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Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

Publié le lundi 9 janvier 2006 à 07h37min

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Le Patriote a tendu son micro à Samuel Sawadogo, le rescapé de la tuerie du Banco. Il raconte ici le calvaire dont il est le seul rescapé.

Le Patriote : Qu’est-ce qui s’est passé ?

Samuel Sawadogo : Hier matin (ndlr : mercredi) aux environs de 7h 30mn, on partait travailler au Plateau. Nous étions quatre dans un taxi. Quatre passagers plus le chauffeur. Nous avons été interceptés par trois hommes en treillis. Ces derniers nous ont demandé de descendre et nous ont embarqués dans un 4x4 noir bâché. Ils ont embarqué sur le chemin, après, deux autres personnes.

Arrivés sur le pont De Gaulle, nous leur avons demandé où ils nous emmenaient. Parce qu’ils ne nous ont réclamé aucune pièce. Ils nous ont tout simplement rétorqué qu’ils nous donneront plus d’explication à destination. Ils nous ont emmené dans la partie de la forêt du Banco située entre Adjamé et Yopougon vers la station « Ancien Agip ».

Dès notre arrivée dans la forêt, ils ont commencé à nous battre. Nous leur avons demandé pourquoi ils nous battaient. « Vous êtes des rebelles », nous ont-ils répondu. Je leur ai dit que je n’était pas un rebelle. Mais j’étais un maçon. Et que je me rendais au Plateau, à mon lieu de travail.

Ils n’ont rien voulu savoir et ils ont continué de nous battre de plus belle. Entre deux moments de répit, j’ai réussi à appeler ma patronne. Elle m’a donné ce conseil : « Ne tente pas de fuir. Où ils t’emmènent, vas avec eux », (Il marque un moment de silence, brusquement rompue par un sanglot). Ils ont commencé par tirer sur deux d’entre nous. Les deux ont été tués sur le coup. Ils nous ont demandé de détourner la tête pour ne pas voir les cadavres. Et pendant qu’on le faisait, ils ont encore ouvert le feu sur deux autres d’entre nous. Ensuite, ils nous ont abandonnés pour se retirer à quelques mètres de nous.

Couché sur le ventre, j’ai profité de ce moment pour rappeler ma patronne. Mais j’ai été surpris par l’un d’entre eux qui a pris mon téléphone portable. Il y a eu une conversation entre elle et l’un des militaires. Ce dernier est rentré dans une colère noire et a jeté violemment mon téléphone portable qui s’est retrouvé au sol en pièces détachées. « La dame dit qu’effectivement, tu travailles avec elle. Tu as la chance, elle nous a suppliés de ne pas te tuer », s’est-il adressé à moi. Toutes les cinq minutes, ils nous battaient sur le corps avec les crosses de leurs kalachnikovs et à coup de rangers.

Aux environs de 13 heures, ils sont venus chercher deux autres de mes compagnons d’infortune pour les assassiner. Nous sommes restés deux. Aux environs de 17 heures, ils ont tué mon dernier compagnon. Celui-ci, avant de mourir a eu le temps de se confier à moi. Il m’a dit que sa femme était enceinte de six mois. Au cas où je restais en vie, il m’a chargé d’aller lui rapporter ce qui s’est passé.

C’est pendant qu’il se confiait à moi qu’il a été mitraillé. En ce moment, je ne savais plus où j’étais. Pour moi, mes derniers instants sur terre étaient arrivés.
Comme j’ai réussi à avoir ma patronne, je pense que c’est ce qui m’a sauvé. Les autres n’ont pas eu cette chance. Mais, ils m’ont battu jusqu’à ce que je perde connaissance.
Ils m’ont ensuite rembarqué dans la 4x4 et se sont débarrassés de moi vers la corniche de Cocody. Il faisait nuit. Grâce à Dieu, à cet endroit péniblement, j’ai réussi à arrêter un taxi qui m’a conduit à la maison.

L.P : Ils ne vous ont pas dit pourquoi ils se comportaient ainsi ?

S.S : Ils nous ont dit que c’est parce que nous sommes des rebelles.
Alors que depuis que je suis né, je n’ai jamais attrapé un fusil. Depuis ma venue en Côte d’Ivoire, en 1990, j’ai été d’abord gardien (ndlr : vigile). Quand j’ai abandonné ce métier, je suis devenu maçon. Je n’ai jamais appris à attraper un fusil. Donc, je suis écoeuré qu’on me prenne pour un rebelle.

L.P : Combien étaient-ils ?

S.S : Ils étaient trois. Trois militaires.

L.P : Ils étaient armés de quoi ?

S.S : De kalachnikovs et de pistolets.

L.P : Dans quel véhicule étaient-ils ?

S.S : Ils étaient dans un 4x4 noir. Un seul 4x4.

L.P : Vous n’avez pas pu relever le numéro
d’immatriculation ?

S.S : Non, quand on a été pris, je n’ai pas eu le temps de le faire. Tu regardes derrière, tu vas te faire tuer. Nous, on pensait que c’était pour simplement nous harceler. Alors que c’était pour nous assassiner. Je connais deux d’entre les malheureux déeunts, il s’agit de Abou Ouédraogo et Kaboré Daniel, respectivement maçon et menuisier.

L.P : Comment tu te sens actuellement ?

S.S : Actuellement, je n’arrive pas à respirer correctement. J’ai reçu beaucoup de coups de crosse de fusil sur la poitrine. J’ai vraiment mal. Je ne sais pas si je vais pouvoir survivre. C’est moi seul qui connais la douleur que je supporte.

Propos recueillis par Jean-Claude Coulibaly
Le Patriote (http://www.lepatriote.net)

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Vos commentaires

  • Le 7 janvier 2006 à 17:00 En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

    Je pense que notre gouvernement devrait vérifier les faits relatés par ce malheureux et s’ils s’avèrent exacts, demander officiellement des comptes à Koudou Gbagbo. Il est temps que prennent fin les assassinats d’honnêtes burkina bé dont le seul crime est d’avoir immigré en RCI.
    Un nouveau gouvernementvient d’être formé, c’est l’occasion pour ses membres de faire preuve de responsabilité.
    Mes condoléances aux proches des victimes.

    Un Burkina bé à Paris

    • Le 8 janvier 2006 à 11:22 En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

      Cela est vrais ce que viens de dire le compatriote a Paris, Messieurs les membres du nouveau gouvernement, faites preuve de responsabilite, verifiez les faits relates par ce pauvre et ’’chanceux’’ compatriote, et s’il s’avere effectif, demandez des comptes a qui de droit.

      Bonne et heureuses annee a tous les burkinabes du monde entier.

      Une burkinabee a Denver-USA

      • Le 8 janvier 2006 à 13:42 En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

        trop c’est trop. Les burkinabés ne doivent plus rester inactifs. Tout le monde doit agir. Nous devons plus accepter que nos compatriotes soient assassinés et service des sales besognes des patriotes ratés comme bagbo et autres. Alors que nous marchions, que nous faisions savoir nos mécontentements. C’est parce que les burkinabés ont l’habitude de se comporter comme de bons enfants que certaines personnes utilisant la xénophobie comme "eur cheval de bataille"continuent à massacrer nos compatriotes. Chaque fois qu’il y a un petit problème en côte d’ivoire, ce sont les burkinabés qui payent les pots cassés. Pendant ce temps, nous continuons à dire "il faut que cela s’arrête" sans agir concrètement. Il faut agir à chaque fois qu’un burkinabé est assassiné. Regardez comment la France reste mobilisée chaque fois qu’un de leur fait l’objet d’un enlevement en Irak. Le peuple français n’attend jamais pour agir. Il faudra en faire de même et manifester même si cela va à l’encontre des décisions de nos autorités.

        Même si cela doit faire l’objet dune déclaration de guerre, il le faudra car à cette allure Bagbo n’hésitera pas à attaquer le Faso une fois qu’il aura fini avec les rebelles. IL faut resoudre les problèmes à la racine. C’est ce que les Americains et autres font et pourquoi pas nous.

        Vous trouverez que je suis violent. Mais je suis vraiment depassé par l’attitude des autorités ivoiriennes. J’en ai marre, marre, marre de voire mes frères tués, torturés, innocemment (les mots me manquent pour qualifier la situation) par des gens sans foi, ni loi.

        Cette situation montre déjà qu’il y’a deux gouvernements qui existent en côte, celui officiel dirigé par Banni qui a les yeux bandés et l’autre officieux dirigé par Bagbo himself.

        Trop c’est trop, tous les Burkinabés unissons nous pour combattre le diable et sa suite.

        • Le 9 janvier 2006 à 05:10 En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

          Si vous vous faites agneau dans un monde de loup, c’est normal qu’on vous mange. Pensez-vous que cela se serait passé sous la revolution de Sankara ? On a tué les braves, et maintenant il ne reste que des famelettes. Tout le monde le sais et vous savez a qui vous en prendre. Ceci n’est que le debut. Nous savons nous canarder chez nous pour des pecadilles. mais quand viennent les vrais defis, nous avons la queue entre les jambes. C’est le signe des temps, et vous n’avez pas assez de coeur pour retourner chez vous. Comment a-t’on reçu les persecutés de Cote-d’Ivoire au Burkina ? ils ont été obligés de retourner en Cote d’Ivoire pour mourir. Quel respect voulez-vous qu’on vous accorde ? On observe les Burkinabès et on les teste. Je peux vous dire nous ne pesons pas un gramme aux yeux des autres. Je me demande comment nos autorités se comportent dans les grandes rencontres internationales ? Heureusement que le ridicule ne tue pas le Burkinabè. ainsi va la vie !

          • Le 9 janvier 2006 à 10:24, par burkindi En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

            Trop c’est trop. Pendant que des milliers de Burkinabè meurent en RCI, nos autroités font la sourde oreille.
            C’est vraiment triste il n’ya qu’au Burkina Faso terre des "hommes intègres" que l’on voit ça.

            Comment peut-on construire une Union Africaine avec des pays xénophobes comme membres constituants...

            Burkinabè du monde entier levons nous contre toutes ces injustices à l’égard de nos compatriotes qui meurent chaque jour en Cote D’ivoire.

            J’en appelle à ceux qui ont un pouvoir de faire avancer les choses auprès des autorités...

            Naan Lara an saara !!!

            • Le 9 janvier 2006 à 17:42, par Tipou Tip En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

              Encore des 58 (étrangers) attaqués, torturés et tués ??!! A quand la fin de toutes ces exations en Côte d’Ivoire, pays qui m’a vu naître ?
              Trop c’est trop et je pense que le Burkina doit prendre ses responsabilités pour ne serait ce que protéger ses ressortissants en Côte d’Ivoire.
              Qu’attend la France, la communauté internationale s’il y en a une et les véritables ivoiriens hommes de Paix, de Dialogue et d’hospitalité pour mettre fin à cette situation de ni Paix, ni guerre ?Je rends gâce à Dieu pour Samuel et prie pour le repos des âmes de ses autres compagnon.

          • Le 11 janvier 2006 à 16:12 En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

            A l’auteur de cette réponse,je souhaite lui recommander un peu de retenu.
            Les problèmes burkinabes doivent se résoudre au burkina.La mort de Sankara n’a rien a voir avec ce qui est arrivé a notre compatriote en Cote-d’ivoire .Et cela ne peut servir de prétexte pour jeter l’anathème sur les burkinabé.Si vous êtes devenu "une femmelette" depuis la mort de votre héro,je peux vous dire qu’il n’en est rien de tous les autres burkinabé dignes de ce nom et fiers de l’être et de leur pays qui compte dans le concert des nations africaines.

  • Le 7 janvier 2006 à 21:29, par nikiema En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

    mais ou est notre papa , notre protecteur blaise compaoré ! ET LA COMMUNAUTE NATIONALE , l’union africaine ? qu’est ce que les burkinabé ont fait au monde entier ? les burkinabés sont t’ils devenus des nouveaux juifs ? nous sommes seulement des gens combatifs et qui ne cherchent que notre pain ! s’ils vous plait monsieurs les seigneurs de guerres , foutez leur la paix !!!
    DIEU seul est notre protecteur et il saura nous defendre le moment venu !! nikiemasalif@yahoo.fr

  • Le 9 janvier 2006 à 23:01, par Wendpanga En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

    C’est le coeur gros que j’ecris ces lignes pour condanner avec la ferme énergie la boucherie et l’extermination de nos compatriote en Côte-d’ivoire et par la même occasion preésentée mes condoléances aux familles épleurés. En effet trod c’est trod car cela fait maintenant plus de 6 longues années que nos valeureux et honnètes burkinabés sont devenus la proie facile des autorités ivoiriens. J’appelle à la vaillance des hommes intègres pour qu’enfin le Burkina regagne sa place et le respect des autres pays voisins. Si notre combien de fois trod puissant blaise compaoré n’est plus digne d’être homme intègre alors burkinabé de tous les pays nous devons nous unir car c’est ce qui nous garantira notre liberté et notre intégrité. Donc si pour le respect du droit de vivre et travailler equivaut à déclarer la guerre au regime fasciste de la Côte-d’ivoire alors burkinabé aux armes pour la liberté, aux armes pour la justice . La patrie ou la mort, nous vaincrons. Vive le peuple burkinabé.

  • Le 10 janvier 2006 à 13:16, par Ko zette En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

    Burkinabê en France, Ivoiriens en Suisse, Camerounais au Gabon,Polonais vivant en Belgique, Français en Afrique francophone ou ailleurs,....nous vivons une erre de brassage culturel, où l’autarcie n’ a plus sa place dans nos civilisations.
    que le pays qui n’a pas un seul ressortissant à l’étranger lève le doigt ! alors, voulez-vous me dire pourquoi être burkinabê en Côte-d’Ivoire doit rimer avec assassinats, tueries, règlements de compte...il est temps que la Côte-d’Ivoire résolve son problème autrement !
    mes chers compatriotes dans ce paysne cherchent qu’une seule chose : travailler et gagner dignement leur vie : de grâce, foutez-leur la paix ou renvoyer -les au Faso. Je suis moi-même burkinabê vivant en Belgique depuis une quinzaine d’année et je peux vous dire quel respect ce pays-là a pour les étrangers.pardon, jj’allais oublier de vous dire qu’il s’agit d’un Etat de Droit !!
    mes condoléances aux familles éplorées.

    • Le 13 janvier 2006 à 00:39, par Andre Kouassi (Londres) En réponse à : > Attaque du camp d’Akouédo : Samuel Sawadogo, rescapé d’une rafle meurtrière raconte

      c’est la premiere fois que je vois autant de burkinabe se masturber inutilement.vos compatriotes sont des rebelles en cote d’ivoire voila la verite. sinon en C I il y a beaucoup d’africains qui cohabitent sans qu’on parle d’eux.Ils vivent tranquilles en Cote d’ivoire sans faire du banditisme comme les burkinabe. De grace ne les prenez pas pour des "anges "qu’on assasine sans raison apparente.

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