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Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

Publié le lundi 16 mai 2022 à 23h00min

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Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

L’actualité politique reste marquée, depuis le coup d’Etat du 24 janvier 2022, par le départ de l’ex-parti au pouvoir de grosses figures, suivi de la création, avec d’autres acteurs du paysage politique, d’un nouveau-né : le Parti panafricain pour le salut (PPS). Un peu plus d’un mois (2 avril 2022) après le lancement de ce parti à vocation social-démocrate, le responsable à l’Information et à la communication, Dissan Boureima Gnoumou, ancien député, maire de Tuy (Houndé), réagit à des éléments relatifs à la vie politique et à la situation nationale.

Lefaso.net : Que peut-on retenir du parcours politique de Dissan Boureima Gnoumou ? Est-ce que cette qualité d’homme politique a changé votre vision de la société ?

Dissan Boureima Gnoumou : Merci pour l’occasion que vous me donnez de m’exprimer à travers votre journal. Mon parcours politique est assez récent, il commence en 2016 avec un mandat de député, puis un mandat de maire, la même année. Mon mandat de député est renouvelé à la faveur des élections couplées de novembre 2020.

Avec ces différents mandats, j’ai pu être au cœur de beaucoup de défis pour le développement local, en ce qui concerne la commune de Houndé, avec une attention pour les questions des collectivités au niveau de la région des Hauts-Bassins et des autres régions du Burkina Faso. Avec les deux mandats de député, j’ai pu porter plusieurs questions, participer à des enquêtes parlementaires, représenter le pays dans différentes instances au niveau sous-régional et international. De tout cela, j’en tire une riche expérience.

Ce tout nouveau parcours, change nécessairement notre vision des choses et de la société. On découvre toujours des facettes nouvelles des hommes, tout comme on se découvre soi-même un peu plus. Mais au finish, je retiens que nous avons un beau pays, avec pleins de potentialités et surtout un capital humain exceptionnel. Ce qui manque le plus, c’est la voie idéale pour fédérer toutes les énergies et travailler de façon synergique. Je crois cependant que nous y arriverons très bientôt Inch’Allah.

En tant d’années de présence active sur la scène, quels sont les principaux enseignements que vous tirez de la vie politique burkinabè ?

Je retiens que nous avons une population travailleuse, résiliente, qui accule peu le politique. Je retiens une classe politique très instable, du fait surtout du système politique qui met les acteurs en compétition permanente. Je retiens que le souci de trop bien faire nous conduit à l’élaboration de textes et l’adoption de multiples procédures qui, in fine, ne produisent pas le développement tant escompté.

Trois années de transition, avec à l’actif, des partis et acteurs politiques relégués en arrière-plan. Sale temps pour vous, acteurs et organisations politiques, ou aubaine pour se remettre en selle ?

Nous vivons une situation exceptionnelle et la priorité est le retour de la paix, le retour des déplacés dans leurs terroirs d’origine et la remise à niveau du circuit économique et social. Le stand-by demandé aux politiciens en février dernier laisse tout de même des passerelles pour l’activité politique. Mais quand le pays est dans un état aussi critique, le jeu politique devrait s’ajuster sans attendre des consignes ou des restrictions. Je le maintiens, notre priorité aussi, en tant qu’acteur de la scène politique, c’est le retour à un climat apaisé, car c’est dans un contexte apaisé que nous pouvons faire ou dérouler les meilleurs programmes et propositions politiques.

La junte, et même une certaine opinion, justifie le coup d’Etat du 24 janvier 2022 par « l’échec » de l’ensemble de la classe politique. Quel commentaire avez-vous de ce regard à la charge du politique ?

En réalité, ce que vous appelez la classe politique est un élément d’un ensemble qu’on appelle société, nation ou pays ; et dans une société, les rôles sont bien distribués. Dans la répartition des rôles sociaux, les politiques n’ont pas la charge de porter les armes de guerre et d’aller au contact de l’ennemi. Si on veut évaluer le rôle des politiques dans la situation du pays, on doit le faire de façon objective, sans vouloir leur faire porter tous les péchés du Faso, si je puis m’exprimer ainsi. Dans une situation comme celle que nous vivons, toute justification ou explication qui tendrait à indexer un seul groupe social peut être en déphasage total avec la réalité.

Une partie de l’opinion nationale prône la limitation du nombre de partis politiques, tandis que d’autres Burkinabè pensent que le multipartisme intégral doit être préservé. Quel est votre avis sur la question ?

La multitude des partis traduit, à mon sens, l’inadaptation du système politique au contexte social de notre pays. Le jour où nous aurons un système mieux adapté, ces compositions et recompositions cesseront, à défaut, on arrêtera de les voir comme un problème. Il faut un jour que les conditions permettent aux uns d’agir, si bien que d’autres ne verront plus la nécessité de s’engager pour changer les choses.

Quelles sont les réformes nécessaires à opérer, pour que les partis politiques, et même les organisations de la société civile qui ont pris une proportion importante cette dernière décennie, jouent réellement en faveur de la construction de la démocratie et du développement ?

Il faut d’abord que la démocratie prônée et promue réponde à des critères de rigueur. Lorsqu’on est avec la population, on n’a pas le sentiment qu’elle adhère à la démocratie, telle que prônée. Elles vivent depuis des années, le ballet des politiques dans les villes, villages et hameaux de culture sans avoir cette capacité réelle de posséder la conduite de leur destin. Nous avons un système démocratique bâti pour des instruits et des initiés. Aussi, le lien entre la démocratie et la création de richesses n’étant pas très clair, la motivation des populations prend un coup.

Le chef de l’Etat, Paul-Henri Damiba, a demandé de restreindre les manifestations à caractère politique ou associatif de nature à perturber l’ordre public. Est-ce une bonne option dans ce contexte où la participation de tous est demandée pour la refondation de l’Etat ?

Personnellement, je ne vois pas en cette demande du chef de l’Etat comme une injonction à la seule classe politique de notre pays. J’y vois un appel à l’ensemble des Burkinabè de tenir compte du contexte, qui est le nôtre, dans toutes leurs initiatives. Sur la base de cet appel, on pourrait s’attendre à ce que vous aussi, hommes de médias, vous adaptiez la pratique du métier au moment de guerre et à la nécessité du front commun dans cette situation.

On pourrait objecter à cette demande du président Damiba, mais-là, nous courrons le risque de faire perdurer l’insécurité et l’instabilité que nous connaissons. Par souci d’avancer, on doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre, juste pour nous permettre de sortir des crises que nous vivons.

Vous étiez de l’Assemblée nationale qui a donné quitus pour l’instauration de l’état d’urgence dans certaines régions du pays, aujourd’hui, il est question de l’étendre à l’ensemble du territoire national. Est-ce un acte qui se justifie, au regard du retour que vous avez eu des zones déjà sous ce régime d’exception ?

A mon sens, avec des militaires au pouvoir, des militaires gouverneurs de régions, on aurait pu faire l’état d’urgence au cas par cas. Une trop grande restriction des libertés peut avoir des contrecoups non souhaitables.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que le PPS est un parti de trop dans le paysage politique ?

Je voudrais simplement demander de permette au PPS d’agir avant de porter un tel jugement sur lui. Quand on regarde la composition de ce nouveau parti, on devrait espérer qu’il apporte plus de cohésion et un dynamisme dans l’offre politique dans notre pays. Je dirai même que le PPS est né à la bonne heure.

Quel intérêt un citoyen gagne-t-il à adhérer au PPS qu’à ces nombreux partis déjà existants, parmi lesquels, de nombreux socio-démocrates ?

Il y a un fait dont on s’abstient de trop parler quand il s’agit de parti, ce sont les porteurs de l’initiative. Pour le PPS, le citoyen devrait y voir une fédération d’expériences à mettre au service des populations.

Passée l’assemblée générale constitutive, quels sont les chantiers prioritaires que vous vous êtes assigné avant le congrès constitutif du PPS ?

Nous sommes dans une période exceptionnelle et l’activité du parti est planifiée en fonction. En dehors des tâches administratives indispensables, nous restons à l’écoute des populations et nous patientons pour les périodes plus favorables à certaines actions.

Comment comptez-vous bâtir ce parti politique, qui sera au-dessus du système et des comportements décriés par les populations et, partant, conquérir (ou reconquérir) tous ceux qui regardent péjorativement la politique ?

Nous avons le grand avantage d’avoir plusieurs personnalités qui connaissent assez bien les problèmes des populations des villes et des campagnes. C’est d’ailleurs l’un de nos atouts.

Propos recueillis en ligne par O.L.O
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 mai 2022 à 20:08, par Le citoyen du Burkina En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », conforte Dissan Boureima Gnoumou du PPS

    Bien dit monsieur GNOUMOU, il faut que tous les Burkinabè fassent un même corps, ce n’est plus une question de politiques, c’est l’unité qui doit primer. Après, on reviendra sur nos différences politiques, idéologiques, sociales etc.

  • Le 17 mai 2022 à 08:29, par Lédi Gustave YEHOUN En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

    C’est bien dit mon frère Dissan mais je ne crois plus à un homme politique. Il suffit de regarder la scène politique, chacun agit en fonction de ses propres intérêts. Quand on s’adresse à la population on porte un masque et on parle d’intérêt du pays alors que dans l’ombre on se boxe en dessous de la ceinture. Etant donné que les intérêts sont partisanes, ces politiques s’adonnent à la duperie.

    • Le 17 mai 2022 à 14:16, par zemstaba En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

      Internaute Yehoun,
      Vous avez tout à fait raison, surtout quand on connaît l’évolution politique de Mr Gnoumou.
      Ce monsieur a été élu député pour la premiére fois de sa vie en 2015 sous la banniére de l’Upc ; Il étit à l’époque le plus jeune député de l’Assemblée Nationale, ce qui montre bien que son parti fait la promotion des jeunes. Il a meme été désigné Secretaire parlementaire. Un an plus tard, toujours grace à son parti, il est élu maire de Houndé et devient donc député maire. Jusque là, tout semblait indiquer qu’il était sur une trajectoire politique pleine de promesses.
      Malheureusement, en 2016, il rejoint le groupe des frondeurs suscité par feu Salif Diallo pour torpiller l’Upc, en compagnie des Daouda Simboro. Il rentre dans les bonnes grâces de Salif Diallo et devient son bon petit. Tout lui était permis au sein de l’Assemblée. Pour ses déplacements le week end, il faisait émettre des ordres de missions fictives pour lui et son chauffeur et Salif Diallo signait. A un moment donné, les députés MPP sont même allés se plaindre auprés de Salif contre ce traitement de faveur.
      Après la mort de Salif, lui et son groupe de frondeurs sont récupérés par Balla Sakandé le nouveau PAN. Ce dernier laisse se poursuivre le traitement de faveur et délie les cordons de la bourse pour permettre à ces traitres de créer leur parti, le Mouvement pour le Burkina du Futur (MBF)
      A la fin du mandat, Gnoumou comme tous les autres frondeurs se présente sous la bannière du MBF. Grace à l’argent de la mine qu’il gérait en tant que maire, il fait une campagne à l’américaine où l’argent coule à flot. Il est élu et gagne meme plus de voix que le député MPP. Ce dernier
      v d’ailleurs saisir la direction du parti pour lui demander
      de régler son compte à Gnoumou.
      Dés que le coup d’Etat survient et que les transfuges du MPP créent le PPS, Gnoumou n’a aucun scrupule à abandonner Simboro avec son MBF pour rallier le nouveau parti.
      Quelle crédibilité donner à un individu pareil.?
      Gnoumou n’a aucun principe ni aucun scrupule. La seule chose qui compte pour lui, c’est son intérêt immédiat.
      Si c’est avec des gens comme cela que le Burkina de demain va se faire,, nous sommes foutus.

  • Le 17 mai 2022 à 15:13, par le Vigilant du Sahel En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

    Tout le monde parlent de valeurs cardinales (dignité, honnêteté, courage, respect d’autrui, de la parole donnée etc) mais personne ne veut les appliquer sur le terrain.
    Le jour où nous organiserons des élections en mettant au premier plan la qualité des programmes de développement proposés et non le montant d’argent distribué par chaque candidat, on aurait réglé l’essentiel des problèmes du Faso.
    Tout le monde connaît le nom de la vieille mais on préfère l’appeler Yaba.

  • Le 17 mai 2022 à 15:13, par le Vigilant du Sahel En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

    Tout le monde parlent de valeurs cardinales (dignité, honnêteté, courage, respect d’autrui, de la parole donnée etc) mais personne ne veut les appliquer sur le terrain.
    Le jour où nous organiserons des élections en mettant au premier plan la qualité des programmes de développement proposés et non le montant d’argent distribué par chaque candidat, on aurait réglé l’essentiel des problèmes du Faso.
    Tout le monde connaît le nom de la vieille mais on préfère l’appeler Yaba.

  • Le 17 mai 2022 à 15:59, par leuk En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

    L homme nait bon, le politique le transforme. Au Burkina , la politique divise les familles et les rend antagonistes pour la vie avec comme conséquences tout ce que nous vivons aujourd’hui.Les mêmes enfants d’une même famille ne se disent plus bonjour, imaginez ce qu"ils peuvent se faire mutuellement ?
    La contribution des politiciens est énorme pour la réconciliation car c’est eux qui ont créé les frustrations dans les sociétés, mettez les en contribution dans la recherche pour la Paix dans notre Pays.Que Dieu sauve

  • Le 17 mai 2022 à 18:07, par Le Duc du Yatenga Nouveau En réponse à : Burkina : « On doit tous revoir nos attitudes des temps de paix pour adopter une attitude de temps de guerre », propose Dissan Boureima Gnoumou du PPS

    GNOUMOU, vous vivez dans ce pays là ? Si oui donnez-moi une période durant laquelle vous estimez que nous étions en temps de paix. Le PPS lui-même est-il un produit de paix ou de guerre ? Le Duc croit qu’il faut pas s’accorder une tribune pour parler d’un non être. La fourberie politique qui veut s’identifier comme une œuvre intelligente écœure le Duc.

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