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Lutte contre les carences en micronutriments : Les activités du projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest sont lancées

Publié le mercredi 28 septembre 2022 à 19h00min

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Lutte contre les carences en micronutriments : Les activités du projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest sont lancées

Ouagadougou a abrité ce mercredi 28 septembre 2022, le lancement officiel d’un projet sous-régional de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest. Porté par l’ONG Catholic Relief Services (CRS), ce projet de 18 mois (30 juin 2022 au 31 décembre 2023) d’une enveloppe financière de 2 millions de dollars (soit 1 372 800 000 francs CFA) a bénéficié de l’appui financier de la Fondation Bill & Melinda Gates. La cérémonie de lancement était placée sous le haut patronage du ministre de la santé, le Dr Lucien Jean-Claude Kargougou et celui de l’enseignement supérieur, Pr Frédéric Ouattara. Étaient présents des invités venus de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Bénin, du Sénégal, et de la Tanzanie ainsi que des partenaires au niveau national.

En Afrique de l’Ouest, la malnutrition représente une menace sérieuse pour la santé humaine et le développement économique. Une femme sur deux en âge de procréer est anémique et présente des carences en micronutriments clés tels que le fer, la vitamine A, le zinc, le folate et l’iode. Un enfant de moins de 5 ans sur trois souffre d’un retard de croissance et 15% des nourrissons ont un poids insuffisant à la naissance. La dépendance à l’égard d’un régime alimentaire monotone est élevée, près de 15% des populations sont sous-alimentées et 78% des enfants de moins de deux ans n’atteignent pas la diversité alimentaire minimale.

Les participants de la présente cérémonie sont venus d’horizons diverses

La résolution de ce problème est complexe et ne peut être réalisée qu’à travers une approche multisectorielle et intégrée entre les acteurs, avec un engagement des secteurs publics et privés aux côtés des organisations non gouvernementales, des donateurs et d’autres acteurs clés. Soutenir les groupes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes filles, en Afrique de l’Ouest, afin qu’ils aient accès à des micronutriments et consomment suffisamment pour atteindre les objectifs régionaux en matière de nutrition à toujours été une priorité pour Catholic Relief Services (CRS) qui intervient au Burkina Faso depuis 1960.

C’est ainsi que l’agence mène un projet sous-régional de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest de 18 mois (30 juin 2022 au 31 décembre 2023), grâce à un financement de la Fondation Bill & Mélinda Gates estimé à hauteur de 2 000 000 de dollars (soit 1 372 800 000 francs CFA). Ce projet d’envergure sous-régionale, qui touchera les 15 pays de la CEDEAO, mettra dans un premier temps, un focus sur le Burkina Faso qui est un pays prioritaire pour la fondation Bill & Melinda Gates.

LSFF, selon la représentante résidente de CRS, Phillipa Sackett, est la concrétisation d’un mouvement régional pour réduire la prévalence de la malnutrition, surtout la carence en micronutriment

Il vise à étendre et améliorer l’enrichissement des aliments à grande échelle en Afrique de l’Ouest afin de combler le déficit en nutriments pour les femmes, les filles et les populations vulnérables, selon la représentante résidente de CRS, Phillipa Sackett. La mise en oeuvre de ce projet comportera deux phases. « Il s’agira de faire des études de recherche pour voir où sont les lacunes au Burkina Faso. Et après cela, dans la deuxième phase, voir les actions à prendre au Burkina Faso mais aussi dans tous les autres pays de la CEDEAO », a précisé Mme Sackett.

Situation alimentaire au Burkina Faso

S’exprimant au nom du ministre de la santé, Dr Estelle Dabiré a dépeint un tableau peu reluisant de la situation nutritionnelle au Burkina Faso. S’appuyant sur la SMART 2021, la secrétaire générale (SG) a indiqué que les prévalences de la malnutrition aiguë, chronique et de l’insuffisance pondérale au plan national sont respectivement de 9,7% ; 21,6% et 17,5%. « Derrière ces taux révélateurs se cache une alimentation monotone, non diversifiée et pauvre en toute mesure. Même la consommation du sel selon les normes pose problème », soutient Mme Dabiré.

La secrétaire générale du ministère de la Santé, Dr Estelle Dabiré, a traduit la gratitude du gouvernement à la fondation Bill & Melinda Gates

En effet, bien que la norme nationale pour le sel de consommation à la maison soit de 15,0 à 20,0 ppm d’iode, l’enquête nationale sur les micronutriments a révélé que sur 852 échantillons testés, 8% n’avaient pas d’iode, 35% avaient une quantité insuffisante d’iode, et 27% avaient une quantité adéquate d’iode. Et à la SG de se demander si les femmes et les enfants peuvent développer pleinement leur potentiel en étant soumis à un tel régime ? Au regard de ce qui précède, elle s’est réjouie de la mise en œuvre des activités de ce projet qui, à l’en croire, est en phase avec le plan stratégique multisectoriel de nutrition et le plan de lutte contre les carences en micronutriments de son département.

Parlant des recherches et des évaluations qui sont prévues dans le cadre de la première phase, elle a relevé qu’elles vont certainement mettre à la disposition du ministère des évidences probantes pour l’avancée du secteur de la nutrition et serviront de base pour de futurs projets et programmes. Mais pour l’heure, Mme Dabiré a renouvelé l’engagement du gouvernement burkinabè aux côtés du CRS pour la réussite de la mise en œuvre de ce projet.

Visite des stands d’exposition

Des attentes à l’endroit des gouvernants

L’Association des industriels de la filière oléagineuse (AIFO) de l’UEMOA et de la CEDEAO a été invité à la présente cérémonie pour partager son expérience dans la fortification des aliments consommés. « Depuis 2004, nos industries de la sous-région fortifient les huiles végétales que nous consommons en vitamine A et d’autres micronutriments. On nous a habitué à manger beaucoup de pain. Donc, nous fortifions également la farine produite de façon industrielle », a laissé entendre le secrétaire exécutif de l’AIFO, l’ambassadeur Euloge Hinvi.

Il en a profité pour marquer sa disponibilité et celle des autres à accompagner le projet pour qu’il soit un succès important pour les populations en général et des femmes et des filles en particulier. Au-delà de ce projet, les autorités ont un rôle important à jouer. Parce que, « nous constatons sur le terrain, qu’il y a beaucoup de produits qui ont été fortifiés. Mais est-ce qu’ils sont vraiment fortifiés ? Nous avons un travail de contrôle à priori et à posteriori à faire pour le savoir. Et là, nous sollicitons l’accompagnement de nos États, nos gouvernements à travers le ministère de la Santé, de l’Enseignement supérieur et d’autres départements ministériels comme le ministère du Commerce, pour qu’il y ait un meilleur contrôle de la qualité des produits qui rentrent de façon frauduleuse dans nos marchés (...) », a plaidé l’ambassadeur Hinvi.

Le secrétaire exécutif de l’Association des industriels de la filière oléagineuse de l’UEMOA et de la CEDEAO, l’ambassadeur Hinvi

Pour rappel, conformément à la philosophie d’intervention de CRS, le projet pour lequel les participants sont réunis ce jour sera réalisé avec des partenaires divers, engagés et à plusieurs niveaux ; parmi lesquelles les institutions régionales telles que l’OOAS, la CEDEAO, l’UEMOA, les ministères en charge de la santé, du commerce, de l’agriculture, et de l’enseignement supérieur. Une visite des stands d’exposition à mis fin à la présente cérémonie de lancement du projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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