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Procès Jean Hélène : ambiance tendue, l’accusé nie en bloc

Publié le mercredi 21 janvier 2004 à 09h31min

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Le policier ivoirien Théodore Dago Séri a nié mardi être responsable de la mort le 21 octobre du journaliste de Radio France internationale (RFI) Jean Hélène, au premier jour de son procès qui s’est ouvert à Abidjan dans une atmosphère tendue.Un service d’ordre avait été mis en place devant le tribunal militaire chargé de dire si le policier a tué Jean Hélène avec son arme de service le 21 octobre au soir devant le bâtiment de la Direction générale de la police (DGPN).

Dès l’entrée du sergent, amené menotté au palais de justice, la tête recouverte d’une cagoule blanche, les esprits se sont immédiatement échauffés, alors que photographes et cameramen tentaient de prendre des images de l’inculpé. Tous ont été repoussés sans ménagement par le service d’ordre dans une grande bousculade. Le photographe de l’AFP a ainsi reçu plusieurs coups de pied.

Un homme en uniforme usait de son sifflet et le président du tribunal militaire, Ahmed Coulibaly, tentait de ramener le calme allant jusqu’à menacer au micro de faire évacuer le public si le silence n’était pas rétabli. Dans la salle, quelques spectateurs, membres du comité de soutien au policier, arboraient des T-shirts blancs au message clair recto verso : "Seri est innocent, libérez Dago Séri".

Tandis qu’on lui ôtait les menottes, le sergent Séri, jean et chemise blanche, souriait.

Son sourire s’est cependant atténué lorsqu’il a clamé son innocence après la lecture de l’ordonnance de renvoi accablante pour lui. Le président a commencé à le bombarder de questions, faisant apparaître de nombreuses contradictions dans ses réponses.

"Il vous est reproché d’avoir commis un homicide sur la personne de Christian Baldensperger, alias Jean Hélène, reconnaissez-vous les faits ?", demande le président du tribunal militaire Ahmed Coulibaly. ""Non, je ne reconnais pas les faits", répond le sergent sous les applaudissements.

Il répètera plusieurs fois au cours de l’interrogatoire : "je n’ai pas tiré sur quelqu’un".

Le sergent a reconnu toutefois avoir repoussé Jean Hélène avec son arme, avant d’ajouter qu’il avait alors entendu deux détonations presque simultanées juste avant de voir le journaliste "tomber sur le côté et rester sans bouger".

Le procès s’est poursuivi mardi soir avec l’audition des témoins à charge. Huit policiers, dont l’ancien directeur général de la police nationale Adolphe Babi, limogé dans la foulée du meurtre du journaliste français, se sont succédé à la barre.

Tous ont réaffirmé les dépositions faites pendant l’instruction, selon lesquelles le sergent Séri avait reçu des consignes pour "laisser tranquille" jean Hélène qui attendait devant le siège de la police la libération imminente d’opposants.

D’autres collègues ont confirmé avoir compté les balles contenues dans le chargeur de la kalachnikov saisie sur le prévenu après les faits, démontrant selon le procès verbal qu’une était manquante.

Initialement prévu le 22 décembre, le procès, qui devrait durer deux jours, avait été repoussé à la demande de certaines parties, en raison de la proximité des fêtes de Noël.

Jean Hélène, 50 ans, a été tué alors qu’il attendait la remise en liberté d’opposants politiques pour les interviewer. Sa mort avait suscité une vague d’indignation et de condamnations, tant en Côte d’Ivoire qu’à l’étranger. De très nombreuses voix s’étaient alors élevées pour dénoncer le climat de haine entretenu depuis des mois par des organes de presse proches du pouvoir contre les médias étrangers.

Dès l’ouverture du procès, les avocats de la défense ont tenté de contester le fait que l’employeur du journaliste RFI (Radio France Internationale) et l’organisation Reporters sans frontières (RSF) se soient constituées parties civiles, mais le tribunal les a déboutés.

Le civil appelé à déposer est l’avocat des onze militants du Rassemblement des Républicains (RDR de l’ancien premier ministre Alassane Ouattara, opposant numéro un du régime). Lui aussi attendait leur sortie.

Pour des raisons de sécurité, Me Soungalo Coulibaly a été autorisé par le tribunal, malgré une protestation de la défense, à témoigner à huis clos.

AFP

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