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Côte d’Ivoire : Maintenant, au travail !

Publié le jeudi 29 décembre 2005 à 00h00min

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"Garantir la sécurité et le redéploiement de l’Administration et de ses services publics sur l’ensemble du territoire ivoirien, conduire le programme de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et les opérations de désarmement et de démantèlement des milices, assurer l’équité de l’opération d’identification et d’inscription des électeurs", tels sont les principes établis dans l’accord de Marcourcis.

Et l’article 8 de la résolution 1633 le précise pour permettre au Premier ministre de disposer de tous les pouvoirs pour sortir le pays d’Houphouët Boigny du bourbier dans lequel il se trouve depuis le 19 septembre 2002. Il faut rappeler qu’après le départ de Seydou Diarra, il a fallu attendre le 4 décembre 2005 pour voir la nomination de Charles Konan Banny, avec pour mission la formation d’une nouvelle équipe. Trois semaines durant, le nouveau locataire de la primature consultera toutes les composantes de la société ivoirienne pour constituer son groupe.

La tâche ne fut pas du tout aisée compte tenu des revendications des différentes formations politiques. Et l’on retient que parmi les points de blocage, il y avait l’attribution de ministères-clés tels ceux de l’Economie, de la Défense et de la Sécurité.

Alors qu’on se demandait combien de temps durerait encore le suspense, voilà que tombe la décision n°2005-001 du 28 décembre 2005 établissant la liste des membres du gouvernement de transition. Au vu de sa configuration, les observateurs avertis estiment que Charles Konan Banny a réussi à former une équipe consensuelle.

Car Banny, outre ses fonctions de Premier ministre, cumule celles de ministre de l’Economie et des Finances, et de ministre de la Communication. Aussi va-t-il déléguer plusieurs responsabilités. C’est le lieu de le dire avec un ministre délégué aux Finances en la personne de Charles Diby, jusque-là ancien directeur général du Trésor. Quant à Paul Bohoun Bouabré, l’ex-grand argentier du pays, il obtient le portefeuille du Plan et du Développement.

Peut-on dire que Konan Banny a quelque peu surpris en octroyant deux portefeuilles importants à des hommes peu connus du grand public ? Ce qui est sûr, le magistrat Aphin René Kouassi devient ministre de la Défense, et l’ancien patron des renseignements généraux, Joseph Dja Blé, occupera le poste de l’Intérieur.

Autre spécificité de ce nouveau gouvernement qui passe de la quarantaine à la trentaine de membres, il comporte au moins un ministre d’Etat, qui n’est autre que le patron des Forces nouvelles, Guillaume Soro, chargé de la Reconstruction.

Le numéro deux des Forces nouvelles, Louis Dacouri Tabley, fait son entrée au gouvernement au poste de ministre des Victimes de guerre. A bien y voir, l’équilibre défini à Marcoussis entre les quatre poids lourds du pays, FPI (Front populaire ivoirien, au pouvoir), PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, ex-parti au pouvoir), RDR (Rassemblement des républicains, opposition) et Forces nouvelles (ex-rébellion) est préservé, même si le FPI a moins de portefeuilles que dans le précédent gouvernement.

Comme le faisait aussi remarquer un observateur, s’il y a beaucoup de nouvelles têtes qui font leur apparition, on retrouve aussi les grandes figures de la précédente équipe : notamment Hubert Oulmaye ou Danon Djédjé pour le FPI, Gon Coulibaly et Akhmet Bakayoko du RDR, qui perd Henriette Diabaté ; au PDCI, Achi Patrick conserve son poste aux Infrastructures. On semble accorder les violons de part et d’autre pour dire que cette équipe s’inscrit dans la continuité pour une bonne part.

Quant à sa feuille de route, elle est d’ores et déjà tracée par la résolution 1633 votée par les Nations unies en octobre dernier. Finie la récréation, est-on tenté de dire, car l’heure est maintenant au travail. Charles Konan Banny et son équipe ont donc dix (10) mois pour effectuer le désarmement et préparer l’élection présidentielle. C’est donc dire qu’à partir de maintenant, les minutes devront minutieusement compter.

Charles Konan Banny pourra-t-il réussir là où son prédécesseur Seydou Diarra a échoué ? Le nouveau Premier ministre devra peser de tout son poids et de sa personnalité pour mener à bien l’action gouvernementale. Il a pour cela dix (10) mois, ce que certains estiment déjà comme un délai trop court. Mais si Banny a les mains libres et s’il met les bouchés doubles, il pourra remettre sur les rails la locomotive de l’économie de toute la sous-région qui ahane depuis le 19 septembre 2002.

Pierre Tapsoba
Observateur Paalga

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