Affaire Dabo Boukary : « Il n’y a que des complices, pas les auteurs », remarque Me Mathieu Somé (avocat de Gilbert Diendéré)
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La chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou tient sa 3e session, pour le compte de l’année judiciaire 2021-2022, du 19 au 30 septembre 2022, au Tribunal de grande instance Ouaga II. Dix-neuf dossiers sont inscrits au rôle, dont les affaires Dabo Boukary et Guiro Ousmane.
Pour cette session, il y a 42 accusés, 44 parties civiles, 107 témoins et une trentaine de chefs d’accusations, a indiqué le procureur général, Jean Jacques Ouédraogo. Ce sont des dossiers de crimes de sang et de crimes économiques.
« Nous avons une large palette d’infractions au-delà des dossiers emblématiques qui permettent d’évacuer les dossiers qui étaient-là depuis un bout de temps et qui menaçaient peut-être même de prescription pour certains », a expliqué le Procureur général. Parmi ces dossiers emblématiques, il y a ceux de Dabo Boukary (étudiant en médecine décédé en 1990) et Guiro Ousmane (ancien directeur général des douanes).
La présente session s’ouvre avec le dossier dit "ministère public contre Gilbert Diendéré, Mamadou Bamba et Victor Magloire Yougbaré ». Les trois accusés vont comparaître pour les chefs d’accusations suivants : « complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée », complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée, complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et recel de cadavre », « complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée ».
Pas de « folklore ».
Dès l’annonce de l’ouverture du dossier, les avocats se sont prononcés. « Je le prends avec soulagement, comme tous les Burkinabè parce que depuis un certain temps, il y a un long processus de restauration par la justice de l’État de droit », a indiqué Me Prosper Farama, l’un des avocats des ayants-droits de Dabo Boukary.
A l’exemple du procureur général, Jean Jacques Ouédraogo, Me Prosper Farama a également souhaité que le procès respecte les règles de droit de toutes les parties. « Mais aussi avec une attention particulière à la suite qui sera réservée aux éventuelles condamnations dans ce procès », a-t-il précisé. Pour Me Farama, ce procès ne doit pas être du « folklore ».
« La vérité tout simplement »
Ce n’est pas la même impression du côté de la défense des accusés. A la question de savoir si tout est réuni pour ce procès, Me Mathieu Somé, avocat de Gilbert Diendéré, n’est pas affirmatif. « Je ne pense pas, parce que, si vous remarquez, il n’y a que des présumés complices qui sont-là. Quand on parle de complicité, les auteurs, où sont-ils ? Je ne sais pas. De ce point de vue, je ne peux pas être affirmatif », relève Me Somé.
Toutefois, le conseil de l’accusé Gilbert Diendéré a souhaité la manifestation de la vérité. « Que cette vérité ne soit pas la vérité attendue, mais la vérité tout simplement », a exprimé Me Mathieu Somé.
Il faut noter que l’accusé Victor Magloire Yougbaré ne s’est pas présenté à la barre. Considéré comme un fugitif, le tribunal a décidé de le « juger par défaut ». Les trois accusés sont le Général Gilbert Diendéré, (capitaine au moment des faits), le Lieutenant-colonel Mamadou Bamba (étudiant au moment des faits) et Victor Magloire Yougbaré (sergent au moment des faits).
Cryspin Laoundiki
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