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Maintien de la paix en Sierra-Leone : Mission accomplie pour les casques bleus

Publié le vendredi 16 décembre 2005 à 07h05min

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En mars 1991, le Front uni révolutionnaire (FUR) entrait en guerre pour renverser le gouvernement en Sierra-Leone. L’armée sierra-léonaise, avec l’appui du Groupe d’observateurs militaires (ECOMOG) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a, dans un premier temps, cherché à défendre le gouvernement ; toutefois on retiendra que l’année suivante, c’est elle qui a renversé ce même gouvernement.

Et malgré ce coup d’Etat, le FUR poursuivra ses attaques. C’est alors qu’en février 1995, le secrétariat général de l’Organisation des Nations unies nommait un envoyé spécial qui, en collaboration avec l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et la CEDEAO, a mené des négociations en vue de parvenir à un règlement et de rétablir un régime civil dans ce pays. Des élections parlementaires et présidentielle étaient par conséquent organisées en février 1996 et l’armée rejoignait les casernes, cédant le pouvoir au président élu, Alhaji Ahmed Téjan Kabbah. Fait important, le FUR n’avait pas voulu admettre les résultats.

Fort logiquement, les canons continuèrent de tonner, ce qui conduira au coup de force de l’armée en mai 1997. Les militaires sont de mèche avec le FUR pour pousser le président Kabbah et son gouvernement hors du pays vers la Guinée. C’est le retour à la case de départ pour l’organisation onusienne, qui tentera alors de persuader la junte de renoncer au pouvoir. Il faut alors mettre la pression et le 8 octobre 1997, le conseil de sécurité impose un embargo sur les produits pétroliers et les armes et autorise la CEDEAO à faire respecter celui-ci en utilisant les forces de l’ECOMOG.

Suivirent alors plusieurs rencontres de haut niveau, sans grand succès. Février 1998, les choses bougent, car à la suite d’une attaque menée par les forces des rebelles et de l’armée de la junte, l’ECOMOG monte au créneau. La junte est renversée et expulsée de Freetown. Le président Kahhah reprend "sa chose" le 10 mars 1998. C’est le début d’une renormalisation de la situation avec la levée de l’embargo sur le pétrole et les armes et le renforcement du bureau de l’envoyé spécial du secrétaire général en y adjoignant des officiers de liaison et des conseillers pour les questions de sécurité. Le conseil créera par ailleurs la Mission d’observation des Nations unies en Sierra Leone (MONUSIL), qui réussira à superviser et guider l’action de désarmement des combattants et de restructuration des forces de sécurité du pays.

Et en octobre 1999, le Conseil de sécurité autorisait la création de la Mission des Nations unies en Sierra-Leone (MINUSIL) avec quelque 6 000 militaires dont 260 observateurs, chargée d’aider le gouvernement et les différentes parties à appliquer les résolutions de l’Accord de paix de Lomé (Togo).

Suite au succès de la MINUSIL, le Conseil de sécurité élargira son mandat en lui confiant des tâches supplémentaires. Du coup, la composante militaire sera portée à 11 000 hommes. Ces effectifs iront crescendo pour atteindre 17 500 militaires à la date du 30 mars 2001.

Et on ne peut pas dire que leur présence fut inutile puisqu’ils réussiront à remettre une fois pour toutes le pays sur les rails comme dirait l’autre. Les casques bleus peuvent bomber le torse, car après par exemple des pays tels l’Angola ou le Soudan, où des guerres civiles ont pris fin, ils ont réussi à accrocher à leur tableau de chasse la Sierra-Leone.

Ce qu’il faut maintenant souhaiter vivement c’est que cette paix soit durable et qu’après le départ définitif des casques bleus, les vieux démons de la guerre civile vieille de plus d’une décennie ne reviennent avec ces affres qui ont fait des Sierra léonais des porteurs de manches longues ou de manches courtes. Il ne reste plus qu’à indiquer la voie qui mène vers la paix à des pays comme le Congo, la Côte d’Ivoire et surtout le Liberia.

Pour ce dernier pays cité, il y a comme de l’électricité dans l’air, car la prestation de serment aujourd’hui d’Ellen Johnson Sirleaf ne risque pas de se passer sans heurts. Puisque son challenger George Weah ne maîtrise pas ses admirateurs dont certains jurent que la première femme élue chef d’Etat du continent ne terminera pas son mandat. C’est donc dire que les casques bleus auront encore et toujours du pain sur la planche.

Pierre Tapsoba

Observateur Paalga

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