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Burkina : Le MBDHP appelle les autorités à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires

Publié le mercredi 4 janvier 2023 à 20h30min

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Burkina : Le MBDHP appelle les autorités à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires

Dans cette déclaration, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) condamne les tueries survenues dans les secteurs 4 et 6 de la ville de Nouna le 31 décembre 2022.
L’organisation rappelle que ces tueries viennent s’ajouter à d’autres intervenues dans plusieurs localités du pays. Des tueries qui ont pris un caractère ethnique selon le MBDHP et ont "davantage fragilisé le tissu social, plongeant le Burkina dans les affres d’une guerre civile dont les ravages sont perceptibles dans nombre de localités du pays".

Ci-dessous l’intégralité de la déclaration.

Lefaso.net

Déclaration du Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) sur les tueries survenues à Nouna à la suite d’une attaque terroriste visant le QG des donsos, la confrérie des chasseurs traditionnels mandingues.

Dans la nuit du 29 au 30 décembre 2022, le quartier-général (QG) de la confrérie des dozos de Nouna a subi une attaque terroriste. Selon les informations recueillies par le MBDHP, l’attaque n’a heureusement causé aucune perte en vie humaine mais a engendré des dégâts matériels.

A la suite de cette attaque, des personnes identifiées par des témoins comme étant des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) de Nouna, ont mené nuitamment des opérations de représailles dans les secteurs 4 et 6 de la ville, majoritairement habités par des membres de la communauté peulh. Ces représailles ont duré plusieurs heures sans que les FDS et autres autorités locales n’interviennent pour protéger les personnes ciblées, abandonnées à leurs bourreaux. De sources officielles, ces opérations ont coûté la vie à vingt-huit (28) personnes, pour la plupart tuées par balles.

Le MBDHP condamne fermement l’attaque subie par le QG de la confrérie des Dozos, ainsi que les tueries ciblées qui s’en sont suivies. Il présente ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés de ces graves évènements.
Une fois de plus, notre pays et son peuple sont endeuillés par des actes effroyables, dignes de films d’horreur et qui traduisent l’inhumanité de leurs commanditaires et auteurs.

Les premiers éléments recueillis suite aux tueries de Nouna indiquent que les suppliciés ont été froidement abattus chez eux parce que soupçonnés, sans éléments de preuve tangibles, d’être de mèche avec des groupes armés terroristes.
Ces tueries rappellent celles de Yirgou, Arbinda, Kain-Ouro, Barga, Nagaré, Natiembouri, Foutouri, Kelbo, Kantari, Nadiaboanli, Dablo, Gondékoubé, Zimtenga, Salmossi, Ouragou-Boungou, Hallalé, Nagraogo, Alamou, Koumbia, Ouahigouya, Loropéni et de bien d’autres localités et qui n’ont hélas connues aucune poursuite véritable.

En réalité, ces tueries aveugles et autres exécutions sommaires et extrajudiciaires ont contribué à plonger notre pays dans un cycle infernal de violences. Au fil des années, ces violences ont pris un caractère ethnique et ont davantage fragilisé le tissu social, plongeant le Burkina dans les affres d’une guerre civile dont les ravages sont perceptibles dans nombre de localités du pays.

Le MBDHP et bien d’autres organisations de droits humains n’ont eu de cesse d’interpeller les régimes politiques successifs de notre pays (MPP, MPSR-1, MPSR-2) sur le caractère contreproductif, inutile et dangereux des exécutions sommaires et extrajudiciaires ainsi que des disparitions forcées et autres arrestations et détentions arbitraires.

Malgré les incessants appels à la mesure, au bon sens et au discernement dans la lutte contre le terrorisme, les abus évoqués plus haut ont connu une hausse inquiétante depuis le mois d’octobre 2022. Plusieurs dizaines de cas d’enlèvements suivis d’exécutions ou de disparitions forcées ont été signalés au MBDHP et notifiés aux autorités politiques et judiciaires.

Au cours de ces dernières années, plus d’une centaine de saisines et de plaintes de victimes et de leurs ayant-droits ont été déposées au pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme, au tribunal militaire de Ouagadougou et devant bon nombre de tribunaux de grande instance comme ceux de Banfora, Boromo, Dédougou, Gaoua, Ouahigouya, Fada-N’Gourma, Tenkodogo, Dori et bien d’autres.

Pour l’essentiel, les nombreuses plaintes et actions judiciaires introduites ne semblent pas avoir beaucoup évolué, renforçant ainsi le sentiment d’une garantie d’impunité tacite offerte aux commanditaires et exécutants de ces exactions et tueries.
Face à cette situation, le MBDHP interpelle les autorités sur leur obligation d’assurer la sécurité de tous les citoyens sans discriminations notamment basées sur l’origine ethnique ou l’appartenance à une confession religieuse.

Le Mouvement les appelle, une fois de plus, à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires ainsi qu’aux disparitions forcées qui ont largement contribué à dégrader la situation sécuritaire dans notre pays.

Le Mouvement appelle également les autorités judiciaires à assumer pleinement leurs responsabilités pour la sauvegarde des libertés individuelles et collectives au Burkina Faso. Il les invite à agir avec courage pour donner une suite appropriée aux plaintes pour violations et atteintes aux droits humains signalées dans leurs ressorts respectifs.

Enfin, le MBDHP appelle ses militants et militantes à s’organiser aux côtés des autres couches sociales de notre pays afin de revendiquer le droit à la sécurité pour tous les Burkinabè, des villes comme des campagnes et pour dénoncer les exécutions sommaires, extrajudiciaires et les disparitions forcées qui constituent des facteurs d’aggravation de la situation sécuritaire dans notre pays. Notre Mouvement demeure convaincu que seule l’unité populaire autour du droit à la sécurité pourrait contribuer à venir à bout des forces du mal qui endeuillent quasi-quotidiennement nos populations des villes et campagnes.

Non au terrorisme !
Non aux exécutions sommaires, extrajudiciaires et aux disparitions forcées !
Ensemble, renforçons l’unité populaire contre le terrorisme !

Fait à Ouagadougou le 04 janvier 2023
Le Comité exécutif national

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Vos commentaires

  • Le 5 janvier 2023 à 00:38, par Cocorrico En réponse à : Burkina : Le MBDHP appelle les autorités à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires

    Mettez des camera video dans chaque cour et dans les voies public. Ca va reoudre ce probleme.

  • Le 5 janvier 2023 à 08:46, par Leduc En réponse à : Burkina : Le MBDHP appelle les autorités à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires

    Force et courage aux acteurs du MBDHP. Vous ne devez jamais vous taire devant de telles derives. Ceux qui sont suffisamment matures se sentiront interpellés. Concernant les autres, les ignorants, ils finiront par reconnaître vos mérites s ils refusent de tenir compte de vos interpellations, peut-être tardivement mais assurément.

    Nous devons tous savoir que, malgré leur honnêteté et leur bonne foi, si une ou plusieurs personnes sont acculées jusqu’à un certain niveau, elles réagiront pour leur survie. C est humain et imparable. Alors nous avons toujours la possibilité de changer les choses et éviter que ça soit tard. Pour cela, nous devons nécessairement faire la part des choses. C est toujours très difficile à supporter lorsqu on est victime directe des actes terroristes, mais nous devons nous rappeler qu il n y a pas une seule communauté au Burkina qui soit terroriste. Il y a plutôt certains membres de bon nombre de ces communautés qui sont soient terroristes, soient complices des terroristes. Faisons donc le discernement afin de profiter de la contribution de tous les citoyens honnêtes.

    Évitons la stigmatisation ethnique. Elle est un poison qui aveugle et prépare ainsi un désastre. Parmi les terroristes il y a visiblement des peuls, aussi des mossis, des bobos, des gourmatchés et bien d’autres. Mais tous les peuls, tous les mossis, tous les bobos, tous les gourmatchés ne sont pas des terroristes. Faisons toujours cette distinction.

  • Le 6 janvier 2023 à 10:34, par Yacouba l’Africain En réponse à : Burkina : Le MBDHP appelle les autorités à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires

    Chers compatriotes, ne nous trompons pas d’ennemis. Les terroristes recrutent dans les communautés locales et donc parmi les Burkinabè quelque soit leur ethnie. En fonction des caractéristiques et faiblesses préexistantes dans une zone donnée ce sera dans un groupe ethnique particulier que dans d’autres. Dans le Faso auquel nous aspirons tous, aucun Burkinabè n’a le droit de se faire justice soi même quelque que soit la raison. Et si jamais une telle situation se produit cela doit être traité par les plus hautes autorités y compris les autorités judiciaires avec toute la rigueur qui sied. La violence engendre toujours la violence et créé un cercle vicieux dans le lequel il est difficile de sortir. Seule la Justice nous permettra d’asseoir un Burkina Faso libre et prospère. L’impunité ne doit pas être sélectivement approuvée ni la justice sélectivement administrée. Les Peulhs Burkinabè ou les Peulhs étrangers vivants au Burkina Faso ont droit à la protection de l’Etat comme tout Burkinabè d’une autre ethnie. Les Peulhs ne sont pas des terroristes mais il ya des terroristes qui sont Peulhs. Les Mossis ne sont pas des terroristes mais il ya des terroristes qui sont Mossis. Les Gourmatchés ne sont pas terroristes mais il ya des terroristes qui sont Gourmatchés. Et j’en passe...
    Ne nous trompons pas d’ennemis et ne tombons pas dans le piège dans lequel voulaient nous emmener certaines puissances étrangères.
    Dieu Bénisse le Burkina Faso.
    La Patrie ou la Mort nous Vaincrons.

  • Le 6 janvier 2023 à 11:01, par Sacksida En réponse à : Burkina : Le MBDHP appelle les autorités à agir pour mettre un terme aux exécutions sommaires et extrajudiciaires

    C’est clair que le MBDHP joue son role de garantie des Droits de l’Homme ; mais ce qui est Incomprehensible, c’est quand des Autorites actuelles utilisent des Drones pour surveiller ou intimider des Citoyens Burkinabe et Honnetes ; au lieu de les Utliser dans le Cadre de la Lutte contre le terrorisme et le grand Banditisme desastreux. Ensuite, s’il y’avait des Drones dans chaque grand camp militaires tels Dedougou, l’on pourrait identifier la nature des menaces ou des hommes armes..Sinon l’on a l’impression que des discours font plus de places que les operations techniques et technologiques dans la lutte contre le terrorisme et le grand Banditisme desastreux. Donnez, des moyens consequents et adequats aux services et aux hommes pour faire face aux problemes securitaire desastreuse. Salut
    .

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