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Ukraine : Ioutchenko dans la nasse

Publié le vendredi 13 janvier 2006 à 07h42min

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Le mythe de la « révolution orange » s’effondre en Ukraine. Mardi dernier, le Parlement, la « Rada Suprême » a destitué le gouvernement de victor Iouchtenko. Ipso facto, ce dernier se retrouve dans une situation inconfortable. Désemparé, il crie à la « déstabilisation ».

C’est un rude coup porté à la politique du président Victor Iouchtchenko, à moins de trois mois des élections législatives. La tête pensante de ce camouflet n’est autre que l’opposante Ioulia Timochenko. Dans ses déclarations fracassantes, elle disait vouloir la tête du ministre ukrainien de l’Energie, Ivan Platchkov, ainsi que celle du chef de la compagnie publique Naftogaz, Oleksiy Ivtchenko.

L’ancien Premier ministre, en froid avec le pouvoir depuis son éviction au mois de septembre dernier, aura finalement presque eu celle du gouvernement tout entier ! C’est en effet sous son impulsion que 250 députés sur 450 ont voté la motion de censure destituant Iouri Ekhanourov. Pour obtenir la majorité, Ioulia Timochenko a pu compter sur toutes les forces de l’actuelle opposition : des Communistes en passant par le Parti social démocratique uni, mais aussi sur Victor Ianoukovitch, l’adversaire pro-russe de Victor Iouchtchenko lors de l’élection présidentielle de 2004.

Par la même résolution, les députés ont demandé au gouvernement d’exercer ses fonctions par intérim jusqu’à la formation d’une nouvelle équipe. Selon les experts, cela pourrait attendre la fin des élections législatives, prévues le 26 mars. En attendant le scrutin de mars, le renvoi du gouvernement était-il conforme au droit ?

Brandissant le texte constitutionnel, chacun jure de son bon droit. Le président Viktor Iouchtchenko, qui accuse le Parlement de tentative de "déstabilisation", souhaite que la Cour constitutionnelle tranche le litige. Mais celle-ci n’est toujours pas formée, le Parlement ayant bloqué plusieurs nominations... Les députés estiment que la désignation du premier ministre leur revient. Mais la coalition disparate qui a entraîné la chute de l’actuel titulaire est pour l’heure incapable de s’accorder sur un nom...

Viktor Iouchtchenko, le président pro-occidental porté au pouvoir par la "révolution orange" de décembre 2004 est de plus en plus contesté par Ioulia Timochenko, ancienne alliée et premier ministre de Iouchtchenko avec qui elle a rompu après son limogeage en septembre, Viktor Ianoukovitch, candidat prorusse malheureux de la présidentielle de 2004, dont le parti est aujourd’hui en tête des sondages, et Volodimir Litvine, habile président du Parlement. Ces différents acteurs font et défont depuis un an les alliances de circonstances. Dès lors, la démocratie est plus formelle que réelle. C’est l’effondrement du mythe de la "révolution orange."

En rappel, c’est le 26 décembre 2004 que victor Iouchtenko a été élu avec 51,99% des voix. En tant que candidat de l’alliance « Notre Ukraine », ce libéral était le challenger le plus sérieux parmis 24 candidats. En son temps, plusieurs milliers d’Ukrainiens s’étaient massés sur la place de l’indépendance à Kiev. Ils agitaient des drapeaux rouges pour marquer la « révolution orange ».

Ainsi, espéraient-ils une amélioration de leurs conditions de vie. Mais plus d’un an après, l’Ukraine reste tojours rongée par la corruption, la pauvrété... Les espoirs volent littéralement en fumée. Iouchtenko arrivera-t-il à sauver sa tête ?

Arsène Flavien Bationo (bationoflavien@yahoo.fr)
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