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Burkina/Insécurité : « Bourzanga, la plus grande commune du Bam, commence à manquer de tout » (ressortissants)

Publié le jeudi 7 avril 2022 à 21h58min

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Burkina/Insécurité : « Bourzanga, la plus grande commune du Bam, commence à manquer de tout » (ressortissants)

Après leur conférence de presse du 10 janvier 2022 pour tirer la sonnette d’alarme sur la ‘’situation intenable’’ dans leur localité, des ressortissants du village de Namsiguia dans la commune de Bourzanga, région du Centre-nord, ont, par une conférence de presse, ce jeudi 7 avril 2022 à Ouagadougou, fait le point de la situation. Il y ressort que les populations ont finalement été contraintes d’abandonner la localité, le 17 mars 2022 et ce, après quatre années de résistance, pour se réfugier à Bourzanga, dans le chef-lieu, occasionnant une situation humanitaire.

« Il vous souviendra que le lundi 10 janvier dernier dans cette même salle de la Bourse du Travail nous avions animé notre première conférence de presse dont la teneur du message se résume en un cri du cœur : Il faut sauver maintenant et sans délais les milliers de populations de Namsiguia pour que leur résistance contre le terrorisme depuis maintenant quatre longues années ne soit pas vaine », a rappelé le porte-parole à la conférence de presse, Abdoul Karim Sawadogo.

En effet, poursuit-il, à maintes reprises et sans succès, les terroristes ont tenté de s’emparer de la ville. Ils avaient alors mis une stratégie pour étouffer Namsiguia, en empêchant son ravitaillement en denrées alimentaires, réduisant la mobilité des populations et en harcelant quotidiennement les populations par des attaques, explique M. Sawadogo, précisant que le 12 décembre 2021, un mémorandum sur la préoccupation avait été transmis aux autorités nationales régionales, provinciales et communales.

Abdoul Karim Sawadogo, avec à sa droite, Soumaïla Badini et à sa gauche, Lévis Constantin Konfé.

Les terroristes finiront par entrer dans le village, tuant une dizaine de personnes et brûlant toutes les boutiques et autres provisions, relate-t-il. « Malgré tout, Namsiguia est resté débout car, ladite attaque a coïncidé avec le lancement de l’opération ‘’Lanbingol’’ qui veut dire nettoyage en fulfuldé et qui a porté un coup dur aux groupes terroristes dans la zone, à en juger par un communiqué de l’armée. Effectivement, Namsiguia a connu deux semaines d’accalmie et on avait même poussé un ouf de soulagement. Mais, la nature ayant horreur du vide, les terroristes après le départ de l’armée ont repris du poil de la bête en instaurant un blocus total à partir de mi-février et en multipliant les actions déstabilisatrices. Après tant de sacrifices, et de don de soi Namsiguia a fini par tomber le jeudi 17 mars 2022 », décrivent Abdoul Karim Sawadogo, Constantin Lévis Konfé et Soumaïla Badini, animateurs de la conférence.

Ce qui a poussé les populations à rejoindre Bourzanga, chef-lieu de la commune, de laquelle relève Namsiguia, abandonnant tout derrière elles. Les conférenciers expriment au passage leurs gratitudes aux habitants de Bourzanga pour l’accueil qu’ils ont réservé aux populations contraintes de Namsiguia.

« Depuis lors, la ville (Namsiguia, ndlr) a été livrée aux pillages des terroristes qui n’ont pas manqué de savourer leur victoire. Partir de Namsiguia pour Bourzanga a été un parcours de combattant. Il a fallu transporter les malades avec tous les moyens de bord, les uns portés au dos, les autres dans des charrettes tractées à tour de rôle par les proches faute d’âne et autres animaux de traction. Ensuite, il a fallu convaincre les irréductibles de partir eux qui étaient prêts à mourir plutôt que de subir cette ‘’déportation’’ vue comme une énième humiliation », rapportent-ils, relevant toutefois ne pas avoir d’information sur l’état des lieux actuels à Namsiguia par rapport à une éventuelle présence de l’armée.

« On ne saurait vous dire si l’armée a repris position, comme elle a décidé de ne pas communiquer. Si tel est le cas, c’est une bonne chose parce que ça va limiter le pillage du village par les terroristes », avouent en substance les porte-paroles.

Ils saluent par la même occasion également, le travail abattu par les volontaires pour la défense de la patrie (VDP), obligés, après tant d’années, de ployer face à la montée en puissance en armements des terroristes (tirs d’obus par exemples).

« Bourzanga, la plus grande commune du Bam commence à manquer de tout. Il faut donc la sauver d’urgence. Le peu que nous connaissons, c’est que Namsiguia, ce verrou important pour le Bam et pour le Soum, a cédé du fait de la lassitude et surtout du sentiment d’abandon de la part de l’Etat. (…). Face à l’urgence humanitaire, nous demandons à l’Etat et à ses partenaires, de diligenter une aide pour les populations installées à Bourzanga. Et pour ne pas laisser perdurer cette situation, nous demandons à l’Etat de reconquérir au plus vite Namsiguia pour empêcher les sans foi ni loi de s’y sanctuariser. Que toutes les mesures appropriées soient prises pour arrêter le pillage en cours de la ville pour que les populations sauvent le moment venu ce qui peut encore l’être. Nous sommes prêts à jouer notre partition pour le retour des populations, si des mesures sécuritaires idoines sont prises. C’est le lieu d’inviter les ressortissants de la commune de Bourzanga et au-delà ceux de la province du Bam à se donner la main pour faire face à cette menace existentielle qu’est le terrorisme. Cet appel à la mobilisation vaut pour tous les Burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur. Personne ne doit rester insensible à la souffrance des Burkinabè, personne de doit se mettre en marge de cette lutte dont la seule issue, c’est la victoire. Si par passivité nous laissons les populations continuer à quitter village après village nous risquons au finish de ne plus avoir notre chère patrie », alertent-ils.

Pour rappel, Namsiguia, un village de la commune de Bourzanga, province du Bam, dans la région du Centre-nord, est la deuxième plus grande localité de ladite commune et est traversé par la route nationale n°22 reliant Ouagadougou à Djibo (il est à 20 km de Bourzanga et à 36 km de Djibo).

O.L
Lefaso.net

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