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Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

Publié le lundi 31 octobre 2022 à 19h05min

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Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

Le mardi 25 octobre 2022, les Burkinabè découvraient le gouvernement du Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tambela. Moussa Sanou, analyste, enseignant de philosophie à Bobo-Dioulasso, a donné son avis sur la composition du nouvel exécutif, le mercredi 26 octobre 2022.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous le casting du gouvernement de Me Apollinaire Kyelem ?

Moussa Sanou : Ceux qui composent ce gouvernement rencontrent un peu l’assentiment de la population parce que de façon générale, les gens ont indexé les hommes politiques, et ils ne souhaiteraient plus voir certains hommes politiques dans cette gestion de la transition pour certaines raisons. D’aucuns estiment que tant que les hommes politiques sont dedans, non seulement ils vont continuer d’entacher la gestion avec les dérives constatées dans leur gestion passée.

Secundo, les gens se disent que tant qu’il y a des hommes politiques dans le gouvernement, ils vont certainement œuvrer dans le sens de ramener le pouvoir démocratique d’Etat vers leurs aspirations partisanes. C’est pour ça que les gens souhaitaient vraiment que ce soit une équipe d’acteurs vraiment renouvelée. Ici, nous remarquons qu’on n’a pas trop tenu compte des hommes politiques, des têtes d’affiche que nous connaissons et quand ce sont des personnes en majorité inconnues comme ça, ça peut aussi rassurer. Ici, avec des gens moins connus, on peut estimer ou espérer que ce sont des gens assez neutres. Et à ce titre là, ça rassure un peu la population.

Le casting, pour l’apprécier de mon point de vue, il faut tenir compte de l’environnement dans lequel ça s’est passé et du timing pour constituer le gouvernement. Entre la désignation du chef de l’Etat après les assises, la nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement, il s’est passé moins d’une semaine. Donc arriver à un tel résultat quelques jours après est appréciable. Et maintenant quand vous considérez l’environnement, vous constatez que le contexte socio-politique n’est pas stable, et les attentes sont nombreuses. Les gens ont des aspirations qu’il faut forcement prendre en compte.

Que pensez-vous du nombre de portefeuilles et de la fusion des ministères ?

Jusque-là, je considère que le président Traoré est en train de suivre une ligne qu’il nous a dictée dès le départ, et on considère qu’il est toujours sur cette ligne de départ. Le Premier ministre également, quand il a été nommé, avait prévenu les gens qu’il n’allait pas dépasser un certain nombre de portefeuilles ministériels. Et aujourd’hui, nous avons un gouvernement de 23 ministres. Je pense que c’est bon à prendre parce que ça répond effectivement aux attentes d’une bonne partie de la population. Les gens estiment que nous n’avons pas assez de moyens, que les dépenses sont trop élevées et qu’il faut travailler à les réduire. Je pense donc qu’un gouvernement de 23 membres répond effectivement à cette préoccupation.

Estimez-vous que le gouvernement gagne réellement en efficacité en réduisant le nombre de portefeuilles ?

Je pense qu’il faut plutôt s’interroger sur l’efficacité des hommes qui sont appelés au gouvernement. Avec la réduction des postes, si vous avez des gens dynamiques, des gens qui ont une vision assez claire de leurs missions, en principe, ils doivent pouvoir faire le travail attendu. C’est pour vous dire que l’efficacité n’est pas forcement liée au nombre. Ici, tout est question d’organisation. Vous allez voir que dans certains pays développés, on n’a pas ce nombre de ministres mais ils arrivent à fonctionner. S’ils s’organisent pour que le travail à la base est correctement fait, ils peuvent aussi s’en sortir.

A quoi le gouvernement doit s’attaquer prioritairement en dehors de la question de l’insécurité ?

Le gouvernement a déjà annoncé ses objectifs. Et le premier objectif, c’est la question sécuritaire qui préoccupe tout le monde. Mais au-delà de cela, le gouvernement lui-même a décidé de s’attaquer déjà à la question du bien-être du burkinabè, de la vie chère. Le troisième objectif que le gouvernement devrait viser, c’est revoir un peu la question de notre administration. Il faut une gestion vertueuse et je pense que si ces trois éléments sont réunis, on doit pouvoir arriver à une satisfaction totale.

Quels sont les écueils à éviter par ces ministres pour mieux gouverner le pays ?

A mon avis, le gouvernement est sur le bon chemin. Quand vous examinez sa composition, vous constaterez que la question de la réconciliation par exemple a été un peu mise au second plan. Mais pour réconcilier les Burkinabè, il faut que l’administration fonctionne bien, que chacun puisse être situé par rapport à ce qu’il doit faire et qu’il le fasse bien. Il faut aussi que les ressources du pays soient bien reparties au sein de la population. Dès que la population se rend compte que c’est une minorité qui profite des ressources du pays, ça va poser problème. C’est pour cela que j’ai dit tantôt qu’ils sont sur le bon chemin parce qu’à l’ALT, nos futurs députés ne seront pas rémunérés mensuellement mais en fonction des sessions. Déjà ça montre que les ressources sont en train d’être gérées autrement. La réduction du nombre de ministères du gouvernement répond aussi un peu à cette attente-là. Au niveau de la lutte contre la corruption, le gouvernement doit donner l’exemple et pouvoir taper du poing sur la table. Si le gouvernement arrive réellement à s’inspirer de Thomas Sankara, je pense qu’il y a beaucoup d’écueils qui qui seront automatiquement gérées.

Avez-vous des attentes ?

Les attentes, en dehors de ce que le gouvernement prévoit déjà de faire et en dehors des défis que nous venons d’évoquer, il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition qui est là pour une durée réduite. S’ils arrivent à se concentrer sur le minimum que les Burkinabè attendent, ils vont refonder notre Etat. Si la question de la vie chère est réglée, si la question sécuritaire est résolue, un gouvernement issu d’une élection démocratique pourra s’occuper du reste. Ce que j’attends également de ce gouvernement, c’est de travailler à nous libérer des emprises du colonialisme avant qu’un pouvoir démocratique ne vienne prendre le relais.

Propos recueillis par Haoua Touré
Lefaso.net

Légende photo
AB1 : Moussa Sanou, analyste, enseignant de philosophie à Bobo-Dioulasso.

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Vos commentaires

  • Le 30 octobre 2022 à 22:22, par Deme Benjamin En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    Oui effectivement c’est une transition mais si ce même nouveau gouvernement arrivait à relever le défi alors le peuple va les exiger nouveau puis que ce que l’on vote sont des politiciens malhonnêtes qui font que piller et préparer l’avenir de leurs enfants

  • Le 31 octobre 2022 à 06:35, par Wendinmi En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    Pourquoi avons-nous trop attendu du gouvernement Damiba qui n’était aussi qu’une transition ? Ce sont les deux pieds deux mesures qui nous ont toujours créé les problèmes. Seul Dieu sauvera le Faso.

  • Le 31 octobre 2022 à 08:52, par jan jan En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    Il vaut mieux que l’on leurs demande beaucoup pour qu’ils nous donnent peut que de leur demander peut pour qu’ils nous donnent rien de bon.

  • Le 31 octobre 2022 à 13:14, par Sawadogo Alain En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    Merci notre Dieu tout puissant d’avoir permis que cette nouvelle équipe soit mise en place. Puisse Dieu remplir chaque membre du Gouvernement avec un Esprit Saint plein de sagesse, d’humilité. Que leurs actions aboutissent à la libération physique et spirituelle de notre chère patrie le Burkina Faso.

  • Le 31 octobre 2022 à 13:52, par songwende En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    J’avoue que je cherche en vain la pertinence de cet article.
    Si on publie une interview complète article sur l’appréciation d’un nouveau gouvernement, on choisit un interviewé qui est une référence en la matière. En quoi mr Sanou est un référence en analyse politique pour que Fasonet aille l’interviewer ?
    On nous dit qu’il est analyste , enseignant de philosophie à Bobo ? Dans quel centre de recherche travaille t’il ? De quelle université relève t’il ? Est il enseignant de lycée dans la privé ? est il enseignant e lycée public ? enseigne t’il à l’université ? On ne sait pas.
    Le résultat n’est pas étonnant. Mr Sanou a simplement récite des lieux communs.L’analyse qu’il fait n’a rien de nouveau et rien de substanciel.
    J’ai plutot l’impression d’une affaire de copinage de la part du journaliste.
    Faites attention !C’est comme cela qu’on détruit la qualité d’un journal.
    Je sais que vous n’allez pas publier mon commentaire.Mais au moins, lisez le attentivement et notez les conseils que j’ai donnés

    • Le 31 octobre 2022 à 18:44, par Juste En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

      Mr Songwendé, quand on opine sur une question, il revient aux lecteurs de partager aussi leurs opinions s’ils ne sont pas d’accord avec ce qui est dit. Ce n’est pas pour rien que le journal a prévu de la place pour les commentaires. Ici, vous, vous ne faites que vous attaquer à l’interviewer qu’à son opinion. Et du coup, vous devenez le problème dans cette affaire.

      Vous devez respecter les lecteurs de lefaso.net qui ne sont pas forcément du niveau des interviewers que vous lui recommandez.
      Et d’ailleurs qu’est-ce que vos théories d’érudits ont pu apporter au Burkina jusque là. Nous préférons d’ailleurs ces analyses "de bas niveau" (selon vous) qui cadrent avec nos réalités que les vôtres qui sont importées et ne font qu’égarer nos dirigeants. D’ailleurs, je vous rappelle que notre président a le même niveau qu’un professeur de lycée, mais n’empêche qu’il te dirige.
      Coordialement !
      Si vous êtes vraiment ce que vous prétendez être, nous attendons votre lecture des choses par rapport au sujet.

  • Le 31 octobre 2022 à 22:52, par Nonce En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    Mr songwendé, en vous lisant, on a l’impression que vous avez un problème personnel avec l’analyste. Voilà pourquoi le pays n’avance toujours pas malgré les multiples changements. Tant que vous n’acceptez pas laisser vos intérêts égoïstes de côté, on a beau mettre l’homme qu’il faut à la tête de ce pays, la gestion va lui être dur, a cause des gens comme vous. Épargne nous des jugements de personnes ici. Donne nous ton point de vue sur la situation actuelle du pays et comment nous en sortir, c’est de ça qu’il s’agit. Désolé si mon point de vue te frustre

    Si

  • Le 31 octobre 2022 à 22:59, par feneme Ouattara En réponse à : Gouvernement Kyelem : « Il ne faut pas trop leur demander parce que c’est un gouvernement de transition », estime Moussa Sanou

    A la lecture de cette tribune, je me rappelle de d’une boutade du Roi Christophe dans "La Tragédie du Roi Christophe" qui martèle à sa femme : " je demande trop au Blanc, pas assez au Noir, madame".
    C’est cela que me rappelle ce titre très fin de l’éminent enseignant de philosophie.
    Je n’ai pas besoin de savoir si vous êtes bariolé de diplôme ou d’expériences ou pas.
    Peu importe le grade dans les niveaux d’enseignements. Je constate tout simplement que vous avez assumé votre part contributive à la réflexion. Chacun de nous, quelque soit notre classe sociale, nous avons à apporter notre pierre à la construction de cette Nation arc-en-ciel ! Lorsqu’on ne vous invite pas au chapitre, sachez vous y inviter et prouver que vous comptez et que l’on doit vous compter.
    Merci monsieur SANON Moussa pour votre essai. Le maillon du système que l’on croit faible, a son importance dans l’ensemble.
    Le mal endémique de l’intellectuel issu du système français, c’est la "diplomite". Il a quel diplôme de quelle université ? 🤣🤣.
    Le contraire du système anglo-saxon où on te demandera ce que tu sais faire...
    Je ne m’intéresse pas, personnellement à " quel est son background" mais plutôt " le contenu de sa tribune apporte-t-il un plus à la réflexion ?
    C’est plutôt de cela qu’il s’agit.Quant au contenu de la réflexion, monsieur SANON Moussa aborde avec réalisme le sujet brûlant de l’heure que je peux résumer en ces termes : " le gouvernement actuel peut-il relever les défis et les grandes attentes des populations ?
    Merci à monsieur SANON Moussa son optimisme et son réalisme. Que Dieu bénisse le Burkina Faso 🙏🙏

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