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Fatimata Legma, haut-commissaire des Balé : « J’ai toujours fait de la collaboration, mon cheval de bataille »

Publié le lundi 19 janvier 2004 à 07h12min

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En ce début d’année, Mme Fatimata Legma, haut-commissaire des Balé s’est entretenue avec la presse sur des questions liées au développement de sa province. Ce fut l’occasion pour Mme Fatimata Legma de jeter un regard rétrospectif sur l’année écoulée et de dégager des perspectives pour l’année 2004.

Sidwaya (S.) : Madame le haut-commissaire, quel message avez-vous à l’endroit de vos administrés en ce début d’année ?

Fatimata Legma (F.L) : Je voudrais à l’instar de toute la population, souhaiter à tous et à toutes une bonne et heureuse année 2004. Que 2004 soit d’abord une année de santé, de paix, de succès dans leurs différentes entreprises, sur les différents chantiers de bataille et que la solidarité soit de mise au niveau de la population des Balé pour que nous puissions conduire ensemble cette mission qui nous a été confiée par le premier responsable de ce pays.

S. : Quel bilan peut-on tirer de vos actions de l’année 2003 ?

FL : Au cours de l’année 2003, nous avons dans un premier temps organisé dès notre arrivée, des sorties pour rencontrer les populations des départements de la province et de la commune afin de discuter sur les préoccupations et voir ensemble les priorités et les actions à mener. Ensuite, nous avons eu beaucoup d’activités pour sensibiliser la population. Vous savez que Boromo et Pâ, tout comme les sites aurifères sont des points de grande concentration. Certains maux tels que le Sida, la prostitution, la drogue sont présents. Donc, nous avons avec les préfets, eu des sensibilisations sur ces questions. Comme c’est une activité continue, en 2004 nous allons mettre l’accent là-dessus.

S. : Et dans les autres secteurs ?

F.L. : Au niveau de l’éducation, dans la Boucle du Mouhoun, la direction provinciale de l’Enseignement de base des Balé vient en tête. Nous avons donc récompensé les meilleurs enseignants, les élèves et leurs parents lors d’une journée de l’excellence.

Concernant l’administration générale, la construction du haut-commissariat qui avait été arrêtée depuis 2000 a pu reprendre et maintenant le bâtiment est terminé. A Oury, le préfet auparavant sans domicile fixe dispose maintenant d’un logement qui vient d’être réalisé.

La résidence du haut-commissaire qui était dans un état déplorable a été retapée et clôturée. La plupart des résidences des préfets, grâce au ministère, ont été équipées en fauteuils pour leur permettre d’évoluer dans un cadre plus acceptable. Quant aux écoles primaires, des dispositions ont été prises par la DREBA et à travers le PDDEB, pour que des réalisations soient faites. De nouvelles écoles verront le jour en 2004.
Nous avons aussi travaillé à finir la construction des collèges de Pâ et de Bana qui ont ouvert leurs portes en 2003. La construction de celui de Siby vient de démarrer et les travaux du collège de Yaho ont repris. Une partie de la nouvelle préfecture de Oury abrite la nouvelle inspection de Oury. Il faut retenir que des enfants scolarisés et non scolarisés ont bénéficié d’une colonie de vacances dans le Kadiogo et dans l’Oubritenga en 2003. Nous avons également renoué avec la Coupe du haut-commissaire qui a galvanisé la jeunesse de la province. Nous allons rééditer ces différentes manifestations cette année. A cela s’ajoutent d’importantes manifestations au niveau national que les Balé ont eu l’honneur d’abriter. Nous avons eu la chance d’accueillir l’épouse de Son Excellence le Président du Faso, Madame Chantal Compaoré qui a honoré deux fois de suite notre province en moins de 3 mois. Comme acquis, il faut dire que nous venons d’avoir un nouveau véhicule. Il fallait souvent pousser le véhicule du haut-commissaire pour le faire démarrer.

S. : Vous avez réuni les fils des Balé en début 2003 pour réfléchir sur le développement de la province. Quels sont les acquis, les insuffisances enregistrés après ces journées de réflexion ?

F.L. : Ces journées ont été organisées parce que depuis notre prise de service, nous avons pensé qu’il fallait aller vers les ressortissants qui résident à Ouagadougou, à Dédougou, à Bobo. Nous les avons rencontrés pour les connaître et les sensibiliser pour qu’ensemble, nous puissions construire la province. Ils ont apprécié cette rencontre qui selon eux, est une première. Parlant des journées proprement dites, c’était pour qu’ensemble, nous puissions dégager de façon consensuelle les problèmes qui se posent et voir dans quelle mesure chacun peut apporter sa contribution. Nous avons fait l’état des lieux, dégagé les problèmes prioritaires et sommes en train de nous atteler pour qu’à différents niveaux les uns et les autres puissent contribuer à la résolution de ces problèmes. Dans certains domaines, les résultats sont déjà visibles. Nous avons l’appui de ressortissants tel que M. René Bonou, PDG de SAFTRANS qui vient de donner un ordinateur et une photocopieuse à la province.

S. : Comment appréciez-vous la collaboration qui existe entre vous et les services déconcentrés, les projets basés dans votre province ?

F.L. : J’ai toujours fait de la collaboration, mon cheval de bataille. C’est ainsi que dans le Cadre de concertation technique provincial, les services techniques, les ONG apportent leur contribution à l’exécution de notre mission. Ces concertations se tiennent régulièrement. Pour le moment, la collaboration est appréciable. Le bilan céréalier est positif dans toutes les zones. Il en est de même du coton. Le taux de couverture des besoins en céréales de la population est en moyenne de 193%.

La nourriture est disponible pour l’ensemble de la population. Du reste, nous l’avons ressorti au mois de la solidarité où un important stock de vivres a été enregistré. Avec nos collaborateurs, nous avons fait une tournée concertée pour nous rendre compte de l’évolution de la campagne, encourager les producteurs. Cette tournée a été bénéfique aussi bien pour les producteurs que pour la SOFITEX et les services de l’agriculture. Les paysans se sont vraiment engagés.

S. : Où en est-on avec la construction de la Maison de la femme des Balé et la laiterie de Boromo ?

F.L. : Pour la Maison de la femme, à notre arrivée, nous avons pris contact avec la mairie, de concert avec les femmes et nous avons obtenu une parcelle de 10 000 m2. On s’était engagé à la journée du 8 mars qui a été fêtée en différé, à poser la première pierre. Le ministre de la Promotion de la femme nous a dit qu’il fallait attendre parce qu’il y a une programmation qu’elle suit. Nous sommes donc toujours dans l’attente. Mais les femmes ne restent pas les bras croisés. Elles sont prêtes. Quant à la laiterie, l’épouse du chef de l’Etat a posé la première pierre. Le ministre nous a rassuré que l’équipement est acquis et on attend le démarrage des travaux. C’est le ministère des Ressources animales qui doit réaliser cette infrastructure sur le budget de l’Etat.

S. : Quelles sont les actions menées en faveur des rapatriés ?

F.L. : Le premier rapatrié que nous avons reçu a été conduit à Ouagadougou et des moyens ont été trouvés pour qu’il continue dans sa province. Ensuite, avec le concours du ministère de l’Action sociale, qui nous a envoyé du matériel et un peu de moyens, nous avons avec la direction provinciale de l’Action sociale trouvé un endroit pour accueillir provisoirement les rapatriés. Les premiers soins dès leur arrivée ont été pris en charge ainsi que leur alimentation avant qu’ils ne poursuivent dans leur village avec la collaboration des transporteurs des Balé. Il faut à ce sujet, remercier le chef coutumier de Boromo pour le rôle important qu’il a joué. Quand les gens arrivaient, généralement ils ne savaient pas où aller et c’est auprès du chef qu’ils trouvaient l’appui nécessaire des premiers moments. Ensuite, il fallait refaire leurs actes administratifs pour permettre aux enfants de retrouver le chemin de l’école car les rapatriés sont démunis et le plus souvent les actes administratifs ont été brûlés. Avec les préfets, nous avons organisé des demandes de contribution pour soutenir ces personnes rapatriées de la Côte d’Ivoire.

S. : Quelle orientation comptez-vous donner à votre action en 2004 ?

F.L. : C’est avec l’ensemble des collaborateurs que nous avons dégagé les priorités pour l’année 2004. Nous essayerons de renforcer le budget provincial. Il y a eu une nette amélioration cette année par rapport à ce que nous avons vu dès notre arrivée. Au cours des sorties, nous avons insisté sur le civisme fiscal. Nous avons impliqué les préfets aux différents recouvrements. A ce niveau, il faut saluer le travail remarquable des collecteurs et des délégués administratifs villageois.

L’accent sera également mis sur le volet lutte contre le Sida VIH/Sida à travers un financement de l’ambassade de la République de Chine.

En ce qui concerne l’éducation, nous allons continuer la sensibilisation pour l’inscription des filles à l’école.

Au niveau de l’administration, avec les communes rurales qui sont prévues pour 2005, un travail important doit être abattu. Nous avons un rôle à jouer dans la sensibilisation des populations.

S. : Qu’avez-vous d’autre à ajouter ?

F.L. : Ce que je souhaiterai pour terminer c’est que les routes qui relient les départements au chef-lieu de la province puissent être praticables. Nous souhaitons aussi que la SOFITEX ait un regard sur les routes parce qu’elles servent également au transport du coton. Ils ont déjà mené des actions dans ce sens, mais ils peuvent encore mieux faire. Le deuxième point, c’est l’hôtellerie. Boromo est une ville-carrefour et le problème d’hébergement s’y pose pendant les grandes manifestations. Il est souhaitable que les opérateurs économiques aient un regard sur cette province afin de pouvoir réaliser des infrastructures d’accueil. Par ailleurs, ma joie a été grande d’avoir pu réconcilier les musulmans de Boromo qui étaient divisés depuis 14 ans. De même, l’érection de Boromo en paroisse a été bien accueillie par les fidèles catholiques.

Entretien réalisé par
Rasmané ZONGO
AIB Balé

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