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Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

Publié le vendredi 8 avril 2022 à 15h45min

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Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

Cet article, le 3eme et dernier d’une série de trois , porte sur un nouveau phénomène de pollution massive de l’air qui a commencé depuis le 25 nov. 2021 et continue jusqu’en ces jours 28 mars 2022, à Saaba Commune rurale dans la région du Centre. En rappel, l’ordre que nous avions proposé :

-  Article partie 1/3 : Présentation introductive des faits
-  Article partie 2/3 : Présentation détaillée des faits
-  Article partie 3/3 : Des conclusions de nos investigations

Chapitre 2, article 5, Code de l’Environnement 2013 : « Toute personne a le droit à un environnement sain. A cette fin, elle peut porter plainte devant les autorités administratives ou judiciaires compétentes …L’administration est tenue de répondre à sa requête. »

DES CONCLUSIONS DE NOS INVESTIGATIONS

A) DE LA QUESTION PREOCCUPANTE

-  Quels sont ceux qui ont contraint, mortifèrement, une grande partie de la Commune de Saaba à respirer une odeur d’hydrocarbure mêlée d’odeur de brulure rappelant le « pop-corn » durant 8 heures d’affilée en moyenne par jour pendant près de 70 jours, du 25 nov. 2021 à fin jan 2022 ? Et qui continue d’exposer les résidents de Saaba (Nioko1, Baorgo, Wamtenga, etc.) cette fois tantôt furtivement, tantôt ostentoirement, durant 01h à 02h de temps d’affilée par jour depuis début mars 2022 ? Eh oui, cette pollution d’extermination massive, après accalmie apparente, a repris, continue en ces moments 28 mars 2022, et reste loin de cesser aussi providentiellement que ça ;

-  lI n’est pas du tout exclu qu’il y ait plusieurs sources concomitantes de pollution pour une même manifestation. Cependant, nous nous limiterons à cette pollution spectaculaire qui a vraisemblablement commencé le 25 nov. 2021.

B) DE NOTRE REPONSE A CETTE CHARADE DE DEGRADATION MACABRE DE L’AIR

Durant notre chasse aux informations, il nous est revenu que la réponse à cette question vient, irréfragablement, entre autres, du fait que des acteurs de notre vivre-ensemble, « génie libéré » , se livrent à des activités de production de carburants (gas-oils, etc.) ou de valorisation à base des pneumatiques. Enfin, voici la cause de cette pollution massive aux odeurs d’hydrocarbures et aux odeurs de brulé qui rappellent le « pop-corn » calciné. Voici enfin la réponse à ces manifestations apocalyptiques de pollution de l’air qui aura défié sournoisement l’imagination, l’attention de nombre de résidents de Saaba.

Ces manifestations sont d’autant plus déconcertantes qu’elles se déroulent sur toute une commune rurale de 286 000 habitants avec un « effet de confinement de geolocalité ». En effet, chacun pense que c’est son voisin et chaque voisin pense à son tour que son prochain d’à côté, personne n’osant s’imaginer que l’énigme est totalement de portée quasi circoncripto-territoriale. En témoigne éloquemment les 4 étapes de résultats progressifs de délimitations auxquelles nous sommes parvenus, après près de 120 jours d’observation ; voir notre exposé dans le 2eme article (partie 2/3) de la série des 3.

C) DE NOS DEMARCHES DE VERIFICATION ET DE CONFIRMATION

Fort de certains indices sur la localisation de la source de cette pollution, nous avons fait le déplacement le 19 Mars 2022, entre 12h30 et 13h00 sur les lieux présumés. Ainsi, nous avons acquis une certitude qui se fonde sur le fait de l’indice de localisation qui a été confirmée par plusieurs constats.

I) Des indices de localisation de la source de pollution

-  C’est ce qui fut l’objet de notre déplacement « in propria persona » le dimanche 19 mars 2022, entre 12h30 et 13h30, dans la zone incriminée.
-  Ces activités sont en train de se mener dans la zone à gauche, à partir de la fin de l’Avenue Cyrille Goungounga (Nord-Est Barrage de Saaba) par la gauche, en empruntant la voie non bitumée et dépassant l’Ecole Zoodo, la 2eme pancarte de la Société Immobilière Soyaf site de Saaba, le Centre d’Eveil et d’éducation, jusqu’au-delà du Lycée Le Jourdain perdu dans la brousse en passant par le village Tangin-Yabdgo (si ma lecture est correcte).

-  La localisation de cette usine « pétrochimique » ou l’une d’elles se situe dans la zone à hauteur du trajet entre la Pancarte « Centre d’Eveil et d’Education Préscolaire … », si mes lectures sont bonnes, jusqu’au village de Tangin-Nabdgo en passant par le lycée « Le Jourdain ».

II) De nos constats de l’existence d’une source de pollution dans la zone

1) 1er éléments de confirmation : des occurrences répétées des odeurs en question
En effet, chemin faisant, nous avons pu sentir de manière flagrante et massive, en plein midi (12h30-13h30), l’odeur polluante d’hydrocarbures mêlée d’odeurs de « pop-corn » :

-  Au niveau de la zone de maraîchage
-  Au niveau de Pancarte « Centre d’Eveil et d’Education »
-  Plus loin dans les parages du Lycée « Le Jourdain »
-  De plus, l’odeur a été très stagnante et répétée à hauteur de la pancarte du « Centre d’Eveil et d’Education Préscolaire. Nos pauvres enfants, les plus vulnérables en situation de pollution !

2) 2eme éléments de confirmation « en live » en plein midi

Curieusement, ces manifestation d’odeurs, dont nous avons été témoins, de manière flagrante, ont eu lieu entre 12h30 et 13h30, moment de notre séjour dans la zone. Ces manifestations « en live » sont la preuve que les activités de pollution incriminée étaient en cours lors de notre séjour. En effet, ces mêmes odeurs, nous ne les sentons dans nos quartiers (Nioko1, Baorgo, etc. ) que dès la tombée de la nuit (obscurité).

Autrement, c’est comme si les acteurs en question attendent la nuit, moment de discrétion par excellence, pour porter leur activité « à son niveau de croisière ». Personnellement, je n’ai jamais senti ces odeurs le jour (10h00 – 17h00) dans mon quartier. Par conséquent, si l’odeur se manifeste le jour en plein midi entre 12h30-13h00, c’est que la source est immanquablement dans la zone de notre séjour le 19 mars 2022.

III) De nos conclusions

Il se pourrait même que la source de pollution soit encore plus loin. Mais en tout état de cause, nous affirmons que dans cette zone se déroulent bel et bien des activités polluantes massives qui pourrait consister en des transformation de pneumatiques en hydrocarbures (gas-oils, etc.).

D) DE QUELQUES COMMENTAIRES SUR CES TYPES D’ ACTIVITE

La fabrication de carburants à partir des pneumatiques usées est une initiative qui s’inscrit dans le cadre du problème de recyclage et valorisation des déchets, un des casse-têtes en matière de protection de l’Environnement. C’est ainsi que naquirent les premières initiatives en la matière mais avec des procédures industrielles maitrisées et normalisée.

Elles ont consisté, entre autres, surtout à mettre au point ce que d’aucuns ont appelé les CBP, « Combustibles à Base de Pneumatiques » dans certains domaines industrielles voraces en énergies de fonctionnement (cimenteries, centrales électriques, etc.). Entre temps on va plus loin en mettant au point des procédés de fabrication d’hydrocarbures à base des mêmes pneumatiques.

Cette activité de niveau industrielle requiert des procédés physico-chimiques de transformation dont l’une d’elle s’appelle « pyrolyse ». La pyrolyse consiste à faire chauffer des déchets à entre 300 et 700° Celsius en l’absence d’oxygène (dans des fours où pas d’air) en vue d’obtenir une dégradation des déchets, ici les pneumatiques, sous forme gazeuse, liquide, solide. Les parties liquide ou gazeuse va constituer grosso modo le gas-oils à obtenir.

Mais hélas, il nous semble fort que dans le cas des activités polluantes dans la Commune de Saaba, cette procédure n’est pas maitrisée ou est même faite de manière quasi-artisanale par incinération exemple. Et c’est cette débrouillardise, en dehors de tout scrupule de normes, qui a donné lieu à ces odeurs d’hydrocarbures et de « pop-corn » intensément et fréquemment pendant 8h en moyenne par jour pendant près de 70 jours, du 25 nov. 2021 à fin jan 2022 et qui continue jusqu’en ces jours 28 mars 2022.

En rappel, de telles activités sont régies et classées par le Code de l’Environnement dans la classe 1 des Etablissements Dangereux Pour l’Environnement, soumis à un régime de règlementation sévère : agréments, étude d’impact environnemental, etc.

E) CONCLUSION

-  Nous voilà enfin à la fin de cette série de 3 articles qu’il nous aura fallu pour exposer de manière quasi-exhaustive ce phénomène de pollution massive d’air qui a constitué et continue de constituer une charade de vie ou de mort à résoudre pour nombre des résidents de la Commune rurale de Saaba. L’aspect déconcertant de ce phénomène aura été ce que nous appelé « l’effet de confinement de geolocalité » où chacun de ceux qui s’y sont intéressés se demandait si cette pollution ne venait pas de son voisin ou du garage du quartier.

-  Ainsi, au bilan, depuis le 25 nov. 2021 à Saaba, pas moins de 100 000 personnes sur les 286 000 résidents ont été exposées à des polluants physiques (matières poussiéreuses : rhinites, asthme, bronchites, etc.), à des polluants chimiques à travers les brulures de pneus et leurs odeurs (méthane, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote, acides gazeux : problèmes pneumo de tous les noms possibles, cardio, aggravation des maladies chroniques, etc.).

Un polluant a pour « vocation » d’agresser, de blesser ou de tuer l’être humain selon des modalités simples mais aussi complexes. En conséquence, la pollution de l’air, ce n’est pas une affaire d’incommodation olfactive (nuisance olfactive) mais d’intoxication de l’être humain, autrement dit d’atteinte à l’intégrité physique interne (biologique) de l’être humain.

-  Sauvons nos enfants, nos femmes enceintes, nos personnes âgées : les premières victimes immédiates de la pollution ! Et que dire de ces enfants qui sont scolarisés précisément dans l’épicentre de cette pollution apocalyptique : en témoigne la pancarte « Centre d’Eveil et d’Education Préscolaire dans la zone incriminée.

Somwaoga Michael LeRoi
Résident Nioko1 (Saaba)
Email : akoutou@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 8 avril 2022 à 15:52, par Diongwale En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

    .
    En conséquence, qui va porter "plainte devant les autorités administratives ou judiciaires compétentes …L’administration est tenue de répondre à sa requête" ? Vous, l’auteur de cet article en trois parties ?
    Qui que ce soit, la justice doit être saisie, car il n’y a pas que les humains qui souffrent de cette activité nauséabonde, la planète aussi en souffre et un jour nous devrons en rendre compte, mais ce jour venu, la planète sera devenue invivable !

    • Le 9 avril 2022 à 02:41, par Jean Paul En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

      On n’a pas besoin de porter plainte. Les autorités compétentes en charge de la protection de l’environnement ne sont pas sensées ignorer ce problème. Elles doivent s’auto-saisir du problème, mener des enquêtes et sanctionner s’il le faut. On ne va tout de même pas vivre comme des animaux en regardant faire sans réagir.

    • Le 9 avril 2022 à 16:07, par Somwaoga Michael LeRoi En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

      - Merci pour votre belle question : "à qui la charge de porter plainte ?". J’ai dejà fait en ce qui me concerne ce que de droit. N’empêche, toute autre personne peut bel et bien en rajouter. En effet, à cause de ce probleme de pollution, certains me prennent pour un paranoiaque ou un "Marco Polo le menteur" et croit difficilement en la verité quand elle est exposé par une seule personne, qui pius est, quand l’ignorance est etablie en reference. Ce qui est grave cette ignorance semble même intitutionnelle. D’où, par ailleurs, cet effort de partage de connaissance à travers ces articles.
      - Je vous felicite aussi pour votre prise de conscience societale. Il faut penser à soi, aux autres, à nos enfants, à l’environnement.

  • Le 8 avril 2022 à 17:32, par Skal de Banfora En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

    Merci pour l’effort de renseignement. Grace à vos travaux de recherches et d’enquêtes terrain j’en sais beaucoup plus sur cette pollution qui nous rend la vie difficile dans la commune de Saaba.
    Merci, merci !
    Vivement que les autorités communales s’en saisissent pour mettre fin à cette pollution.

    • Le 9 avril 2022 à 16:20, par Somwaoga Michael LeRoi En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

      Merci pour vos encouragements. En realité, il ya encore enormément à apprendre sur la terreur et le caractère insidieux du phenomène d’intoxication à travers la pollution de l’air. Et nous continuerons, par la grâce de la Providence Divine, ces efforts de partage. L’ignorance ne peut pas s’eriger en une reference ! La SANTE est un capital à vie qu’il faut imperativement preserver et non à BRADER dans le bonheur de l’ignorance.

  • Le 9 avril 2022 à 11:51, par saam En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

    J’espère que cette minutieuse enquête ne restera pas sans suite. Vivement que les autorités s’en saisissent pour trouver une solution au problème.
    Les résidents ne demandent rien d’autres que de jouir du droit de préserver leur santé en vivant dans un environnement sain, loin de tout nuisance olfactive, sonore et autres.
    Soutien total à vous ! Nous restons à l’écoute pour le dénouement de cette affaire.

  • Le 21 avril 2022 à 01:06, par John En réponse à : Pollution de l’air à Saaba 2021-2022 : Extermination massive silencieuse en cours (partie 3/3)

    Bonjour et merci pour votre etude sur ce phenomene de pollution que je viens juste d’avoir connaissance. Pour un sujet aussi sensible et qui concerne directement les habitants de la zone mentioner, ma premiere contribution en tant que resident est de se demander si la zone concerne ou les zones n’ont t’ils pas de chef de quartier pour vous toucher directement afin de mettre ensemble un comite de suivi de l’enquete sur la pollution et poser une plainte a qui de droit pour faire bouger les choses. La zone est vaste, mais une grande chance en meme temps pour recolter des fonds et prendre un avocat avec les indices que vous avez glaner afin d’ arreter CE ENPOISONNEMENT LATENT. Nous devrions mettre en place un comite pour situer les responsabilites et en meme temps arreter ce phenomene.

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