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Groupe EIER-ETSHER : "Grâce à nos réformes, nous avons refusé du monde à la rentrée 2005"

Publié le mardi 29 novembre 2005 à 07h35min

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Après plus de trois décennies d’existence, le groupe EIER-ETSHER s’est inscrit dans une dynamique de mutations pour être en phase avec les normes internationales. Fin du numerus clausus, passage au système LMD, érection en Institut d’ingénierie de l’eau et de l’environnement de Ouagadougou, telles sont les questions que nous avons abordées avec son directeur, Paul Ginies.

Présentez-nous le Groupe EIER-ETSHER, dont vous êtes le Directeur général.

• Le Groupe EIER-ETSHER est un institut inter-Etats d’enseignement supérieur et de recherche dans les domaines de l’eau, l’énergie, l’environnement et les infrastructures, qui forme, à Ouagadougou, des cadres africains qui travaillent en Afrique. Il existe depuis trente-cinq (35 ans) et avait au départ la mission de former des ingénieurs et des techniciens pour les Fonctions publiques aux lendemains des indépendances. Les Fonctions publiques étant remplies, le groupe s’est ensuite tourné vers le secteur privé en vue d’impulser le développement économique de nos quatorze (14) Etats membres.

Pour ce faire, il a mis en place en même temps que la formation initiale, ingénieur et technicien, la formation continue et de l’ingénierie pour être plus proche du secteur privé.

Depuis sa création, l’établissement a formé 805 ingénieurs, 1114 techniciens et 787 titulaires de DESS. Il mène en collaboration avec des établissements du Nord et du Sud, comme l’IRD et le CIRAD, des travaux de recherche, principalement dans les domaines de l’eau, de l’énergie et de l’environnement.

A compter de la rentrée 2005, le groupe sort d’un numerus clausus découlant du système de bourses pour accueillir aussi les non-boursiers. Quelle en est la raison ?

• En février 2005, il y a des réformes qui ont été introduites et qui changent fondamentalement le mode d’organisation et de financement du groupe. Ce pour plusieurs raisons. L’une c’est que le nombre d’étudiants depuis l’origine était limité entre deux cents (200) et deux cent quarante (240) parce que ce nombre d’entre eux était déterminé par le nombre de bourses que l’on obtenait de nos partenaires au développement.

Et comme ceux-là ont commencé à rencontrer des problèmes budgétaires, on a changé le système pour donner une nouvelle démarche qui consiste à ouvrir le groupe à tout étudiant qui veut payer ses frais de scolarité.

Evidemment, tout le monde a pensé qu’il y aurait moins d’étudiants que par le passé, mais la conclusion c’est qu’on en a plus. Pour la première fois de son histoire, le groupe a trois cent vingt (320) étudiants à cette rentrée. Les objectifs sont pour 2008-2009 d’avoir entre 800 et 1000 étudiants à Ouagadougou pour faire face à des besoins de formation non satisfaits.

Quel est le coût de formation dans votre établissement ?

• Pour un diplôme d’ingénieur, le coût de la formation est de 8,5 millions pour cinq années de scolarité parce qu’on a encore une subvention de nos partenaires. Avec ce diplôme, en deux ans, on obtient le remboursement de son investissement. Investir dans une formation de haut niveau comme celle que livre le groupe est un très bon investissement. Les étudiants qui viennent chez nous trouvent du travail. La moitié en trouvent avant leur sortie et le reste en l’espace de 6 mois parce que notre formation est performante et reconnue.

Cette rentrée a aussi consacré votre passage au système Licence-Master-Doctorat (LMD). Pourquoi cette mutation pédagogique ?

• C’est une mutation importante, car dans un passé récent jusqu’à l’année dernière, on pouvait entrer chez nous avec le baccalauréat pour préparer le diplôme de technicien au bout de deux ans. Ce diplôme est de bonne qualité, mais défavorisé sur le marché du travail parce que les licences professionnelles, souvent de qualité inférieure, paraissent plus attractives. Ces techniciens, en plus de cet handicap, n’étaient pas autorisés à passer dans le cycle d’ingénieur, ce qui dissuadait les meilleurs élèves de terminale scientifique de venir chez nous. Le système LMD permet à celui qui vient au groupe, après le BAC, de faire d’abord une licence professionnelle (BAC + 3), qui est un diplôme reconnu. Ensuite, il peut continuer pour faire son master ingénierie avec une possibilité de faire des stages en France, aux USA, en Suisse ou ailleurs.

Les meilleurs, eux, peuvent faire leur doctorat ici en cotutelle avec d’autres universités, ou ailleurs en cotutelle. On peut rester chez nous avec peu de moyens et avoir les mêmes diplômes qu’en Occident parce que nous ne connaissons pas la fracture scientifique ni celle technologique.

Quels sont vos rapports avec les grandes écoles du Continent ?

• Nous avons les groupes des écoles de l’espace africain pour fédérer nos forces et accroître nos masses critiques. La Conférence des grandes écoles permet d’assurer la mobilité des étudiants et des professeurs des différents établissements du continent. Au sein de l’UEMOA, nous sommes aussi un pôle d’excellence depuis le mois de septembre.

Le groupe s’apprête à commémorer le 25e anniversaire de son partenariat avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Quelles sont les perspectives d’avenir de ce partenariat ?

• C’est à partir du 29 novembre que les manifestations commémoratives commenceront. Entre autres activités, nous allons faire le bilan de nos 25 ans avec à la clef, l’inauguration d’un certain nombre d’investissements, notamment la station d’épuration ; une conférence sur l’eau sera aussi animée. Ensuite, on va jeter les bases du futur, surtout en voyant comment cette coopération va s’insérer dans notre système de LMD. La coopération suisse, qui soutient ce partenariat, souhaite entamer à partir de 2006 une nouvelle tranche de cinq années. Dans l’enseignement supérieur, dans la science et la technologie, la durée est importante. C’est dans ce sens que nous saluons la persévérance de nos partenaires comme la Suisse, les Coopérations française et danoise.

Toujours dans le cadre de cet anniversaire, nous aurons le 30 novembre 2005, notre comité scientifique, auquel participera un certain nombre d’institutions en vue d’examiner la qualité de nos programmes. C’est en fait un regard étranger sur ce que nous faisons.

Quels sont les projets de votre structure ?

• Il y a une volonté politique très nette des autorités de ce pays, notamment mon ministre d’Etat, Salif Diallo, qui œuvre au rayonnement du groupe. Le gouvernement s’est engagé à nous donner un terrain supplémentaire .

A partir de l’année prochaine, le groupe sera un Institut d’ingénierie de l’eau et de l’environnement qui sera affilié à l’Institut africain des sciences et de technologies que l’institution Nelson Mandela, la Banque mondiale et la Coopération française sont en train de monter. Quant à la partie polytechnique, elle sera à Abuja, mais la structure affiliée à cet institut africain à vocation subsaharienne est le Centre Eau et Envrionnement, qui sera rattachée au Groupe EIER-ETSHER.

Du fait de nos réformes, nous avons refusé du monde à cette rentrée, et si nous nous sommes limité à cet effectif, c’est parce qu’on n’avait pas de logements suffisants. Nous travaillons à recevoir 450 étudiants l’année prochaine.

Quel appel lancez-vous aux acteurs du groupe ?

• Notre institut a une forte identité africaine. Le Directeur adjoint, Amadou Maïga, les directeurs et les chefs d’unités thématiques sont Africains. En s’africanisant, l’école a gagné en excellence et en reconnaissance internationale. J’invite donc tout le monde à venir nous voir ; nous sommes une maison transparente. La bonne gouvernance universitaire et financière est au cœur de nos actions. A toutes les étapes de la formation de nos étudiants, nous voulons être évalués en permanence par les gens qui viennent de l’extérieur. Les Etats membres et les partenaires ont consenti les efforts énormes à travers nos réformes et nous souhaitons que cette synergie d’action se maintienne au profit de la jeunesse africaine.

Propos recueillis par Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur

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