Le baiser de Gbagbo à Alassane, alors que les deux hommes depuis avril (lors de la rencontre en Afrique du Sud sur la crise ivoirienne) ne s’étaient pas vus, avait laissé croire que Nabintou Ouattara, mère du président du RDR, morte, allait sceller le pax ivoirien. Pourtant, de son vivant, Dieu seul sait qu’à cause d’elle, son fils avait essuyé les gorges chaudes des partisans du Front populaire. Tous ces ivoirocrates pour qui, Nabintou Ouattara n’était pas la mère de Alassane Ouattara. Cette marque d’attention au sommet avait également valu une reconnaissance du mentor du RDR qui s’était rendu avec les sommités de son parti rendre la politesse à Gbagbo.
Les questions politiques avaient été certes éludées. Mais le « rapprochement » n’était pas sans conséquence sur la tension quasi entretenue entre partisans du RDR et du FPI. Comment alors comprendre que des individus aillent jusqu’à exhumer le corps de la « pauvre vieille » ? A ce qui paraît, « certains étaient armés ». Ce sont donc « les cris du gardien fortement bastonné qui ont alerté le voisinage qui est accouru, empêchant les profanateurs de poursuivre leur sale besogne ».

Même si la réaction « prompte » des éléments de sécurité est à saluer, elle ne dédouane pas ceux qui voulaient coûte que coûte blesser la famille Ouattara et éprouver les hommes de bon sens, en posant un acte ignoble, inqualifiable tout simplement. On imagine difficilement un tel acte d’humain sur des êtres qui reposent en paix dans leur sommeil éternel. Mais on reste mémorable d’un cas similaire produit contre le Dr Dacoury Tabley, frère d’un des leader des Forces nouvelles.

Des « crapules » s’étaient attaquées au cortège conduisant le défunt à sa dernière demeure, avaient battu les personnes éplorées et « brutalisé » le regretté sans aucun égard. Si la gueguerre politique doit continuer jusque dans les cimetières au point de profaner les corps des parents de meneurs du jeu politique, il est à craindre que l’inhumanisme entre les vivants ne conduise à une perpétuation des conflits. Des conflits somme-toute d’intérêt, puisque chacun se bat ou dit se battre pour les intérêts supérieurs de la Nation. A la vérité, à l’heure où la Côte d’Ivoire connaît un Premier ministre de « consensus », elle n’a plus besoin de ce genre d’actes qui dépassent tout simplement l’entendement.

Laissez les morts dormir de leur doux sommeil. Il y va de la dignité du genre humain. Il est bien clair que dans la mort, il n’y a plus de partisans, il n’y a plus de couleur. Ce qu’ils veulent, c’est la paix. D’ailleurs ne parle-t-on pas de silence de cimetière ?

Jean-Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya