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Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

Publié le mercredi 9 novembre 2022 à 22h35min

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Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

Un conflit de terrain oppose, depuis quelques temps déjà, les enfants de feu Sou Sanou à son ami dans le non-loti du secteur 24, arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso. Ces enfants accusent l’ami de leur défunt père, Mr Ouédraogo, de tentative de détournement d’une partie de leur héritage. Face à la presse, ils ont affiché leur détermination à se battre pour préserver leur patrimoine.

« Nous ne voulons plus voir Boureima Ouédraogo sur nos terres parce qu’il n’a pas de propriétés ici. Nous invitons donc les autorités à jouer franc jeu, sinon elles seront tenues pour responsables des conséquences qui en découleront », prévient Bakary Sanou, l’un des fils de feu Sanou. Pour lui, il n’est pas question de céder même un iota des terres à sieur Ouédraogo car il estime que ce dernier est animé par un « esprit de malhonnêteté ».

A l’en croire, l’histoire daterait de très longtemps, lorsque leur père était toujours en vie. « Boureima Ouédraogo est venu négocier une portion de terre avec notre papa, afin de cultiver et cela a duré des années. Plus de 20 ans après le décès de notre père, Boureima Ouédraogo nous amène des titres de propriété soit disant qu’il avait payé des terres avec notre papa. Et nous lui avons dit que nous ne sommes pas au courant de cette vente car notre papa ne nous a jamais parlé de cette vente de son vivant. Donc qu’est-ce-qui prouve qu’il dit vrai ? C’est pourquoi nous nous sommes opposés », a expliqué Bakary Sanou.

Bakary Sanou, l’un des fils de feu Sanou

Selon lui, les documents que possède sieur Ouédraogo sont faux car ils ne porteraient aucune trace de leur défunt père. Face au refus des fils de feu Sanou de reconnaître cette vente de terre à Ouédraogo, ce dernier aurait saisi la justice qui a tranché en sa faveur. Pendant ce temps, les fils Sanou avaient déjà vendu des portions de cette partie attribuée à Boureima Ouédraogo. Ayant donc obtenu gain de cause en justice, il fallait donc appliquer la décision de justice. C’est ainsi que Boureima Ouédraogo a décidé d’entamer la procédure de déguerpissement des populations déjà installées sur son terrain.

Cette opération n’aboutira pas puisque les fils Sanou vont s’y opposer. Ils restent sur leur décision. « Pas question de céder car nous avons la certitude que notre papa n’a pas vendu de terre à Boureima Ouédraogo. Les populations qui sont installées ici, ce sont nous qui leur avons vendu ces parties. Nous pensons que les autorités ne jouent pas franc jeu avec nous en tranchant en faveur de Boureima. C’est pourquoi nous leur demandons de rester à l’écart de cette affaire car nous ne voulons plus le voir sur nos terres », a lancé Sogossin Sanou, un autre fils de feu Sou Sanou.

Sogossin Sanou, un autre fils de feu Sou Sanou

Environ huit hectares, c’est la superficie de terre que Boureima Ouédraogo affirme avoir acheté avec le défunt de son vivant. Selon Moussa Sanou, le fils aîné du défunt, tout ce que son père faisait, il lui disait. « Donc s’il a avait vendu des terres il allait me le dire », dit-il. Il a par ailleurs fait savoir que le chef du village avait été saisi concernant cette affaire. « Nous sommes allés chez le chef du village qui avait trouvé une solution à l’amiable. Le chef avait suggéré qu’on lui trouve une portion de terre comme il a été pendant des années aux côtés du papa. Mais à notre grande surprise il a refusé cette proposition », a-t-il laissé entendre. Même face à la décision de justice, les héritiers de feu Sanou ne comptent pas se laisser faire et ils disent être prêts à tout pour défendre leur héritage.

« C’est une décision de justice que nous appliquons », selon la famille Ouédraogo
Dans le souci de l’équilibre de l’information, nous avons tenté d’entrer en contact avec Boureima Ouédraogo qui, a d’abord voulu échanger avec ses enfants avant de nous livrer sa version des faits. Le lendemain, c’est l’un de ses fils qui nous rappelle au téléphone. « Etant donné que le papa est très âgé, nous ne souhaitons pas qu’il s’affiche dans les médias. Nous allons vous diriger vers nos avocats et l’huissier qui sont chargés de notre dossier pour plus de détails », a-t-il livré.

Les fidèles du temple Béthel (temple construit sur le site à conflit) présents sur le site lors de la rencontre avec la presse

Malheureusement nous n’aurons pas les détails du dossier avant la semaine prochaine car, compte tenu de son « agenda chargé », l’avocat de sieur Ouédraogo nous a donné rendez-vous pour le lundi 14 novembre 2022. Mais à en croire le fils de monsieur Ouédraogo qui n’a pas voulu trop se prononcer, « le déguerpissement n’est juste qu’une simple exécution d’une décision de justice ». Selon lui, certaines personnes (déjà installées), avaient déjà contacté son père Boureima Ouédraogo pour lui demander une partie de son terrain.

« Le papa leur avait fait savoir qu’il était en train de poursuivre la procédure d’obtention des papiers et il leur avait demandé d’attendre la fin de la procédure, là ils allaient pouvoir discuter. Ils ont doublé le papa et ils sont allés voir un certain Millogo qui les a induits en erreur. C’est ce Millogo qui a conduit ces personnes installées sur le terrain aux fils de feu Sanou. Ces derniers ont vu que l’offre était alléchante, ils ont pris l’argent et ils ont cédé une partie du terrain alors que notre papa avait déjà acheté son terrain et il a un acte de vente qu’ils ont signé entre le défunt et notre papa », nous relate le fils de Boureima Ouédraogo.

« Lorsque nous sommes allés au tribunal, les fils Sanou ont fait savoir que leur papa avait simplement loué le terrain à son ami qui est notre père et que ce n’était pas une vente. Le tribunal leur a demandé d’apporter un contrat de location (…). Le tribunal a tranché en faveur de notre père en première instance. Ils ont fait appel et on a encore tranché en sa faveur et il a un arrêt. Pour exécuter cet arrêt, il est passé par un huissier. L’huissier est allé dans un premier temps pour le déguerpissement et ils ont négocié pour avoir un délai. Ils ont fait la promesse d’enlever leurs matériels eux-mêmes. Ce qu’ils n’ont pas respecté. L’huissier est reparti la dernière fois encore et ils ont voulu que le déguerpissement ait un visage humain. Ils ont pris un engagement écrit pour enlever le matériel eux-mêmes. Si après cet engagement ils organisent des conférences de presse, c’est que quelqu’un est en tort. Pour des raisons de sécurité nous n’aimerions pas avoir à faire à la presse. Si la presse veut de plus amples informations qu’elle s’adresse à nos avocats », a-t-il suggéré.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 novembre 2022 à 14:55, par S. DIALLO En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    C’est le pouvoir de la rue. Chacun fait sa loi et veut l’imposer. L’état doit faire respecter les décisions de justice. Force doit rester à la loi.

  • Le 9 novembre 2022 à 15:09, par Baye Babou En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Et tous les gens qui sont derrière là, ce sont des héritiers ? Ou bien c’est encore un coup de la France et puis les pro-Irissi sont déjà mobilisés ? (^_^)

  • Le 9 novembre 2022 à 16:49, par Somnoma de Koubri En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Cette histoire, nous la connaissons trop bien. Les gens ne vous diront jamais la vérité. La justice au Burkina ne cherche pas résoudre les problèmes. Elle est incompétente et refuse de se déclarer incompétente quand ce type de problème se pose (pourtant elle a le droit de se déclarer incompétente) mais se cache derrière son statut pour ne pas se regarder en face. La justice burkinabé est mal équipée pour les questions du foncier. À plusieurs reprises, des gens ont utilisé des travaux d’artistes ou de faussaires et ont pu convaincre la justice ou l’administration parfois avec peut-être un peu de corruption et le tour est joué. J’ai vu des documents de conseil de famille, où aucun membre de la famille n’a signé, qui ont été utilisés pour revendiquer des documents ou réclamer de la propriété. Et ça marche ; parce que le premier à aller en justice est souvent vu comme étant celui qui a raison. Ce qu’il faut quand vous achetez un terrain, il faut des témoins et ce n’est pas votre frère ou votre ami. Chercher vraiment au moins trois témoins, dont au moins un dans l’administration. Chaque fois les gens partent dire qu’ils ont acheté telle ou telle propriété. Ils attendent que la personne concernée, à savoir le propriétaire décède, et ils vont sortir des documents qu’on peut fabriquer pour aller réclamer. Sans trois témoins dont un assermenté, c’est difficile à prouver. Dans certains cas, quand la police rougit l’oeil et cuisine bien, les gens commencent à sortir des informations qu’ils ne voulaient pas dire. N’ACHETER JAMAIS DE TERRAIN SANS TROIS TEMOINS DONT AU MOINS UN notaire ou un DE L’ADMINISTRATION QUI ENREGISTRE L’INFORMATION DANS LES DOCUMENTS. Tout le reste est contestable. Si vous comptez sur la justice, c’est parce que vous pensez qu’elle peut protéger alors que la situation actuelle nous prouve que la justice ne peut protéger que si tous les gens impliqués s’accordent de bon esprit. Je connais une famille ou le dernier survivant a quitté le pays pour ne pas mourir d’empoisonnement ou d’accident pour une question de terrain. SI VOUS POUVEZ AVOIR DIX TEMOINS, C’EST ENCORE MIEUX.
    Moi celui qui va me voler ma parcelle devra me tuer d’abord.

    • Le 9 novembre 2022 à 20:04, par Padac En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

      Tout à fait d’accord avec votre analyse. Le problème foncier est une bombe a retardement qui va venir tôt ou tard si l’on n’y prend pas garde. En plus dans cette affaire , on ne peut pas faire confiance à quelqu’un. Car il y a eu des cas où le chef ou un membre de la famille a vendu la cours sans en informer les autres et même découvert , il nie tout en bloqué d’avoir poser l’acte. Dans ce genre d’histoire il faut une enquête approfondie de la gendarmerie ou la police situé les responsabilités de chacun avant que la justice ne tranche sur la base de papier qui être faux...Il faut de la part des autorités, un véritable regard recadrage sur le foncier ainsi que les agences immobilières.

  • Le 9 novembre 2022 à 16:55, par KN En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Honnêtement il faut que l’État prenne ses responsabilités
    On doit arrêter de croire que lorsqu’on est musclé on a raison.
    Le Papa a vendu pour s’occuper de vous et vous dites qu’il ne vous a pas informé. A votre tour vous avez vendu et vous n’avez pas informé vos enfants. Quand est ce que ce cirque va s’arrêter. Vous pensez que c’est après vous. Vos enfants également viendront mettre en cause vos actes de vente car ils n’ont pas été associés et leurs comportements hérités de vous va se poursuivre. Mais comme quand quelque chose est inqualifiable on dit que c’est la France qui est derrière on va donc s’aligner derrière cette logique.

  • Le 9 novembre 2022 à 19:41, par internaute En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Si le seul temoin vivant dans cette histoire c’est une seule personne, pourquoi la justice lui donne raison ? Avec les outils informatiques et des faussaires assermentés, de faux documents peuvent être produits et induire les magistrats en erreur (pour les plus vertueux bien sûr). Et non ceux de même acabit qui ont déclaré un non-lieu dans l’affaire Norbert-Zongo.
    Si j’étais magistrat j’allais avoir peur de Dieu et refuser de juger ces genre de dossiers où il y a des doutes.

  • Le 9 novembre 2022 à 21:17, par Renault HÉLIE En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Que cela serve de leçon :
    Voilà ce qui arrive quand on laisse « la rue » prendre le pas sur « l’état de droit », les juges, les notaires, l’état légal choisi en toute connaissance de cause par le peuple à travers une démocratie élective impeccable.

    Ceux qui cherchent à « réinventer l’eau tiède » sous forme d’un improbable « pouvoir populaire » donné à des bandes d’émeutiers, tant pis pour eux : ils seront relégués à l’arrière de la cour, là où l’on place les épluchures, les os de poulet et les vieux noyaux de mangue.

    L’ochlocratie, le gouvernement par la foule émeutière, la force brute, ce n’est pas ainsi qu’on crée un solide état moderne... voir plutôt la trajectoire de Rawlings au Ghana, il a su « virer sa cuti » à temps, lui.

  • Le 9 novembre 2022 à 21:27, par Patarbtalle En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    La prochaine bombe au Burkina reste la question foncière. Il faut que l’Etat soit fort pour réguler la question pendant qu’il est temps. Le Burkina est devenu un champ de partage. Chacun verra dans son entourage proche ou lointain que le problème est là. La terre est devenue un bien marchand avec toutes les spéculations possibles.

  • Le 10 novembre 2022 à 01:03, par Gohoga En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Les ADF feu Sanou ont quel document ? Il suffit de comparer les documents des uns et les autres pour comprendre. Dans tous les cas, la faute provient du legislateur qui dit que la terre appartien aux proprietaires terrien sans préciser qui est propriétaire terrien ? Comment le devient-on ? Si on avait précisé comme dans beaucoup de pays. En occident par exemple, est propriétaire terrien le detentaire des titres en son nom et qui paie les impôts. Malheureusement au Foso personne ne veut payer les impôts.

  • Le 10 novembre 2022 à 09:50, par YAWOTO En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Sans être du droit, une décision de justice se fonde sur des faits et des actes (documents) non sur des paroles du genre" mon père ne peut pas faire ça sans m’informer". Les juges de premières instances et ceux d’appel peuvent-ils avoir tous été roulés dans la farine avec de faux documents ? ou par la corruption ? Je pense que non ! Et pourquoi sachant que le terrain était litigieux les enfants se sont-ils empressés de le vendre à plusieurs personnes, pour avoir cette foule derrière eux et exercer une pression ? A ceux qui dise que l’autorité judiciaire doit s’écarter de ce genre de dossier, nous sommes dans quel pays ? Un état de droit ou bien une jungle ? Force doit rester à la loi, et les décisions de justices doivent s’exécuter de gré ou de force. Personne n’est à l’abri dans un Etat faible , incapable de faire exécuter une décision de justice parce que ça n’arrive pas qu’aux autres, que chacun y réfléchisse.

  • Le 10 novembre 2022 à 12:01, par warzat En réponse à : Arrondissement 4 de Bobo-Dioulasso : Un conflit de terrain oppose les enfants d’un défunt à son ami

    Le foncier est une véritable bombe à retardement. Heureusement pour nous qu’un avocat est venu entre temps mettre un peu d’ordre. Autrement à Bobo ce n’est rien. Dans les environs de Ouaga, les jeunes ont vendu toutes les terres et acheter des grosses motos et même des véhicules pour certains. Dans moins de 5 ans ce sera de grands brigands pour la ville de Ouaga.

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