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Promotion de la restauration burkinabè : « Les défis sont énormes parce que nous amorçons la gastronomie au niveau du Burkina »

Publié le mercredi 18 janvier 2023 à 23h15min

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Promotion de la restauration burkinabè : « Les défis sont énormes parce que nous amorçons la gastronomie au niveau du Burkina »

Afin de formaliser le secteur et de hisser les couleurs du Burkina Faso en matière de restauration, les acteurs ont porté sur les fonts baptismaux l’Association des chefs et cuisiniers du Burkina Faso (ACC-BF). Le lancement officiel des activités a été effectué à l’occasion de leur assemblée générale constitutive tenue le 14 janvier 2023 à Loumbila (région du Plateau central). Pour connaître les objectifs, le programme d’activités et autres chantiers de l’association, Lefaso.net est allé à la rencontre de son président, Benjamin Lucien Compaoré, maître restaurateur et promoteur d’une entreprise de restauration dénommée « Buffalo Grill ». Routier dans le domaine, l’homme est un ex-comptable reconverti à la restauration et a plus de deux décennies d’expérience dans le domaine et est aussi à l’initiative de cette association. Lisez plutôt !

Lefaso.net : D’où est venue de cette initiative de créer une association des chefs et cuisiniers du Burkina Faso (ACC-BF) ?

Benjamin Lucien Compaoré : C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis des années et comment on aime à le dire, l’occasion faisant le larron, j’ai été à Accra (Ghana) en novembre 2022 pour le festival ouest-africain pour la gastronomie et j’ai vu l’organisation de ce pays en terme de gastronomie et cela manque à notre pays. J’ai aussi remarqué dans les autres pays africains qu’ils sont dotés d’organisations qui régissent leur domaine de cuisine et étant du métier depuis plusieurs années, j’ai remarqué qu’au niveau du Burkina, nous n’avons pas une telle structuration. C’est-à-dire, on a des talents en matière de cuisine, mais qui n’ont aucun bagage intellectuel qui accompagne cela.

Du coup, ils ne sont pas compétitifs sur le plan international et nous cherchons à faire la promotion des produits du terroir, des produits locaux, mais malheureusement, ces produits ne peuvent pas être vendables, tant qu’on n’arrive pas à les perfectionner et les moderniser pour les mettre sur le marché international. Donc, je dirai que ni nos personnes, ni nos produits ne sont compétitifs sur le plan international.

C’est pourquoi, cette association des chefs et cuisiniers du Burkina Faso (ACC-BF) a été créée afin de répondre à ce besoin. Nous sommes une association école au sein de laquelle, ceux qui sont déjà en fonction continueront de bénéficier de formation, de recyclage et de perfectionnement. Ceux-là qui embrassent le métier doivent être encadrés de manière minutieuse et judicieuse pour être une bonne relève à ce qui existe déjà et ceux qui sont en train d’arriver pourront bénéficier également des meilleures formations qu’il y a en la matière.

Combien de membres compte-t-il votre bureau et que comptez-vous faire ?

Officiellement, l’association a été créée le 14 janvier 2023 lors d’une assemblée générale tenue à cet effet. Parlant du bureau, c’est une équipe de 19 membres, dont 7 femmes, qui a été élue pour un mandat de cinq ans. A côté de ce bureau, nous avons un conseil d’administration. L’association compte 167 membres composés de chefs cuisiniers, des seconds de cuisine, des chefs de partie, des chefs artisans pâtissiers, des chefs artisans chocolatiers, des bouchers charcutiers, des confiseurs et autres.

Quelles sont alors les activités déjà en vue ?

Il faut dire que le lancement officiel de nos activités fait acte également de notre adhésion officiel au World association of chiefs societies, de Africa chefs alliance (ACA) et de Africa gastronomique association (AGA) (WACS). Et comme première activité, c’est la participation de l’ACC-BF à la coupe du monde d’art culinaire qui se tiendra du 10 au 12 février 2023 en Tunisie à laquelle, nous avons été invités. En plus de cette activité, il est également prévu la mise en place d’une école de pratique où les personnes en exercice peuvent continuer de se perfectionner et ceux qui sont en train d’arriver pourront bénéficier de meilleures formations.

Benjamin Lucien Compaoré, président de l’association des chefs et cuisiniers du Burkina Faso

Quels sont les objectifs visés par cette association ?

Notre association vise en premier lieu à faire la promotion des acteurs de la cuisine burkinabè et la cuisine elle-même, mais en mettant l’accent sur la formation professionnelle et qualitative de ces personnes. C’est pourquoi, nous avons approché des institutions pour pouvoir formaliser le secteur de la cuisine et certifier les personnes qui y travaillent, et éventuellement à avoir une cuisine normalisée selon les normes internationales de cuisine. L’association a pour but également d’arriver à baliser et assainir le milieu, parce que c’est un métier noble et il faut qu’il soit respecté.

En plus du manque d’organisation dans le secteur que vous évoquez, quels sont les autres défis majeurs en la matière ?

Il faut dire que les défis sont énormes, parce que nous amorçons la gastronomie au niveau du Burkina. Parce que, c’est vraiment un domaine complexe. C’est une partie de l’alimentation, mais elle est complexe en ce sens que ce sont des analyses et des études qu’il faut faire pour agrémenter ce que nous consommons selon les personnes. C’est l’art en réalité de faire vivre le corps humain. Mais il ne faut pas s’alarmer, parce que, les gens commencent à comprendre l’importance du secteur dans l’économie nationale et dans la promotion des couleurs du pays à l’international.

L’autre défi, c’est également celui de la présentation de nos mets dans le domaine de la restauration, parce que, l’idée n’était pas venue aux Burkinabè de valoriser réellement ces mets-là. Quand je dis valoriser, il ne suffit pas de dire que les produits sont bons. Il faut justifier et dire pourquoi ce produit est bon et ce qu’il apporte au corps que les autres produits n’apportent pas et à travers des analyses nutritionnelles. Mais malheureusement, nous avons des mets que nous présentons de manière brute, alors la présentation y est pour quelque chose. Ce sont, entre autres, des choses sur lesquelles, nous devons beaucoup travailler.

Votre dernier mot ?

Ce que je peux dire, c’est d’inviter les cuisiniers confirmés du Burkina, amateurs et profanes à adhérer à notre association et inviter les différents annonceurs et promoteurs des industries agro-alimentaires du Burkina à accompagner cette association pour qu’elle atteigne les objectifs qu’elle s’est fixée et à faire la promotion du Burkina à l’extérieur. On a aussi besoin qu’on voie le Burkina autrement qu’un pays en guerre et il faudra que les gens sachent que hors mis ce qu’on vit, il y a de bonnes choses qui se passent bien.

Interview réalisée par Yvette Zongo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2023 à 16:10, par zemosse En réponse à : Promotion de la restauration burkinabè : « Les défis sont énormes parce que nous amorçons la gastronomie au niveau du Burkina »

    Félicitation. Battez vous pour la promotion des mets Burkinabè. Battez vous pour la livraison a domicile, ça va marcher, sûr. Bon vent à votre association.

    • Le 19 janvier 2023 à 09:07, par kwiliga En réponse à : Promotion de la restauration burkinabè : « Les défis sont énormes parce que nous amorçons la gastronomie au niveau du Burkina »

      Bonjour zemosse,
      Vous écrivez : "Battez vous pour la livraison a domicile,...", ben oui, parce que d’un coté, on déteste les blancs, mais par ailleurs, on veut tout faire pour leur ressembler.
      Concernant l’article, "la gastronomie au niveau du Burkina... C’est l’art en réalité de faire vivre le corps humain", alors qu’en effectuant un minimum de recherches, on apprend que : "Pour être classé gastronomique, un restaurant doit proposer une cuisine recherchée, tout en possédant une cave comprenant de grandes références. Le cadre est censé être agréable et disposer d’une identité spécifique. Le service et l’accueil se doivent d’être à l’écoute des convives."
      Faire vivre le corps humain, au Faso, c’est donc le problème du PAM (à condition qu’on les laisse travailler).
      Ce qui est proposé ici, c’est le luxe, seulement réservé à quelques élites du Ouagaland.
      Il est expliqué ensuite, qu’avec son association, Monsieur Compaoré entend "L’association a pour but également d’arriver à baliser et assainir le milieu,", mais de quel droit, quelle prétention Monsieur Compaoré aurait-il à "assainir le milieu" ? Va-t-il interdire à ma voisine de vendre son poisson devant sa porte ? Va-t-il juger que le riz soumbala de ma cousine, n’est pas suffisamment gastronomique ?
      Pour conclure, ce qui est indiqué en introduction, m’interpelle fortement : "Benjamin Lucien Compaoré, maître restaurateur et promoteur d’une entreprise de restauration dénommée «  Buffalo Grill »
      Hors, force est de rappeler que : "Buffalo Grill est une chaîne de restauration française spécialisée dans les grillades de viande et ayant pour thème l’Amérique.
      L’enseigne compte, en août 2018, 360 restaurants, dont 94 en franchise, avec plus de 7 500 collaborateurs dans trois pays : la France, l’Espagne et la Suisse."

      Monsieur Compaoré, êtes-vous franchisé à cette enseigne française ? Dans le cas contraire, faites pour le moins l’effort de ne pas imiter bêtement, soyez créatif, au minimum sur la dénomination, quant à la gastronomie, même si j’estime qu’elle est loin de nos priorités, je vous souhaite beaucoup de courage.

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