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75e anniversaire du mouvement CV-AV au Burkina : « Si ce mouvement n’existait pas, il aurait fallu le créer », Catherine Manly

Publié le lundi 25 juillet 2022 à 10h30min

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75e anniversaire du mouvement CV-AV au Burkina : « Si ce mouvement n’existait pas, il aurait fallu le créer », Catherine Manly

La cérémonie commémorative de la clôture des 75 ans d’existence du mouvement catholique CV-AV (Cœurs vaillants-Ames vaillantes) a eu lieu ce dimanche 24 juillet 2022 à la paroisse Saint Pierre de Gounghin, Ouagadougou. Messe d’action de grâce, pas de danse et témoignages ont marqué cet évènement. Les activités se sont déroulées autour du thème : « 75 ans de grâce avec Kizito, CV-AV de Ouagadougou, jubilons et portons l’Evangile à nos frères et sœurs pour un lendemain meilleur ».

1947-2022, 75 ans que le mouvement CV-AV existe au Burkina Faso (Haute-Volta à l’époque) plus précisément dans l’archidiocèse de Ouagadougou. Après la célébration de son jubilé de platine à la paroisse Christ Roi de Pissy en 2017, c’est au tour de la Paroisse Saint Pierre de Gounghin d’accueillir la clôture des manifestations consacrant le 75e anniversaire, c’est-à-dire le jubilé d’albâtre. La célébration eucharistique a été au cœur de cette grande retrouvaille. Dans son homélie, le vicaire général de l’archidiocèse de Ouagadougou, abbé Alfred Ouédraogo, représentant l’ordinaire des lieux, cardinal Philipe Ouédraogo en déplacement, a fait un rapprochement entre les textes sacrés du jour et la devise (Tous unis, tous frères) du mouvement CV-AV.

Abbé Alfred Ouédraogo, vicaire général de l’archidiocèse de Ouagadougou

Pour lui, chaque fois que les CV-AV se saluent, ils se rappellent qu’ils sont tous frères et qu’ils sont tous unis. « Si Dieu est notre père comme nous l’enseigne Jésus Christ dans l’évangile du jour (Luc, chapitre 11, verset 1-13), cela voudrait dire que nous enfants, sommes tous frères », commente-t-il. Dans un monde déchiré par les guerres de tout genre, le prédicateur a invité les enfants à rappeler au monde cette valeur chaque jour de leur vie.

Mme Catherine Manly, porte-parole des anciens CV-AV

Ce jour d’action de grâce a été aussi marquée par la présence des aînés aux côtés des accompagnateurs et des premiers acteurs du mouvement que sont les enfants. Une présence qui se veut être pour eux un témoignage que le mouvement des « Cœurs vaillants et Ames vaillantes est et restera ce temple, ce creuset de formation complète de l’homme et de tout l’homme », selon leur porte-parole, Catherine Manly, qui estime que si ce mouvement n’existait pas, il aurait fallu le créer. En effet, elle a raconté que 75 ans durant, le mouvement a formé et continue de forger (sur la base de ses douze principes et des dix principes du développement), des hommes et des femmes qui font partout sa fierté.

« Aujourd’hui, se réjouit-elle, rares sont les secteurs de la vie sociale où l’on ne retrouve pas une personne qui ne soit passée par ce mouvement ». Elle a relevé que ces personnes se reconnaissent surtout par leur ardeur au travail, l’amour fraternel et leur engagement pour l’avènement d’un monde meilleur. « Le CV-AV est ardent au travail comme au jeu, il a toujours le sourire, il s’emploie à annoncer l’évangile dans son milieu de vie », c’est par ce rappel qu’elle a prodigué des conseils aux enfants et jeunes qui militent dans cette pépinière humaine, religieuse puisque de ce mouvement sont nés et continue de naître des vocations sacerdotales et de vie consacrées.

Ange Lorraine Simporé, militante CV-AV à la paroisse cathédrale de Ouagadougou

Les anciens ont exhorté les enfants et les jeunes : « prenez donc conscience que votre saveur doit redonner un bon goût à notre société en quête d’amour et de paix. Fuyez l’incivisme, l’indiscipline et tous ces fléaux qui peuvent conduire à la perte de vos âmes. Vivez simplement les douze principes des CV-AV et vous demeurerez des exemples dans vos milieux de vie. C’est ainsi que nous bâtirons avec le Christ un monde plus fraternel car à cœur vaillant, rien d’impossible ».

« Au mouvement CV-AV, on nous apprend à respecter nos parents, nos enseignants, les personnes âgées. Aussi, j’ai appris que le CV-AV est travailleur, loyal, prie Dieu pour la paix au monde. Saint Kizito, patron du mouvement a dit que nous sommes tous des frères et des sœurs et nous devons nous unir pour un monde plus juste, plus fraternel pour l’avènement de la paix », a relaté Ange Lorraine Simporé de la paroisse cathédrale de Ouagadougou.

Abbé Joseph Ouédraogo, ancien aumônier national des CV-AV du Burkina Faso

Dans ce mouvement ont germé des graines de vocations sacerdotales et religieuses a confié l’abbé Joseph Ouédraogo, ancien aumônier national des CV-AV. « Cette pépinière a aussi donné à l’Eglise de nombreux catéchistes titulaires, des papas et mamans catéchistes et une multitude de laïcs engagés, toujours prêts à poursuivre l’annonce de l’Evangile au sein de l’Eglise famille de Dieu au Burkina et dans les différents corps de métier au sein de la société » a-t-il fait savoir.

Ce sont plus de mille jeunes et enfants venus des quatre coins du pays qui ont pris part à ce 75e anniversaire des Cœurs vaillants-Ames vaillantes. Rendez-vous est donc pris pour le centenaire, dans 25 ans.

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 26 juillet 2022 à 12:28, par Mechtilde Guirma En réponse à : 75e anniversaire du mouvement CV-AV au Burkina : « Si ce mouvement n’existait pas, il aurait fallu le créer », Catherine Manly

    1947 : le mouvement Cœur-vaillant a été lancé à la paroisse cathédrale à Ouagadougou, à l’école catholique- garçon mais un peu plus tard pour l’école catholique-fille. Je me rappelle en effet que c’était à la rentrée de cette époque, quand nous sommes arrivées en classe, nous découvrîmes chacune dans son casier un papillon avec cette inscription bizarre : « Méfiez-vous de Boutaky ». Effrayées nous nous adressâmes aux maîtresses (la nôtre était une religieuse) qui elles aussi firent mine de s’effrayer comme s’il y avait un danger imminent mais déclarèrent ne rien savoir ni comprendre. On nous laissa libre cette matinée-là pour trouver des personnes qui pourront nous donner la signification d’un tel message. Nous avons alors parcouru Ouagadougou (qui n’était encore qu’un village aux cases rondes et très peu de terrasses dites banco). Et toute personne prêtre ou laïc, que nous rencontrions nous répondait, l’air apparemment sérieux parfois même effaré, invariablement avec les mêmes phrases : « Boutaki ? Mais c’est le diable ! Méfiez-vous les enfants ». Puis se retirait hâtant les pas comme s’ils venaient de le voir là, à propos, tout juste à côté. Trois jours durant nous avions ainsi des papillons mais avec d’autres mots moins effrayants mais plutôt cool. Puis le 4ème matin des prêtres envahirent nos salles classes à la première heure qui était celle du catéchisme pour nous apaiser et expliquer pourquoi ce tohu-bohu spirituel qu’on nous avait infligé à dessein pendant trois jours. Ils nous parlèrent alors de Satan et ses manières d’agir dans le monde pour semer la division, la misère la discorde, la haine. Il prend plusieurs visages nous disait-on, jusqu’à celui du Christ lui-même pour mieux tromper les hommes et qu’il nous faudrait en conséquence apprendre à l’éviter. Car nous disait-on encore, il est rusé, très rusé. Mais au nom Jésus Christ Rédempteur nous saurons nous relever de ses pièges. Car Son amour est immense pour les Hommes, et sa miséricorde sans limite. Pour cela il nous faut nous aussi pardonner à nos ennemis quoiqu’il puisse nous en coûter car c’est ce que lui-même a fait envers ses bourreaux : « Père pardonnez-leur car il ne savent ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23:34). « C’est sûr que comme lui vous ne serez pas compris, mais peu importe, vous aurez la paix du cœur. Car Dieu dans son royaume sait comment vous faire justice devant les méfaits de vos ennemis et il sait aussi protéger vos ennemis (comme il l’a fait avec Caïen qui a tué son frère Abel), et nul ne peut prétendre se prévaloir de la justice envers autrui, si ce n’est que Dieu seul. Ayez donc la crainte de Dieu dans sa justice comme dans sa miséricorde car Dieu est Tout Amour pour les Hommes ».
    Revenons donc au mouvement lui-même : à l’époque en France, le mouvement cœur-vaillant âme-vaillante avait quatre gradins qui couvraient toute l’école primaire. Ce sont : les « Avés et les Avettes, » pour la maternelle, l’âge ou l’enfant balbutie déjà l’Avé Maria. Ensuite « les Souriants et les Souriantes », l’âge ou l’enfant sait obéir et servir avec le sourire (CP1-CP2), puis les « Rayonnants et les « Rayonnantes » qui répandent partout la joie de vivre et de faire vivre. Enfin les conquérants-conquérantes (CM1-CM2) eux dans le feu de l’adolescence rêve déjà de la conquête du monde et le bagage spirituel qu’ils auront engrangé déjà, va les aider jusqu’à la fin de leur vie.

    Mais il arrive qu’à ce niveau de l’adolescent, le mouvement ne soit plus le cadre rêvé du fait qu’il quitte l’enfance pour des responsabilités plus importantes qui l’amèneront cette fois au secondaire ou à changer de statut. se présentent alors d’autres possibilités : Il y aura le mouvement de la Jeunesse Étudiante Catholique (JEC) ou celui ouvrier (JOC), ou encore les Guides pour les filles et Scout pour les garçons. De nos jours après le Concile Vatican II, tout le monde peut s’assumer de façon personnelle, avec ou sans cumulativement une association, dans les Communautés Chrétiennes de Base (CCB). C’est la même idéologie, la même doctrine chrétienne dans le Magistère de l’Église et proclamée comme Parole de Dieu et comme bonne nouvelle de l’Évangile, enseignée par Jésus Christ et dans le baptême en l’Esprit Saint. Je reste donc convaincue que le mouvement Âme-vaillante et Cœur-vaillant est le fondement même de notre personnalité dans la foi en Dieu.

    Je ne terminerai pas sans vous souffler un mot de ma génération : sortie « conquérante » du primaire nous avons voulu assumer notre rêve au 1er cycle du secondaire dans le« guidisme » (scoutisme pour les garçons). Et c’était formidable car ce mouvement avec ses feux de camp ses excursions nous instruisait déjà les rudiments de la vie pratique, les soins de santé, les pistages et dépistage en forêt pour éviter de se perdre, la cuisine etc. sans compter les chants de prière ou hymne à la vie ou d’allégresse à la belle nature don gratuit de Dieu. Puis bien entendu des prières du matin (toujours la messe avec l’aumônier) et celle du soir avec des commentaires d’évangile, des suppliques sur les versets de psaumes ou des commentaires de l’Évangile autour du feu de camps et des méditations silencieuses. Ce ne fut qu’au second cycle que nous avons seulement pu nous engager dans la Jeunesse Étudiante catholique qui venait d’être lancé. Cela a coïncidé avec les tous débuts des indépendances africaines. L’occasion était trop belle pour être ratée. La saisissant donc, nous nous sommes appesantis sur l’avenir et le devenir de notre continent, et plus particulièrement de notre pays notamment en ce qui concerne le devenir de nos valeurs culturelles hors et dans l’Église. Donc de nos repères. Puis, nous avons passé en revue les questions humaines dans les trois dimensions de l’homme : celles sociale, économique et politique. Ce qui nous a incité à effectuer des investigations dans des voyages d’étude par groupe de quelques personnes et la restitution de nos travaux dans des grandes rencontres nationales. Nous transmettions les résultats de nos travaux au Gouvernement et aux autorités de l’Église. Nous avions un journal du nom de « l’élan » qui était très prisé par la population. Mais de nos jours, aucune de nos archives n’a résisté à la destruction lorsqu’elles ont été saccagées en 1984 afin d’envoyer les armoires vides, disait-on, à la campagne où, il paraît, que, la misère était telle qu’il n’avait rien pour stocker leurs archives. Aujourd’hui tout donne à croire que nous avions raison à nos études. Cependant le plus grande mérite de nos travaux, est que ce fut notre pays (La Haute-Volta d’alors) avec ses us et coutumes qui fut le point de mire et la base de l’initiative du Concile de Vatican II, aux toutes fins utiles de nous préparer à accueillir le deuxième millénaire.

    Pour terminer et pour vous souhaiter la bonne fête voici la devise suivie du seul couplet et du refrain dont j’ai encore souvenance il y a maintenant 70 ans :
    - Devise : « À l’Âme vaillante, rien d’impossible. Réjouissons-nous, le Christ est vivant »
    - Couplet :
    Parmi nous jamais d’air morose, Car l’avenir nous appartient.
    Et même si tout n’est pas rose, On peut toujours faire du bien
    - Refrain :
    Pour l’âme vaillante, Pure et conquérante.
    Le cri de victoire, Et le chant de gloire.
    Bravant la tristesse, Comme la mollesse,
    C’est net et c’est court, Le sourire toujours.

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