le ministère, le recrutement d’un personnel technique qualifié pour renforcer les structures, l’accélération de la création d’une raffinerie de métaux au Burkina Faso, etc.

Le syndicat recommande également des assises nationales pour repenser la gouvernance minière et énergétique et exige la présence permanente et rotative des agents du ministère dans les mines en production.

A en croire le secrétaire général du SYNATRAME, cette conférence de presse était l’occasion d’exprimer leur ras-le-bol. Et si leur message n’est pas entendu, le syndicat se réserve le droit de mener des actions sur le terrain pour faire changer les choses.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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