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De la Côte d’Ivoire au Burkina : Le "conflit ivoirien" sur écran

Publié le mercredi 11 janvier 2006 à 07h14min

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"Source d’histoires", film de guerre et premier long métrage du
réalisateur burkinabè Adama Rouamba, initié en juin 2005 et
tourné en Côte d’Ivoire et au Burkina sera fin prêt et mis à la
disposition des cinéphiles en janvier 2006.

Dans cet entretien,
son concepteur et initiateur dévoile ses motivations, donne un
aperçu des conditions dans lesquelles a été réalisée l’oeuvre et
met en exergue sa vision du cinéma et des cinéphiles
burkinabè.
Pour Adama Rouamba, les cinéphiles burkinabè ne partent plus
au cinéma pour recevoir des leçons de morale. "Ils y vont pour
se divertir".

"Le Pays" : Quel message voulez-vous véhiculer par ce film ?

Adama Rouamba : Je veux juste divertir le public. Il a changé. Le
public qu’on avait avant dans les salles voulait suivre l’histoire
jusqu’au bout , savoir ce qui va se passer. Et à la fin du film, on
lui faisait une leçon de morale : " Ne faites pas ça", " Ne faites
pas comme lui"...

Aujourd’hui, ces même personnes qui suivent
nos films sont devenus incroyables et exigeants. Les gens
partent aujourd’hui au ciné pour se divertir, pour s’amuser. Ils
ont tout à la maison pour s’éduquer. Si nous ne changeons pas
notre manière de concevoir nos oeuvres, nous aurons à un
moment donné des salles vides. Il faut qu’on tende maintenant
vers ce genre de cinéma.
Je pense que ce film n’a aucune leçon à donner. Sûrement on
peut percevoir que la guerre est inutile pour l’Afrique des
pauvres et pour l’ensemble des pays du monde.

Evitons tout ce
qui provoque la guerre. La guerre est due la plupart du temps au
fait que certaines personnes accaparent les biens d’un pays.
C’est ce qui provoque les révoltes et autres crises. En résumé,
je dirai que la leçon est toute simple : " Evitons de trop pousser
sur le bouchon, sinon ça peut exploser. Et quand cela arrive,
c’est trop difficile de colmater les brèches.

Comment est né le projet du film "Source d’histoire" ?

Au départ, j’avais une trilogie sur l’enfance en difficulté et le
dernier film de cette trilogie avait pour titre "Source d’histoire".
C’est un film qui a remporté le grand prix du court métrage au
FESPACO 2003. Et plus tard, l’idée m’est venue de faire une
autre série. Nous étions d’abord partis pour faire 12 épisodes ;
puis il y a eu une réécriture et nous sommes allés donc à 24
épisodes.

Comme je l’ai dit au début, nous voulions faire 12 épisodes
avec la collaboration de Canal France international (CFI), et les
cassettes prêtes-à-diffuser ( PAD) devaient être livrées au plus
tard en février, j’ai envisagé de tourner rapidement 4 à 5
épisodes et les balancer juste après.
Nous sommes allés au Nord de la Côte d’Ivoire où nous avons
tourné les quatre épisodes en juin 2005.

Toute la structure de la
série avait été désaxée puis, au lieu de 12 épisodes, nous
étions allés à 24. Il fallait donc faire un choix. Soit jeter tout ce
que nous avions tourné en Côte et repartir de zéro, soit trouver
une solution pour ce qui a été tourné en Côte d’Ivoire.

C’est dès
ce moment que je me suis dis qu’on pouvait utiliser cette partie
pour un long métrage. Et c’est de là que tout est parti. Nous
avons fait ensuite une semaine de tournage à Ouaga avec M’Ba
Bouanga et d’autres comédiens burkinabè.

A quel moment sera-t-il mis à la disposition du public ?

Je crois que le film sera prêt en mi-janvier

Le projet de la série est-il annulé ?

En fait, "Source d’histoire" est un long métrage de 1h30mn dans
lequel j’ai alterné comique, sensation, émotion... La série est
toujours en vigueur mais j’en ai fait un long métrage pour que le
public puisse le voir en avance. Elle ne sera disponible que
dans 6 ou 7 mois.

Combien de temps a duré la conception de ce film ?

Je dirai 2 ans. La préparation a pris 6 semaines. Le tournage a
duré 3 semaines en Côte d’Ivoire. Je peux dire que la
préparation et le tournage ont duré en tout trois mois.

Peut-on avoir une idée du coût de l’oeuvre ?

Je me méfie de ce genre de question. Il y a toujours eu des
guéguerres autour de la question du budget. Telle personne dit
que son film a coûté moins cher et tel autre dit qu’il a coûté plus
cher. J’évite toujours de m’aventurer sur ce terrain. L’essentiel
pour moi, c’est que le film soit accepté par le public. Un film de
deux millions, c’est un film de deux millions. Ce qui est sûr, c’est
que je n’ai pas produit le mien à moins de 30 à 40 millions de F
CFA.

Propos recueillis par Alain DABILOUGOU
Le Pays

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