Problèmes fonciers à Yagma : « Toute activité de vente et de construction de parcelle est suspendue jusqu’à nouvel ordre », Oumar Ouédraogo
Lefaso.net
L’attente semble être longue pour les populations de Yagma (quartier périphérique de Ouagadougou, situé sur la route de Ouahigouya). Débuté en 2008, le recensement en vue de l’attribution des parcelles traine à cause de malversations foncières, selon des habitants du quartier. Après plusieurs tentatives d’échanges avec les autorités en charge du foncier urbain, les solutions tardent à voir le jour, disent-ils. Pourtant, assurent les habitants, la vente des terrains se poursuit. Qui sont ceux ou celles qui continuent de vendre les parcelles pendant que l’opération d’attribution des parcelles est en suspension ? s’interrogent les riverains.
2008 -2022, quatorze ans que Yagma a été recensé, mais jusque-là rien ne bouge, les populations attendent toujours le dénouement de cette crise de la part des autorités en charge du foncier. En effet, selon le porte-parole des résidents du quartier Yagma, Oumar Ouédraogo, le processus d’attribution des parcelles a été suspendu depuis le recensement de 2008 suite à des malversations foncières constatées par les autorités. Selon ses dires, lors de l’opération d’attribution de parcelles aux résidents dit « autochtones » d’abord puis aux autres habitants, certains esprits malintentionnés ont usé de moyen frauduleux pour s’accaparer des terrains (5, 6 ou 7 parcelles) au détriment des autres.
« Le recensement de Yagma a été effectué en 2008 et chacun d’entre nous possède son ticket-numéro de recensement », soutient le porte-parole. Mais le hic est que les riverains assurent que malgré l’arrêt des attributions, des gens qu’ils qualifient d’ailleurs d’ « agresseurs » continuent à construire sous prétexte qu’ils ont payé les terrains avec pour preuve des tickets de carton en main. La goutte d’eau qui a fait déborder la vase, dit-il, est qu’ils (les recensés de 2008) sont menacés de déguerpissement. « J’étais dans ma cours lorsqu’un camion benne est venu déverser du sable puis un autre, du gravier devant ma concession. Etonné, j’ai voulu savoir et ils m’ont fait savoir que c’est pour le propriétaire des lieux qui envisage de mettre son terrain en valeur », a témoigné un habitant.
« Paradoxalement, compte-tenu de la vente illégale et illégitime des cartons d’attribution, des individus n’ayant même pas été recensés en 2008 viennent nous présenter des fiches d’attribution arguant qu’ils sont acquisiteurs de telles ou telles parcelles qu’ils veulent mettre en valeur. D’autres vont jusqu’à vouloir même déloger violemment des résidents pour occuper leur espace », s’indignent les résidents dits « autochtones ».
A les entendre, plusieurs fois, ils ont été convoqués à la gendarmerie par leurs « agresseurs », nouveaux acquéreurs des terrains. Le dernier fait remonte à août 2020 ou ils se sont retrouvés au tribunal concernant cette question foncière : « Depuis lors, nous faisons l’objet de multiples convocations à la gendarmerie et même de procès à la justice. Heureusement, nous avons eu gain de cause lors du procès à la justice, en août 2020 contre nos agresseurs ; ce qui nous a beaucoup soulagé ».
En plus, Oumar Ouédraogo a présenté à la presse le verdict des juges interdisant la vente et la construction dans la zone jusqu’à nouvel ordre. Dans le document il est écrit : « Toute activité de vente et de construction de parcelle aussi y demeure suspendue conformément à la décision de justice (août 2020) et ce, jusqu’à l’apurement effectif de son passif foncier au bonheur de tous les résidents de Yagma ».
Toutefois, précise-t-il, « nous sommes toujours persécutés d’une manière ou d’une autre dans notre zone. Tout récemment, ce sont de soi-disant propriétaires de plusieurs hectares dans notre zone qui veulent y faire des délimitations pendant que chacun de nous n’a pas encore eu sa parcelle d’habitation. Etant donné que le processus d’attribution dans notre zone est suspendu, alors nous estimons que les ventes et constructions de parcelles doivent également y être suspendues ».
Par conséquent, a-t-il poursuivi, « nous avons décidé de nous organiser en vue d’interrompre de manière pacifique toute nouvelle occupation de l’espace dans la zone jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée par les autorités compétentes de notre pays au bonheur de tous les résidents de Yagma ». Pour une sortie de crise, les résidents exigent ce qui suit : « Nous tenons à ce que le dénouement de notre situation soit effectué sur le terrain pour plus de transparence et demandons aussi à ce que tout détenteur de ticket (numéro) de recensement de 2008 soit attributaire de parcelle surtout les résidents réels », car pour eux, trop c’est trop !
Dofinitta Augustin Khan
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