La nouvelle du report de la 16e édition du SIAO a déçu plus d’un artisan. Eux qui avaient placé de nombreux espoirs dans cette édition pour relancer leurs activités, se trouvent confrontés à un nouveau report, après le rendez-vous manqué de 2020 du fait de la covid-19. A en croire François 1er, créateur de mode qui prend part au SIAO depuis 2008, ce report est très préjudiciable aux artisans, au regard des investissements engagés.

Le concernant, il affirme avoir investi 1,5 millions de francs CFA dans la location du stand et la communication autour de sa participation au salon. A cela s’ajoute les ressources financières engagées pour acquérir la matière première devant servir à préparer la collection à exposer au SIAO, qu’il évalue à un peu plus de dix millions de FCFA. Et si d’aventure cette biennale de l’artisanat venait à être définitivement annulée, il se retrouverait avec un stock supplémentaire de vêtements à écouler.

Rasmané Sourwèma, artiste modeleur-fondeur

Rasmané Sourwèma, artiste modeleur-fondeur au Village artisanal de Ouagadougou, se dit complètement déçu par le report de la fête de l’artisanat. Lui qui espérait faire de bonnes affaires vu la rareté des visiteurs et des touristes à cause de la crise sécuritaire, est tombé des nues quand il a appris la nouvelle du report. Devant exposer, il affirme avoir fabriqué un nombre important d’objets en bronze qu’il comptait écouler au SIAO. « On a même pris des prêts et investis les économies qu’on avait pour fabriquer ces objets. Et tout cela va au-delà de six millions de FCFA, sans compter la location du stand », déplore-t-il.

Ousseni Bandé, artiste plasticien peintre, soutient quant à lui que ce report était prévisible au regard des derniers évènements survenus au Burkina Faso le 30 septembre et jours suivants. « Si on tenait le SIAO malgré tout alors qu’il n’y a pas de gouvernement, l’évènement n’aurait pas eu la même portée. Qui allait faire l’ouverture ? Il y a tous ces aspects-là. Personnellement j’avais vu le report venir », dit-il. Visiblement pas autant touché que ses collègues artisans, Ousseni Bandé reconnaît tout de même que ce report est malheureux, vu les espoirs nourris par les uns et les autres. Les contacts avec les acheteurs professionnels et les artisans venus des autres pays, la visibilité donnée à leur art, l’écoulement de leurs produits, voici autant de choses qui vont échapper aux artisans si la 16e édition du SIAO n’est pas effective, ajoute Ousseni Bandé.

Ousseni Bandé, artiste plasticien peintre

Reprogrammer le SIAO en 2022, est-ce possible ?

A entendre François 1er, reporter le SIAO ne porte pas seulement préjudice aux artisans mais également à l’Etat qui a investi dans la préparation du salon. Cela, sans compter le fait qu’à force de programmer et déprogrammer l’activité, les participants à l’international pourraient à la longue ne plus lui accorder trop de crédibilité. Le créateur de mode pense qu’il sera difficile de reprogrammer la biennale de l’artisanat de sitôt, si l’on veut compter les acheteurs internationaux parmi les participants. Il précise que ceux-ci ont des calendriers bien établis et souvent déjà bouclés sur toute l’année. Un nouveau report ne leur permettrait donc pas de se dégager pour assister au salon. Si l’on veut forcément reprogrammer le SIAO en 2022, il faudrait peut-être faire une édition entre artisans nationaux, sans l’adhésion internationale, pense François 1er.

François 1er, créateur de mode

Ousseni Bandé lui pense que changer de date pourrait dérouter quelques peu les participants qui sont habitués à la périodicité du SIAO qui commence généralement dans la dernière semaine d’octobre pour s’achever dans la première semaine de novembre. Il propose donc de ramener la 16e édition à fin octobre 2023, quitte à tenir la 17e édition en 2024.

L’un dans l’autre, les artisans espèrent qu’une solution soit trouvée à la tenue de la biennale de l’artisanat africain, afin qu’ils puissent vivre du fruit de leur art.

Armelle Ouédraogo/ Yaméogo
Lefaso.net