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Economie nationale : Sortir du piège de l’incivisme fiscal

Publié le vendredi 23 décembre 2005 à 08h06min

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Le budget de l’Etat, gestion 2006, s’élève à 792, 955 milliards de F CFA. Sur
cette somme, plus de la moitié est issue de la mobilisation des ressources
internes dites "ordinaires". Soit 461,472 milliards F CFA. Autant dire que le
gros de cette somme est constitué du cumul des impôts et taxes dont les
Burkinabè se seront acquittés honnêtement.

Le hic, c’est qu’ils ne se
bousculent pas pour accomplir ce qu’il convient d’appeler leur devoir fiscal.
Peut-il en être autrement dans un pays miné par l’incivisme et la corruption ?

Mais cette fois, l’administration des finances a décidé d’aller chercher les
mauvais payeurs et ceux qui ne payent pas du tout en se cachant derrière
certains artifices. Un fichier de tous les citoyens assujettis aux impôts et taxes
est en élaboration, et le secteur informel n’y échappera pas.

Tous les "gros
commerçants" qui se cachent dans le secteur informel seront ainsi
débusqués et se verront taxer 5% au cordon douanier, au titre de l’acompte.
L’Etat se donne ainsi les moyens de renflouer ses caisses pour exécuter le
programme du président du Faso fraîchement investi. Ces mesures, qui vont
se coupler à bien d’autres, sont même nécessaires et vitales pour le
fonctionnement de l’Etat.

Payer ses impôts est donc un signe d’appartenance à la nation et d’exécution
d’un devoir citoyen. Et on peut se réjouir que dans le cadre du budget 2006,
aucune hausse d’impôt n’ait été signalée. La tactique consiste donc à élargir
la base de l’assiette pour toucher le plus de contribuables.

Il ne faut cependant pas se voiler la face. Si certains passe-droits ne tombent
pas, l’incivisme ambiant actuel va perdurer. Car, il est des citoyens, et pas des
moindres, qui ne donnent pas le bel exemple. Se servant de leurs amitiés
politiques, et corrompant au besoin des agents de l’Etat, ils s’exonèrent du
paiement de toute taxe. Ce sont les suceurs de sang de la République.

Ce que le citoyen burkinabè attend du mandat du président du Faso, c’est
qu’il secoue le cocotier de l’impunité sous toutes ses formes. Que tous les
Burkinabè soient égaux devant le fisc. Cela passe par la traque des mauvais
payeurs et l’élargissement de la base des contribuables certes, mais aussi et
surtout par une transparence totale. C’est ainsi seulement que l’Etat aura la
confiance des contribuables et les incitera à s’acquitter volontiers de leurs
impôts.

C’est à ce prix que le taux de mobilisation des ressources internes
s’améliorera et permettra à l’Etat de respecter ses engagements en matière
de paiement de la dette intérieure.
Qu’est-ce qu’un Etat qui n’arrive pas à honorer les factures de ses
fournisseurs locaux à temps, dans des délais qu’il a lui-même fixés ?

Mais
d’aucuns diront : pas de recouvrement, pas de paiement. On tombe alors
dans un cercle vicieux. C’est d’abord à l’Etat, puissance publique d’honorer sa
dette intérieure. Faute de paiement des factures de ses fournisseurs, ceux-ci
se retrouveraient inévitablement à genoux et l’accomplissement du devoir
fiscal serait ainsi compromis.

Mais le problème est moins la qualité du système de recouvrement que celle
des hommes qui l’animent. Comment expliquer que le premier responsable
de l’Etat soit à jour de ses impôts et taxes, et que ses ministres et autres
administrateurs ne le soient pas autant ? Eux qui donnent ainsi le mauvais
exemple, pourquoi arrivent-ils à entraîner leurs ouailles dans leur sillage ?

Manifestement, certains Burkinabè n’ont pas encore compris l’intérêt de payer
les impôts. Mais à leur décharge, il faut que l’Etat fasse preuve de vertu en
balayant d’abord à sa porte et en respectant ses engagements régaliens
dans le domaine des prestations sociales, de la dette intérieure et de l’égalité
de tous devant le fisc.

Il appartient donc à l’administration en charge du recouvrement de savoir
allier fermeté, impartialité et ingéniosité dans son action. Mais le vrai signal
doit venir du sommet de l’Etat. Le politique doit créer de la visibilité autour de
l’usage des impôts et taxes afin de dissiper l’impression qu’ont beaucoup de
nos concitoyens, qu’au sein de l’administration publique règnent des
individus qui dînent dans l’impunité l’argent du contribuable burkinabè.

Le Pays
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