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Charles Konan Banny : "Si la dévaluation n’avait pas existé..."

Publié le vendredi 23 janvier 2004 à 10h22min

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Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Charles Konan Banny a donné une conférence de presse par visioconférence, le 21 janvier 2004 depuis le siège de l’institution à Dakar.
Avec les journalistes des huit pays de l’UEMOA et de la presse dite internationale, Charles Konan Banny a fait entre autres, le bilan de la dévaluation, parlé de l’alternance au sommet des institutions sous-régionales...

"De mémoire d’économiste, il n’y a jamais eu une dévaluation d’aussi grande ampleur qui concerne autant de pays à la fois, n’ayant pas un gouvernement commun". Ces propos de Charles Konan Banny, gouverneur de la BCEAO à la conférence de presse qu’il a donnée le 21 janvier dernier depuis Dakar, témoignent de l’inquiétude qui prévalait à la veille de la dévaluation du franc CFA intervenue le mardi 12 janvier 1994. Mais dix ans après, la situation est tout autre : "Nous avons réussi... la situation a été maîtrisée," soutient le gouverneur de la BCEAO.

Et Charles Konan Banny de se laisser aller à l’énumération des acquis : "Le taux d’inflation a été maîtrisé. Dans tous les pays membres de l’UEMOA, il ne dépasse pas 3%. Aucun pays en Afrique n’a fait mieux. Le ratio masse salariale-recettes fiscales de nos jours, tourne autour de 37% contre plus de 60% à la veille de la dévaluation. La monnaie est convertible et le taux de couverture de la monnaie est de 115%.

Le stock de devises dans l’Union à l’heure actuelle permet de supporter 7 mois d’importation sans une intervention extérieure. La monnaie CFA est désirée par les pays voisins non membres de l’Union....". Ce sont là autant de raisons qui, tout en attestant que la situation dix ans après la dévaluation est maîtrisée doivent également, de l’avis du premier responsable de la banque centrale, nous éloigner du spectre d’une nouvelle dévaluation.

C’est bien mais...

Pour le gouverneur, : "si la dévaluation n’avait pas existé, il aurait fallu la faire". Mais il souligne que malgré les avancées positives, le chantier n’est pas terminé. "Beaucoup de choses restent à faire". En effet, la croissance même si elle est de retour dans l’espace UEMOA, reste faible. Et comme en matière d’économie, rien n’est jamais acquis définitivement, Charles Konan Banny a invité les uns et les autres à travailler davantage. "il faut travailler plus ; Il faut produire plus".

Et le gouverneur d’ajouter : "Le revenu, ça se crée, ça ne se décrète pas". Interpellé sur le faible pouvoir d’achat des citoyens de la zone malgré l’embellie, Charles Konan Banny a fait observer que la faiblesse du pouvoir d’achat est atténuée par la maîtrise de l’inflation. Pour lui, ce sont des situations transitoires qui peuvent se résoudre à travers la transformation de la structure de l’économie. Et cela, insiste-t-il, passe nécessairement par le travail, la production.

Charles Konan Banny trouve même que dix ans après la dévaluation, la production dans l’Union a baissé en quantité et même en qualité. Les marchés, a-t-il fait observé, sont inondés de riz thaïlandais et autres pendant que les productions de riz local ne sont pas encouragées. Parlant du Burkina Faso, il a déploré le fait que le haricot vert du Burkina Faso, autrefois un label de qualité, n’est plus que l’ombre de lui-même. De nombreux défis restent donc à relever car l’un des objectifs de la dévaluation était de "rendre rentables les productions locales".

L’UEMOA, une réalité

Revenant sur l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dix ans après la signature de son traité, le gouverneur de la BCEAO a trouvé qu’elle constitue un bon exemple d’intégration : les barrières douanières sont levées, la libre circulation des personnes et des biens est une réalité car souligne-t-il, "on n’a pas besoin de visa pour se rendre d’un pays à un autre dans l’Union".

Même si les tracasseries persistent par moments, le gouverneur ne veut pas y voir un blocage dans la mise en œuvre des textes de l’Union : "Dans un même pays, les individus ne circulent pas sans tracasseries". La création de l’UEMOA est venue donner un nouveau souffle aux économies des pays membres : "L’Union permet de soutenir et coordonner l’ensemble des politiques économiques et monétaires de la zone".

Les chefs d’Etat, soutient-il, ont eu raison de se mettre ensemble car dans la globalisation, les pays africains pris individuellement, auront du mal à tenir : "Le phénomène de la mondialisation entraîne avec lui, l’émergence de monnaies communes car l’économie se globalise de plus en plus". Charles Konan Banny estime que la monnaie commune étant une réalité, il faut maintenant tendre vers la mise en place d’une économie commune.

Et c’est ce à quoi s’attelle l’UEMOA. L’œuvre de Moussa Touré a été saluée par le gouverneur de la BCEAO. Répondant à une question sur l’alternance à la tête de la BCEAO, Konan Banny a fait remarquer que ce n’est pas quelque chose de nouveau : "Le principe de l’alternance est prévu dans les textes fondateurs de la BCEAO". Mais ajoute-t-il, "le principe de responsabilité doit être accompagné du principe de compétence, du principe d’efficacité, du principe de responsabilité, etc.".

En clair, il ne faut pas changer pour changer au risque de remettre en cause les acquis des institutions régionales. Charles Konan Banny s’est dit heureux d’avoir donné 20 ans de sa vie à la BCEAO : "J’ai fait prendre le serment à mes collaborateurs que quand je partirais d’ici, personne ne viendra détruire la BCEAO", a-t-il martelé. Tout en déplorant les attaques contre la BCEAO en Côte d’Ivoire, il a soutenu que "C’est la volonté d’être ensemble qui permet de sauver l’institution et la renforcer. Malgré les attaques de toutes sortes, la BCEAO demeure solide et poursuit la modernisation de sa gestion".

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
Sidwaya

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