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Le premier gouvernement de la 3eme mandature de Blaise Compaoré est formé

Publié le lundi 9 janvier 2006 à 07h44min

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Pour un 3ème mandat dans les circonstances que l’on sait, l’instance gouvernementale, comme il fallait s’y attendre, est renouvelée. Cela s’est fait sans enflammer outre mesure l’opinion, comme on l’a vu par le passé, mais dans une ambiance précédée par le rituel des projections, des supputations...

Tout d’abord, s’agissant de Ernest Paramanga Yonli, la question revenait sans cesse : sera-t-il ou non maintenu ou remercié ? L’homme est resté à la barre plus qu’aucun de ses prédécesseurs bien qu’ayant des concurrents à la pelle. A ceux qui pariaient sur son départ, parce que cela apparaissait comme la condition pour donner un second souffle au pouvoir, d’autres répondaient que jamais Ernest Yonli n’avait eu autant le profil de l’emploi et qu’il était une sorte d’Habib Thiam promu à une longévité à son poste. Eh bien, sur ce point, les seconds auront eu raison puisque Paramanga Yonli a été reconduit.

Mais, est-ce parce qu’il n’avait pas son pareil ? Certaines voix laissent entendre que ce serait comme par défaut. Djibrina Barry, Ousmane Ouédraogo, Joséphine Guissou, Bintou Sanogo auraient tous été consultés mais auraient décliné l’offre. Juliette Bonkoungou n’aurait pas par contre été retenue pour avoir vu des oppositions irréductibles se manifester contre elle.

C’est donc l’homme de l’Est qui rempile et qui se retrouve à la tête d’un gouvernement de 34 membres dans lequel on note dix départs et 13 arrivants (en comptant le SG du gouvernement).

L’autre sujet qui faisait l’objet de commentaires, de supputations comme de pronostics concernait l’envergure du gouvernement, le nombre de partenaires qui y seraient conviés. Pour les uns, il fallait s’attendre à l’entrée en masse de tous ceux qui ont apporté leur soutien à la candidature de Blaise Compaoré et qui ont fait activement campagne pour lui. Et l’on comptait là bien évidemment l’ADF-RDA qui n’ont seulement s’est prononcé pour la candidature et a battu campagne mais qui s’est aussi repositionné, passant de l’opposition dans le camp de la majorité présidentielle. La récompense méritait bien quelques 3 ou 4 portefeuilles dont un d’Etat, disait-on.

On pensait aussi à certains leaders de l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP) tels Sébastien Ouédraogo, Dabiré Kielo Célestin et bien sûr à quelques représentants des ABC qui ont fait la concurrence au CDP et à l’AMP, quitte dans le chaud de la campagne présidentielle à être soupçonnés de configurer le prochain parti présidentiel. Certains extrapolations iront même jusqu’à avancer le nom de quelques leaders de partis d’opposition plutôt conciliants vis-à-vis de Blaise Compaoré, au nombre des convives du " banquet " gouvernemental.

Pour d’autres par contre, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il y ait de grandes vagues. La victoire de Blaise Compaoré, de l’avis des milieux CDPistes est loin d’être l’affaire des " mouvanciers " ou de quelques partenaires de la périphérie. C’est l’affaire du CDP et surtout de Blaise Compaoré. Le retour de l’ascenseur, il ne faut pas s’y attendre, sinon que de façon symbolique ce d’autant que le soutien n’a pas été négocié et assorti d’un contrat en bonne et due forme comme à l’époque du gouvernement protocolaire.

Sur ce plan, ce seront encore les seconds qui auront eu raison. L’ADF-RDA est rentrée au gouvernement, c’est vrai mais pas avec le nombre de portefeuilles espéré et pas davantage avec un Ministère d’Etat. Pour le Ministre des affaires étrangères, là aussi c’est râpé. Le parti se contentera du Ministère des Transports et du Ministère Délégué auprès du ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de l’Enseignement technique et professionnel.

Les autres " mouvanciers ", eux, sont récompensés, à travers la personne de Dicko Diemdioda, d’un Ministère délégué auprès du ministre de l’enseignement de base et de l’alphabétisation, chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. Rien de plus.

D’autres figures qui aspiraient vraiment à s’asseoir autour de la table du Conseil rongeront leur déception en attendant des remaniements meilleurs !
Le gouvernement est beaucoup plus un gouvernement de continuité qu’un gouvernement de rupture et de franche ouverture.

Mais revenons un peu sur les sortants et les entrants.

Pour ce qui est des départs, on note les noms suivants : Moumouni Fabré, Mahamoudou Ouédraogo, Laya Sawadogo, Justin Thiombiano, Mariam Lamizana, Ludovic Tou, Youma Zerbo, Arsène Armand Hien, Patrice Nikiéma, Daniel Ouédraogo. Manifestement, il y a des figures bien connues parmi eux. C’est d’abord celui de Mahamoudou Ouédraogo. Un départ qui surprendra quand on sait l’activité débordante dont il a fait montre au Département de la culture. Laya Sawadogo, pour contesté qu’il fut dans certains milieux notamment estudiantin, semblait avoir passé le mauvais cap. Mariam Lamizana, elle, avait fort à faire avec les travailleurs de l’Action sociale, les problèmes à la Croix rouge..., et son départ n’étonne donc personne. Pas plus que ceux de Tou Ludovic et de Justin Thiombiano, pour raisons avérées de santé.

Mais au total, beaucoup de ministres ont été reconduits à leurs postes. Le plus connu d’entre tous, Salif Diallo, et également l’ancien premier Ministre Issouf Ouédraogo, conservent les mêmes postes. Il en va de même pour Djibril Bassolet, Boureima Badini, Jean-Baptiste Compaoré, Alain Yoda, Yéro Boly, Monique Ilboudo ...et bien d’autres.

Pour ce qui est des entrants, on note : Clément Sawadogo (qui cède le SG du gouvernement et du conseil des ministres à Zakalia Koté, précédemment directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères), Gilbert Ouédraogo, Joseph Paré, Aline Koala, Jérôme Bougouma, Joachim Tankoano, Pascaline Tamini, Justin Koutaba, Sékou Bâ, Hyppolite Ouédraogo, Amadou Diemdoda Dicko, Bonoudaba Dabiré, Soungalo Ouattara.

En conclusion, tout le monde l’aura remarqué : cette équipe n’est pas le grand charivari que certains espéraient. Beaucoup estiment que le véritable gouvernement est à venir et qu’il faut l’attendre après les municipales ou même après les législatives.

Lamine Koné
San Finna

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