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Mémoire de licence à l’ISCOM : La multiplicité de sites médias au Burkina Faso n’est pas synonyme de diversité de l’information, démontre Nado Ariane Paré

Publié le mercredi 27 juillet 2022 à 22h40min

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Mémoire de licence à l’ISCOM : La multiplicité de sites médias au Burkina Faso n’est pas synonyme de diversité de l’information, démontre Nado Ariane Paré

« Médias en ligne au Burkina Faso : de la multiplicité des sites web au pluralisme de l’information » est le thème retenu par l’impétrante Nado Ariane Paré pour soutenir sa licence en journalisme numérique. Son travail a été sanctionné par la note de 17/20 par les membres du jury ce 27 juillet 2022, au sein de l’Institut supérieur de la communication et du multimédia.

Le choix de ce thème, selon l’impétrante, a été guidé par le nombre de médias qui s’est démultiplié en un quart de siècle en raison de l’apparition des technologies de l’information et de la communication mais qui dans les faits, ne favorisait pas la diversité de l’information. Le jury était composé de Dr Lassina Kaboré, de Dr Cyriaque Paré ainsi que de Dr Zoé Ouangré.

« Pour beaucoup, le fait qu’il y ait plusieurs médias en ligne favorisait le pluralisme de l’information. Selon le Conseil supérieur de la communication (CSC), le monitoring des médias en ligne n’était pas une nécessité car les médias en ligne favorisaient naturellement le pluralisme de l’information. Mais après quelques études de terrain, nous nous sommes rendu compte que cette information était fausse », a indiqué Nado Ariane Paré.

Il ressort donc clairement de cette étude que le pluralisme de l’information en ligne n’est pas une réalité en 2022 au Burkina Faso. Il ressort également que plusieurs médias enregistrés au CSC n’étaient pas en situation de régularité. Sur 141 médias, 60 d’entre eux n’étaient pas disponibles et la dernière mise à jour de certains datait d’il y a plus de 90 jours ; pourtant selon les textes du CSC, ces médias devraient faire une nouvelle demande et ne devraient même plus être répertoriés sur les listes du CSC.

La candidate a aussi relevé qu’une minorité de sites Web (10 médias) produit l’essentiel (74%) de la masse informationnelle. Et la grande majorité des articles porte sur la politique et la sécurité. Conséquence, le lectorat des médias en ligne estime en majorité (68%) que la qualité et la crédibilité des informations sont de niveau moyen.

A entendre le président du jury, Dr Lassina Kaboré, leurs appréciations sont relativement positives car c’est un travail qui met en interaction la presse en ligne et la problématique du pluralisme de l’information au Burkina Faso.

« Le jury a apprécié l’originalité et la pertinence du travail. C’est un travail qui constitue un enjeu de démocratie parce qu’une démocratie s’alimente en partie des médias pluralistes. Le jury a apprécié également l’effort terrain de l’impétrante parce qu’elle nous a permis de mettre sur la place de la recherche en matière de science de l’information et de la communication des informations nouvelles qui permettront aux acteurs de la presse en ligne de pouvoir exercer beaucoup plus convenablement leur travail. Le jury a aussi apprécié les efforts d’analyse de l’impétrante, la richesse de sa bibliographie et surtout la pertinence des sujets qui ont été traités tout au long du développement », a indiqué le président du jury, Dr Lassina Kaboré.
L’impétrante a au cours de ses recherches rencontrées des difficultés. Ces difficultés s’articulent au niveau de la recherche documentaire.

« Le pluralisme de l’information en ligne n’est pas une réalité en 2022 au Burkina Faso », Nado Ariane Paré

« Les difficultés se situaient surtout au niveau de la recherche documentaire parce que le processus était complètement automatisé. Ce n’était pas possible pour nous d’enregistrer manuellement les productions vu le nombre d’articles. Donc il convenait de trouver d’abord un logiciel gratuit qui nous permettrait de faire cette veille informationnelle. Après avoir trouvé ce logiciel, nous nous sommes rendue compte que 27 sites en ligne ne possédaient pas de flux RSS pourtant notre extraction se faisait à partir de là. Aussi, le logiciel n’était pas assez abouti et ne nous permettait pas d’extraire les données. Nous avons fait encore des recherches pour trouver un logiciel capable d’extraire ces données sur une feuille de calcul », a-t-elle expliqué.
Pour le fondateur de l’ISCOM, par ailleurs directeur de mémoire, Dr. Cyriaque Paré, cette première soutenance de la première promotion représente une étape importante dans la vie de l’institution.

« C’est une grande satisfaction pour moi de voir l’aboutissement de la formation à ce stade déjà où on a des étudiants qui sont capables de produire des recherches intellectuelles de très grand niveau », a-t-il déclaré.
Il a également profité de l’occasion pour inviter les camarades de la première promotion en journalisme ainsi qu’en communication à soutenir leur premier diplôme avant de commencer à travailler.

A la fin de ses recherches, des recommandations ont été faites par l’impétrante afin d’avoir une pluralité de l’information au niveau des médias en ligne burkinabè. Il s’agit tout d’abord d’assurer un équilibre entre les thèmes traités par les différents médias. Elle suggère également aux rédactions de recourir au crowdsourcing journalistique qui est une technique qui peut permettre de mieux diversifier les sources et partant, les contenus.

Le crowdsourcing journalistique étant une technique qui consiste à faire un appel via les réseaux sociaux pour inviter un public cible à participer à une partie du reportage. Pour ce qui est du CSC, c’est d’étendre le monitoring des médias à tous les domaines car le monitoring à ce niveau se base seulement sur l’actualité politique. Et pour ce faire, certains outils gratuits permettent de s’affranchir des difficultés logistiques.

Les perspectives de Nado sont de continuer en master. Elle envisage peut-être utiliser ce même thème afin de mieux l’approfondir et de voir dans quelques années si le traitement médiatique de l’information en ligne sera plus abouti.

Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

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