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Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

Publié le dimanche 20 novembre 2022 à 22h15min

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Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

Ingénieur en électrotechnique, expert en efficacité énergétique et promoteur de l’entreprise Projet production solaire, Emmanuel Kaboré revient, dans cette interview, sur les bienfaits du mix énergétique, alors que s’achève la COP 27 en Egypte. Il livre aussi son analyse sur le boom du solaire constaté au Burkina Faso depuis quelques années.

Lefaso.net : Présentez-vous.

Emmanuel Kaboré : Je suis Emmanuel Kaboré, ingénieur en électrotechnique, expert en efficacité énergétique, diplômé en M2 à l’IAE de Lyon en commerce international. Je suis le promoteur de l’entreprise Projet production solaire (PPS) depuis 2010, directeur général de URBASOLAR BF et président de l’Association des professionnels des énergies renouvelables de la CEDEAO (APER/CEDEAO).

Qu’est-ce que le mix énergétique ?

Le mix énergétique, c’est le fait d’utiliser au moins deux à plusieurs sources différentes pour la production énergétique dans un pays, ou dans une unité de production industrielle. Exemple : utilisation du thermique, de l’hydraulique, du solaire, de la biomasse, du nucléaire. La meilleure idée étant de mixer les sources fossiles avec les sources renouvelables.

Au-delà du mix énergétique, plusieurs solutions sont préconisées pour l’économie d’énergie ; quelles sont les principales ?

Les principales sources d’économie d’énergie sont l’optimisation énergétique dans l’industrie, en utilisant des équipements électriques de production à haut rendement et la fiabilité industrielle qui consiste à faire de très bon dimensionnement pour le choix des équipements et le process de production. Cela passe par l’automatisme, la régulation et un bon procédé de maintenance dans l’industrie et les chaînes de froid qui sont les sources de consommation les plus élevées d’énergie.

Pensez-vous qu’il y a une réelle prise de conscience de la nécessité de la sobriété énergétique au Burkina ? Pourquoi ?

Je ne peux pas affirmer qu’il y a une bonne prise de conscience de la sobriété énergétique au Burkina, parce qu’il n’y a pas une vraie politique dans le domaine des économies d’énergie. Hormis le fait que certains industriels font des redressements pour corriger leur facteur de puissance pour éviter des pénalités de la SONABEL, beaucoup ne savent pas que l’optimisation énergétique permet de réduire énormément les coûts de production et de faire beaucoup d’économie d’argent.

Quand nous parlons de notre métier, certains vous voient seulement en commerçants et non en apporteurs de solutions économiques. Mais j’aimerais faire une mention spéciale à l’ONEA et à la SOFITEX qui sont engagés dans l’optimisation énergétique pour la production depuis un certain temps et de manière continue. L’ANEREE devrait avoir les moyens d’accompagner techniquement et économiquement les grands consommateurs dans l’efficacité énergétique.

On constate comme un boom du solaire dans notre pays depuis quelques années ; comment appréciez-vous cette évolution ?

Il y a effectivement un boom du solaire au Burkina. C’est une bonne chose parce que cela permet à un plus grand nombre de la population d’avoir accès à l’énergie, mais il faut une vraie régulation ou organisation du secteur pour éviter que les consommateurs ne se fassent tromper par les amateurs professionnels. Nous avons de sérieux problèmes parce que tout le monde est devenu spécialiste du solaire.

Tous les électriciens sont des spécialistes du solaire, presque toutes les écoles professionnelles forment des spécialistes du solaire avec l’effet de mode, sans le personnel d’encadrement adéquat et le matériel didactique. L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce, de l’import-export. Et si tu critiques, c’est comme si tu ne faisais que protéger tes intérêts.

Certains usagers sont parfois déçus par l’efficacité du solaire ; quelles sont les raisons selon vous ?

Comme je l’ai souligné plus haut, il y a plus d’amateurs que de professionnels. Nous avons même des difficultés pour recruter de vraies compétences en solaire. Il y a plus de vendeurs de panneaux solaires que de techniciens solaires. Les consommateurs aussi sont responsables parce qu’ils achètent des produits et non du service. Beaucoup de consommateurs passent nous voir pour des études et après ils vont acheter les équipements et ils confient à leurs électriciens-bâtiment pour l’installation. C’est comme si tu prends le plan d’un architecte et tu donnes à un maçon de Tougan pour construire, sans aucun contrôle.

Quelles solutions proposez-vous pour une vulgarisation efficace des solutions solaires ?

Pour une vulgarisation efficace du solaire au Burkina ou ailleurs, il faut professionnaliser le secteur. Ce secteur ne peut pas être un secteur de l’import-export et ça va bien fonctionner.
Je n’ai rien contre les ouvriers installateurs, beaucoup ont même été formés chez nous et par nous, mais il faut une rigueur ; et celui qui peut jouer la police ou le contrôle de la qualité, c’est bien l’Etat. Mais à ce niveau même c’est du clientélisme, des vendeurs de cacao à certains postes par récompense politique. Ceux du secteur savent très bien de quoi je parle et nous avons souvent critiqué ces pratiques sans être écoutés. Le poisson pourrit par la tête.

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 19 novembre 2022 à 22:01, par Zouk En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    C’est très juste de dire que les solutions solaires sont inadaptées.
    Du matériel, souvent chinois, vendu pas cher et qui ne dure pas. Des batteries de voiture pour stocker l’électricité et des consommateurs mal informés sur la recharge et l’utilisation.
    Le coût du matériel est une explication et le manque d’information ou de formation en est une autre.

  • Le 20 novembre 2022 à 03:23, par Le specialiste En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Oui mais c’est comme ca que less Chinois ont fait pour etre la premiere economie. Il faut vulgariser la technologie il n’y a pas specialiste qui vaille. Tout lem onde apprend sur le tas et on avance c’est tout.
    Les specialistes sont ceux qui connaissent de plus en plus sur de moins en moins de choses tant et si bien qu’ils connaissent tout sur rien !
    Emmanuel Kaboré toi tu vois ton mangement mais tu ne vois pas l’aspect vulgarisation au profit du peuple.
    Si on dosait qu’il fallait des specialites pour reparer les voiture ou en serait le Burkina aujourd’hui ?
    Certain mecanicvien analphabete sont si bon que les entreprises d’automobile les embauchent c’est de cela don’t on a besoin. L’ecole du blan c’est bien mais ne correspond pas a nos realité. On doit aller vite.

  • Le 20 novembre 2022 à 11:38, par lomlakijamuja En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Toujours a venir montrer votre altitude en matière de connaissance. Essayer de mettre la balle au niveau des autres. que les commercants s’en approprient est une bonne chose. cela doit être populaire et bien connu. c’est une solution viable pour notre développement. vous maintenant avec vos connaissance essayer d’ameliorer l’offre et laisser le peuple s’approprier la chose. on n’ a pas besoin d’un diplôme pour acheter une lampe solaire.

  • Le 20 novembre 2022 à 22:54, par René ZONGO En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Mon patron vous avez tout dit mais comment changer cette situation. Tout le monde est devenu expert en énergie solaire. Même le commerçant ’’analphabète’’ qui vend le matériel de mauvaise qualité fait des dimensionnement. Malheureusement le consommateur préfère ça. Celui qui a le savoir reste toujours le dernier recours. C’est lui qui vas décrocher son téléphone pour aider le bricoleur pour corriger ses bêtises et ensuite décrocher le consommateur pour un dépannage parce sa veut prendre 🔥. De toute les façons celui qui a appris aura toujours ça part. Mais on continue de dénoncer parce nous voulons une amélioration. M. KABORE que le bon Dieu vous accompagne dans votre combat. Prière qu’un jour vous soyez aux affaires.

  • Le 20 novembre 2022 à 23:01, par René ZONGO En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Mon patron vous avez tout dit mais comment changer cette situation. Tout le monde est devenu expert en énergie solaire. Même le commerçant "analphabète" qui vend le matériel de mauvaise qualité fait des dimensionnement. Malheureusement le consommateur préfère ça. Celui qui a le savoir reste toujours le dernier recours. C’est lui qui vas décrocher son téléphone pour aider le bricoleur pour corriger ses bêtises et ensuite décrocher le consommateur pour un dépannage parce sa veut prendre 🔥. De toute les façons celui qui a appris aura toujours ça part. Mais on continue de dénoncer parce nous voulons une amélioration. M. KABORE que le bon Dieu vous accompagne dans votre combat. Prière qu’un jour vous soyez aux affaires.

  • Le 21 novembre 2022 à 09:01, par Tougan En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Donc c’ est les macon de tougan qui font n’importe quoi ? Les meilleurs macons et architectes et ingenieurs du burkina sont des samo. C’ est pas un debat vilain mossi là.

  • Le 21 novembre 2022 à 10:08, par Alpha2025 En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Félicitations à M. Kaboré et courage à lui car ce pays hait l’expertise. Pire, plus tu es expert, mieux vaut pour toi aller te vendre ou tu seras mieux valorisé. Certains commentaires dans ce forum ne me contrediront pas. Prétendre que des analphabètes sont tellement compétents que des garages professionnels les embauchent....je crois qu’en fait ce monsieur ne sait pas de quoi il parle. Il ne sait pas comment fonctionne un atelier, il ne sait pas comment tourne une unité industrielle. Quand à celui qui semble se plaindre de matériel chinois, qu’il sache que les chinois vendent ce qu’on leur achète. Tu peux leur demander de te fabriquer un I-Phone dont le taux de panne est tellement faible que certains pensent que ce matériel ne tombe jamais en panne. A côté, il fabriquent les téléphones que nous achetons pour une bouchée de pain et que nous qualifions de "chinois". Il fut un temps où pour désigner un materiel de mauvaise qualité, on disait "y’a zapon". Aujourd’hui, ces mêmes japonais ont investi des secteurs que les européens ont du abandonner comme la photographie, l’électronique grand public, etc.. Pour en revenir aux chinois, comme je le disait, ils te vendent ce que tu leur achète. Si tu leur fixe des spécifications très précises, ils seront obligés de les respecter. C’est là qu’intervient l’expertise que certains semblent mépriser. Ce pays n’ira nulle part si les experts n’ont pas la place qui leur revient. Nos compatriotes de la diaspora ne rentreront pas au pays, alors que les diasporas des autres pays feront des merveilles chez eux ou leur valeur est reconnue.

  • Le 21 novembre 2022 à 12:01, par Substance Grise En réponse à : Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce »

    Au fait au delà de ce secteur,le Burkina est un pays où des gens sont tapis dans des administrations publiques ,institutions et syndicats empêchant toute professionnalisation des services.Et cela avec l’appui machiavélique des autorités politiques
    Quand les gens organisent les grands forums et journées dans un domaine c’est beaucoup plus pour se remplir les poches que de révolutionner les choses
    D’où les histoires de monopole à n’en pas finir
    Laissez tous les burkinabè entreprendre librement entre-eux et tous ceux qui ne peuvent exceller dans un domaine donné quittent celui-ci pour aller voir ailleurs
    Desormais le mérite ou rien

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