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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : La défense en appelle à l’intime conviction du juge

Publié le mardi 22 mars 2022 à 12h37min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : La défense en appelle à l’intime conviction du juge

C’est parti pour les plaidoiries des avocats de la défense au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons. Le ton a été donné par Me Mathieu Somé, l’un des avocats de Gilbert Diendéré. Dans son mot introductif, l’avocat s’est incliné « avec respect et humanisme » sur la mémoire des victimes des événements du 15 octobre 1987.

Il a également remercié le président de la Chambre de première instance du tribunal militaire pour la patience, l’esprit de recherche de la vérité et l’écoute dans ce dossier. L’avocat a par ailleurs exprimé son admiration pour les accusés présents pour avoir dit leur part de vérité.

Dans sa plaidoirie, Me Mathieu Somé a rappelé l’article 4 de la constitution du Burkina qui dispose entre autres que « Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie ». « Sommes-nous damnés, sommes-nous déjà condamnés ? Je pense que non », a indiqué l’avocat avant de remonter aux origines de ce dossier, c’est-à-dire le 3 octobre 1997. C’est ce jour là que la famille Sankara a déposé une plainte devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Ouagadougou (TGI), contre X pour des faits d’assassinat et faux en écriture administrative.

Dans sa plaidoirie, Me Somé est revenu sur la question de la prescription de l’action publique en matière pénale. L’article 220-2 du code de procédure pénale dispose qu’« en matière de crime et sauf dispositions particulières, l’action publique se prescrit par dix années révolues à compter du jour où le crime a été commis, si dans cet intervalle il n’a été fait aucun acte d’instruction ou de poursuite ». L’avocat évoquera également l’article 6 du Statut de Rome sur les crimes imprescriptibles. Il s’agit des crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les crimes de génocide. Pour lui, les chefs d’accusation retenus dans le dossier Thomas Sankara (attentat à la sûreté de l’Etat, assassinat, recels de cadavres, subornation de témoins, etc) sont donc tous prescriptibles.

En faisant référence au professeur Bernard Bouloc, Me Somé dira qu’ « Au bout d’un certain temps, dans un intérêt de paix et de tranquillité sociale, mieux vaut oublier l’infraction qu’en raviver le souvenir ».

A sa suite, Me Abdou Latif Dabo, un autre conseil du général Gilbert Diendéré a souligné l’importance de la notion d’intime conviction du juge. Il s’agit d’une méthode de travail qui ne se résume pas à une impression. Elle demande au juge de passer au crible de la raison toutes les composantes du dossier, chaque élément de preuve, chaque moyen de défense.

Me Dabo a également fait appel à ses connaissances livresques et filmiques sur notamment la psychologie avant de rappeler à la chambre que ce n’est pas le nombre de témoignages qui fait la vérité dans un procès. Pour lui, certains souvenirs ont été dénaturés du fait de l’âge ou de la maladie mais aussi du fait de la pression émotionnelle lors des événements d’octobre 1987. Il estime que les souvenirs à forte charge émotionnelle sont parfois inaccessibles du fait de l’anxiété du sujet. « La vérité ne se murmure pas, elle se dit », a rappelé Me Dabo. Pour l’avocat, certains témoins ont manqué de dire la vérité à la barre, alors qu’ils ont longtemps occupé les espaces médiatiques pour parler des luttes engrangées sous la révolution.

HFB
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