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Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

Publié le lundi 13 juin 2022 à 10h46min

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Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

« Pourquoi des Burkinabè prennent-ils des armes contre des Burkinabè ? » C’est cette préoccupation qui a été au centre d’une conférence publique le samedi 11 juin 2022, à Ouagadougou. L’activité, organisée par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), avait pour but de mener des réflexions afin de proposer des pistes de solution pour une sortie de crise au Burkina Faso.

Pour mieux comprendre les tenants, les concourants et les aboutissants de la crise sécuritaire qui frappe le Burkina Faso depuis plus de sept ans, trois spécialistes ont été conviés pour décortiquer le thème. Il s’agit de Pr Augustin Loada, qui a communiqué sur le sous-thème « Regard des chercheurs sur la question du terrorisme et les solutions pratiques » ; Atiana Serge Oulon, journaliste investigateur, qui a abordé le sujet « Comprendre les attaques armées, le profil et l’itinéraire des terroristes » ; enfin, le magistrat Antoine Kaboré qui s’est attardé sur le rôle que joue la justice burkinabè pour faciliter la compréhension du phénomène des attaques armées et la répression ou la prévention prévue en gestation ou en action. Les échanges étaient modérés par l’ancien diplomate Ismaël Diallo.

Il ressort des communications des trois panelistes que ceux qui sèment la terreur et la désolation au sein des populations sont majoritairement des Burkinabè, d’où la pertinence du thème du jour : « Pourquoi des Burkinabè prennent-ils des armes contre des Burkinabè ? » Ouvrant ainsi le bal du panel, l’homme politique et spécialiste de droit public et sciences politiques, Pr Augustin Loada, a alimenté le débat sur trois points.

« La dissolution du Régiment de sécurité présidentielle a affaibli la capacité de riposte militaire du gouvernement à faire face aux groupes armés terroristes », selon Pr Augustin Loada

Mais avant tout, il a rappelé que la crise sécuritaire au Burkina Faso n’est pas surprenante et ne devrait pas être vue uniquement sous l’angle militaire. Selon lui, bon nombre de rapports produits par des chercheurs tiraient déjà la sonnette d’alarme, invitant les autorités d’antan à s’intéresser sérieusement à la question. C’est le cas de ce rapport paru en 2012 et intitulé « Plan sécuritaire dans le nord du Burkina Faso : ce n’est pas alarmant mais elle est préoccupante » et un autre paru en 2014 du chercheur américain sur la prévention de l’extrémisme violent Burkina Faso. Là, l’auteur Peter Romanuc prévenait que « le Burkina Faso est vulnérable à la menace, mais la menace n’est pas imminente ». Malgré ces alertes, les politiques, dont le rôle est de réguler les conflits sociaux, sont restés dans immobilisme, dans l’inertie jusqu’à la première attaque perpétrée en 2015.

Serge Atiana Oulon, journaliste investigateur à « L’Evènement », panéliste

Abordant son premier point en lien avec les principaux acteurs de ce phénomène, Pr Augustin Loada a expliqué qu’il existe deux acteurs à savoir les locaux et les externes. Le premier groupe armé terroriste endogène né au Burkina Faso était dirigé par Malam Dicko ; et après sa mort, beaucoup d’autres insurgés sont apparus soit pour des raisons économiques, soit pour se venger. L’implication de l’Etat dans ces zones à travers la présence des FDS et des VDP accusés parfois par une partie des populations de perpétrer des violences contre des civils, entraîne aussi des réactions au niveau des civils et leur réticence à coopérer avec les forces armées nationales. Aussi, certaines populations ont tendance à percevoir les groupes armés comme des « sauveurs ».

« Nous devons relever le défi du rapport de l’Etat avec les populations, aussi bien dans la sécurisation du territoire que dans son administration », Antoine Kaboré, magistrat

En sus, il y a les bandits et les trafiquants qui se mélangent au premier groupe pour semer la violence au sein des populations. Selon l’analyste, la plupart des rapports publiés montrent que le gouvernement est aussi un acteur de la crise, car ses réponses ont été souvent inadaptées. Les conclusions révèlent une impréparation des élites pour faire face à la crise et la faible capacité de riposte militaire du gouvernement avec la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

Pr Augustin Loada a axé son deuxième point sur les motivations des groupes armés terroristes au Burkina. A ce niveau, il a souligné que la motivation est généralement d’ordre politique et individuel. En effet, il a précisé que l’échec des politiques de décentralisation peut offusquer et frustrer les populations des zones en proie au terrorisme qui ne se sentent pas intégrées dans l’Etat-nation. En termes de perspectives, le premier communicateur dira qu’« au lieu de penser la terreur djihadiste comme un problème exogène affectant la région, il est plus fructueux de la concevoir comme une infection opportuniste dans un corps malade, à savoir l’Etat sahélien ».
Le second intervenant, Serge Oulon, tout en souscrivant à la présentation de son prédécesseur, s’est plutôt contenté de proposer des voies et moyens pour sortir de cette crise qui hante les populations burkinabè.

A l’entendre, il faut que l’Etat parvienne à construire un véritable Etat de droit sur toute l’étendue du territoire national : bâtir l’Etat-nation pour éviter des conflits intercommunautaires (ethniques, religieux).

Le public

Le magistrat Antoine Kaboré, quant à lui, a évoqué la question du jugement des terroristes et la collaboration entre l’unité judiciaire et celle combattante que sont les forces de défense et de sécurité. Il a laissé entendre que la collaboration entre les deux entités pour avoir du renseignement afin de relever les preuves contre les présumés terroristes appréhendés est mitigée, ce qui fait qu’à la date d’aujourd’hui, beaucoup de personnes sont mises aux arrêts mais ne peuvent pas être jugées.

Aussi, il a fait savoir que le jugement traîne par faute de moyens financiers, puisque les détenus doivent être accompagnés par un avocat, selon les textes. Pour terminer, il a invité l’ensemble des Burkinabè à travailler à soigner les relations entre la population et l’Etat, afin de mieux lutter contre l’hydre terroriste. « Nous devons, dit-il, relever le défi du rapport de l’Etat avec ses populations aussi bien dans la sécurisation du territoire que dans son administration ».

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 13 juin 2022 à 11:14, par Homme sage En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Effectivement , les burkinabés ont souvent tendance à accuser les autres ou faire des fausses rumeurs alors que le vrai problème vient de nos propres villages et de nos propr3 frères , on peut insulter ou critiquer le monde entier a chaque problème au faso mais le vrai probleme ca reste nous meme ! Encadrons nos jeunes , faisons attention a eux , prenons soin les uns des autres comment un enfant.né dans le pays des hommes integres peut se lever le matin et se dire je vais massacrer les freres du village a coté , on a raté qqchose... l’éducation ? La responsabilité des parents ? La misère et la pauvreté ne sont pas coupable de tout !

  • Le 13 juin 2022 à 11:21, par Peuple insurgé En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Mes remerciements a votre endroit pour ces réflexions. A mon avis, de bonnes idées sortent pour aborder le problème du bon angle afin de trouver la bonne solution. Du courage et bonne chance aux burkinabè.

  • Le 13 juin 2022 à 11:24, par Sacksida En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Dans plusieurs postes, nous avons toujours dit que les bases du Terrorisme et le grand Banditisme desastreux au Burkina Faso reposent sur la pauvrete endemique et la pauperisation continuelle des populations sana instructions et sans aucune perspective d’avenir. Blaise compaore et son regime Neocolonial 27 ans durant ont contribue sur les plans de la Gouvernance desastreuses et ses relations incestieuses avec les chefs Terroristes du Sahel a facilites l’apparution et l’incrustation de l’idre Terroriste au Burkina Faso. Si apres la Revolution Democratique et Populaire de 83, le programme economique et sociale fondamentales de la Region du Sahel avait ete realise : Desenclavement par les Rails pour exportations des troupeaux, les Ecoles Intinerants pour les enfants des Peuls Nomades, les petites industries locales specilisees des potentialites de chaque Region, l’Intensification de l’agriculture et l’elevage comme bases de l’Economie Nationale et une meilleures pratiques et Justice sociale des Populations Burkinabe etc. Au lieu de cela, l’on a assiste aux pillages economiques reccurents et par des ajustements structurelles graves et l’accaparement des ressources Nationales par des privatisations sauvages des filieres porteuses et la corruption endemique des Elites qui est devenu in systeme de gouvernance decadent et contre des interets fondamentaux du Peuple Burkinabe. Salut

  • Le 13 juin 2022 à 12:01, par sidbewindin Somande En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Et ou trouvent t-ils toute cette logistique de guerre ? et si on s’interessait un peu a ceux qui les financent et surtout d’ou s’approvisionnent t-ils en armements jusqu’avoir des blindes ?
    Ne pensez vous pas qu’une puissance ou des puissances pas forcement ou vous regardez essaie de prendre notre pays ? puisqu’ils ne veulent pas du Francais comme langue et le remplace par l’Arabe, il se peut que cette puissance soit Arabe. reflechissons un peu tout de meme.

    • Le 13 juin 2022 à 17:02, par Boris En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

      je suis d’avis avec vous@sidbewindé. je trouve que nos intello ne creuse pas la réflexion trop loin. les raisons qu’ils avance, c’est la meme rethorique que les occidentaux nous raconte depuis des années sur les causes du terroriste dans le sahel a savoir : pauvreté, la mauvaise gouvernance, l’injustice. désolé, meme aux etat unis, il ya bel et bien ces maux mais les populations ne deviennent pas des terroristes. acceptons appelé un chat un chat:on a bien affaire a des djihadistes. d’accord que ce n’est pas le djihadismes tel que indiqué dans le saint livre. mais il s’appuie sur cette philosophie et leur adeptes croient fermement qu’ils sont sur une noble conforme a l’islam. ils ont des guides spirituelles et des appuis financier. tant qu’on ne vas pas poser le vrai diagnostic, on continuera a prescrire les mauvais medicaments.

  • Le 13 juin 2022 à 12:31, par sidwaya En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    « La dissolution du Régiment de sécurité présidentielle a affaibli la capacité de riposte militaire du gouvernement à faire face aux groupes armés terroristes », selon Pr Augustin Loada. Pourtant ce dernier était membre, un poids lourd, du gouvernement qui a liquidé ce régiment militaire ! Est-ce qu’un mea-culpa de la transition de 2014 ?????

  • Le 13 juin 2022 à 14:00, par Taonsa le chasseur En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Et bien c est clair que personne d’autre en dehors des burkinabè ne peut détruire jusqu’à ce point le Burkina sans le concours des burkinabè eux mêmes. Si quelqu’un a décidé de détruire son propre village que peut les militaires contre ces gens. Heureusement que ce n’est qu’une minorité de burkinabè. Nous vaincrons.

  • Le 13 juin 2022 à 14:05, par wendemi En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    dans tout ca le pire cest la malhonneteté intelectuelle.vous allez manger ; profiter tromper mais vous ou vos enfants silleront un jour de vos actes qui les rattrapperont

  • Le 13 juin 2022 à 15:44, par Zouk351 En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Le premier ennemi est nous mêmes. C’est le début de la lutte de le reconnaître.
    Il y a trop d’oppositions entre les différentes populations dans certains villages qui font qu’il est aisé pour des intérêts extérieurs de venir les utiliser, sans oublier que l’argent promis est un moyen indéniable face à la pauvreté.
    S’unir est le premier moyen pour lutter.
    Ne pas croire aux miracles qui viennent de l’extérieur et certains sont pires que d’autres, comme Wagner.

  • Le 13 juin 2022 à 17:26, par Tengembiiga En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Toujours cette langue de bois... Comment ces intellectuels, en particulier Pr Loada, peuvent parler de djihadisme en décortiquant la genèse du phénomène et en évoquant les bandits et trafiquants qui ont profité de la situation, évoquer des raisons politiques et personnelles, sans parler des causes religieuses ??? Donc on ne parle pas de djihadisme !!!

  • Le 13 juin 2022 à 17:41, par Citoyenne En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Nous sommes opprimés depuis des siècles par les peuples européens, voire même des milliers d années. Ils nous ont mené et nous mènent une guerre qui vise notre extermination et à défaut nous maintient dans l’exploitation abjecte, la pauvreté extrême et les humiliations constantes. Il est temps d’ouvrir les yeux. Nous ne vivons pas isolés du monde. Nous vivons dans un monde ou nos ennemis se sont enrichis et ont bâti tous leurs pays, leurs civilisations sur notre dos en nous détruisant et en nous exploitant au quotidien. Ils ont montré maintes fois que notre extermination ne leur fait ni chaud ni froid et nous sommes là, complètement béats à attendre je ne sais quoi. Que n’a t’on pas dit à ce sujet, Que n’a t-on pas chanté ? Jusqu’à notre hymne national qui nous rappelle le contexte que nous vivons dans ce monde et malgré tout nous agissons comme si tout va bien. Découragement n est pas Burkinabe. Une résignation plus qu une résilience. Il a fallu le terrorisme pour que certains burkinabè s’intéressent à la relation entre la France et l’Afrique et pourtant cette relation qui dure depuis plus de 100 ans nous a coûté en tout, nos langues qui n évoluent plus, nos ressources, nos cultures qui se resument a un semaine de la culture par an, bref notre identite ; car beaucoup portent leurs noms et veulent pas etre appeles par leurs noms africains. Il y en a encore pour être surpris. Comment peut-on être tout le temps surpris de cette guerre qui se mène contre nous depuis des siècles.
    Sortez les enfants de devant les télévisions et de grace enlevez les images des dieux blancs de vos maisons. Il s agit d une guerre d extermination, pas un jeu d enfant, ni un terrorisme entre burkinabe. Et un seul homme au sommet de l etat ne peut mener a lui seul cette bataille. Comment peut-on dire que nos ennemis nous attaquent et pendant ce temps nos enfants sont devant la tele a les regarder vivre leur vie. Comment vous pouvez expliquer cette guerre a vous meme et a vos enfants quand vous avez des images d eux comme Dieu dans vos maisons. Quelle strategie gagnante peut se faire avec un peuple qui parait toujours supris de savoir qu il a des ennemis. Nous ne sommes pas devenus musulmans et chretiens par une baguette magique, nous ne nous appelons pas Mohamed et Jacques par une baguette magique, mais bel et bien parce que nous avons subis plus de 1000 ans d oppressions. Donc arrêtons d être surpris d avoir des ennemis. Ils ont toujours été là et sont encore là, nous dînons avec. Certains d entre nous dorment avec. Bref, nous prions avec, tout se passe comme si ces gens avaient arrêter de nous exploiter, de nous réduire à l’état de bétail humain, là uniquement pour les servir. Et nous sommes heureux. Etre vaincu est une chose, mais choisir de le rester est une autre. Il faut avoir le courage de rendre à César ce qui est à César. Redonnez-leur tous leurs outils d aliénation et libérez le mental et l’esprit ; car quand ces deux choses sont soumis, que vaut le corps. Soit on le fait ou avouons nous vaincu et c est tout. Un seul homme ne peut libérer tout un peuple qui dors. Malcolm X l’a compris à la fin de sa vie.

    • Le 14 juin 2022 à 09:52, par kwiliga En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

      Bonjour Citoyenne,
      Heu, c’est bien joli toute cette rhétorique émancipatrice et anti-impérialiste, mais quel rapport avec l’urgence que nous vivons et dans laquelle on voit des burkinabè, massacrer d’autres burkinabè.
      Les idéologues comme vous auraient du se réveiller il y a 20 ou 25 ans.
      Que faisiez-vous alors ? Vous aviez peur que Blaise vous fasse taire ?
      Et aujourd’hui, dans la dramatique conjoncture où se voit plongé notre pays, à quoi pourraient bien servir vos propos ?
      Au vu des massacres et des reculades quotidiennes de nos FDS, croyez-vous que l’on puisse s’en sortir seul ?
      De mon coté, je ne le crois pas et trouve que le moment est particulièrement mal choisi pour cracher au visage de nos potentiels soutiens militaires.

  • Le 14 juin 2022 à 00:35, par Dibi En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Mr Loada, qui est bien plus qu’un universitaire au sens classique, aurait pu nous édifier autrement, hors de truismes universitaires, compte tenu de son expérience.
    Il a été ministre sous la Transition Kafando (2014-15). Donc, il sait ce qu’est la continuité de l’Etat néocolonial qu’il a servi au plan national et à l’international ; car Mr Loada a été, un temps, missionné par les Nations Unies (et sans nul doute aussi, avec l’accord de la France) pour veiller à des négociations sur l’avenir de la Nouvelle Calédonie. Une autre colonie de peuplement Français dans le Pacifique.
    En 2014-2015, la guerre de l’OTAN-Obama-Sarkozy-Cameron (2011), contre la Libye de Kadafi, a déjà fait son œuvre : la destruction de la Libye, le convoiement-déferlement de forces proxy profrançaises touaregs et toutes les hordes fanatiques de l’Islam politique cannibale sur le Sahel (Mali, Niger, Burkina-Faso, Tchad…) avec les conséquences que l’on sait : déstabilisation de toute la sous-région Sahel, extension de tous les obscurantismes, multiplication des conflits communautaires entre sédentaires et nomades, voilement général des femmes et velléités d’imposition par endroits de la charia, …
    Bref, depuis ces années, la question sécuritaire est devenue préoccupante. Avec ses nombreuses victimes, bien avant en Algérie (plus de 100.000 morts), puis en Libye et ensuite au Sahel.
    Au départ, ponctuelle, elle est devenue générale, face à une élite politique et intellectuelle restée borgne ou myope à comprendre l’histoire et de l’actualité du problème. Toujours biberonnée par les médias et les sources occidentales d’analyses, qui distillent des paradigmes inappropriés au contexte, porteurs de défaitisme et de maintien-perpétuation de toutes les dépendances infrastruturelles et structurelles néocoloniales (bases militaires, systèmes scolaires, monétaires-Fcfa, …), Mr Loada, comme tous les autres, répètent des antiènes connues qui n’aident nullement à opérer les ruptures qui s’imposent et seraient aptes à solutionner nos problèmes en toute souveraineté.
    Tous ces gens , médias, universitaires, politiques, continuent de nous parler de HANI, de nos propres enfants insurgés – le contraire eut été étonnant- , des bévues de nos FDS, de populations non-coopérantes dans la lutte ; des HANI vus en sauveurs par certains, de guerre ingagnable militairement, pour ensuite nous rabattre sur la nécessité de négocier la paix avec qui ? ; on ne sait ; ces HANI, criminels narcotrafiquants drogués à l’Islam cannibale ! Mais négocier quoi ? avec qui ? Et sur le dos d’un Etat failli, et de son armée. Et pour quels résultats ? Certainement un échec et un recommencement !
    Et pour faire court, Mr Loada, les nouveaux intellectuels néocoloniaux, les élites politiques biberonnées au néolibéralisme managérial, prédateur corrompu, les médias et toutes nos institutions nationales ou sous régionales (CEDEAO, UEMOA…) doivent savoir, qu’il n’y a de solution à l’Etat et à la Nation en l’état sans une rupture radicale avec le néocolonialisme. Une rupture radicale avec le cadre néolibéral de l’impérialisme occidental, et ses structures d’intégration au capitalisme de prédation et de domination (bases militaires étrangères, FMI-BM, Francs CFA,…).
    Dans ce type de cadre néocolonial, aucune décentralisation, aucune intégration nationale ou régionale ne sont nullement porteuses de solutions d’évolutions sociales politiques et culturelles cohérentes et harmonieuses du pays. On ne construit pas un pays extraverti, une nation désarticulée et basée sur des projets d’ONG occidentales. On ne construit pas une nation avec des voleurs, des pourritures, et des débiles politiques dont la vision ne dépasse pas l’horizon de la ville-capitale ou de leur case et de leur région. On ne dirige pas une nation avec des conseillers et des élites administratives médiocres, ethnocentrées, des obscurantistes religieux ou des féodaux centraux ou périphériques.
    Aussi, ne rien dire de tout cela, du caractère néocolonial du cadre étatique failli, qu’est le Burkina-Faso, est un déni d’analyse véritable du réel sur tous les plans ; y compris justement la question sécuritaire. Et il est temps pour nous, de repenser toutes nos dépendances politico-culturelles que sont nos Eglises-Temples-Mosquées et autres sous-impérialismes obscurantistes d’Arabie-Qatar ou de Turquie, à l’œuvre à domicile.

    Maintenu en l’état, ce cadre néocolonial, porte en soi l’échec de toutes politiques d’intégration et de négociation avec des djihadistes drogués à l’Islam égorgeur ! Il porte également en soi toutes les manigances de réconciliation politique envisagée par une classe politique débilitée et sans vision d’avenir émancipé de notre peuple !
    Il est donc urgent de sortir de l’effondrement démocratique dans lequel nous sommes depuis 1987, avec le satrape Kouacou Compaoré, ses hommes de paille ou à gages ; et ses héritiers politiques du MPP. Et c’est là qu’il faut situer tous nos problèmes. Néocolonialisme et extraversion structurelles et infrastructurelles !
    Na an lara, an sara !
    La patrie ou la mort

  • Le 14 juin 2022 à 17:20, par Toto En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Merci bien au. Pr. Loada pour cette brillante réflexion. La question du terrorisme au Burkina Faso neccessite d’aller plus loin dans nos réflexion . . Considérons d’abord la genèse du phénomène en Afrique noir , dans le Sahel. Le terrorisme a suivit la rébellion touareg, elle même la volonté d’un mouvement d’independantiste touareg. Notons que l’état touareg est toujours en construction meme si la France trompe la vigilance des noirs sahélien. Ensuite, de manière plus historique, posons nous la question de savoir le lien entre les Touaregs et les noirs africains d’une part et les Européens d’autres part. Et enfin, que peut apporter à la France un état touareg ? Que peuvent ou que doivent faire les états noirs Africains pour la sauvegarde de sa minorité blanche ?

  • Le 18 juin 2022 à 18:03, par Alpha2025 En réponse à : Crise sécuritaire au Burkina : « Ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont majoritairement des Burkinabè », Pr Augustin Loada

    Effectivement, il y a des pans entiers de notre territoire national ou la présence de l’état est très faible, voire inexistante. Par ailleurs, le "développement" s’est concentré sur la capitale essentiellement, et un peu sur Bobo. Le reste du pays était délaissé. Nous ne devons pas nous étonner que les zones vierges d’état aient été investies par les terroristes. Ceci dit, je ne suis pas d’accord avec le Pr quand il regrette le RSP. Qu’il se rappelle, déjà sous Sankara, on avait délimité les zones de "haute sécurité" et de "très haute sécurité". Après 1987, les commandos en charge de ces zones ont été constitués en RSP. Ils étaient en réalité une garde pretorienne pour la protection du régime. Ils avaient de nombreux avantages et étaient sur équipés. Le reste de l’armée était plutôt dépouillé. En réalité ceux qui avaient le pouvoir s’accommodait bien de cette situation car ils ne considérait pas la mission de défense du territoire national de l’armée. Le RSP les protégeait eux, c’était bien suffisant. Quand à croire que ce RSP pouvait protéger le territoire national, c’est une grosse erreur. Ils n’étaient pas assez nombreux, et ensuite, ils n’ont pas été formés pour cela.

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