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Défis sécuritaires au Burkina : Le CREDD diagnostique les causes et facteurs aggravants des menaces terroristes

Publié le dimanche 6 mars 2022 à 22h00min

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Défis sécuritaires au Burkina : Le CREDD diagnostique les causes et facteurs aggravants des menaces terroristes

Le Cercle de réflexion et d’action pour le développement durable (CREDD) a organisé un forum citoyen sur les défis sécuritaires au Burkina Faso, ce samedi 5 mars 2022 à Ouagadougou, pour faire des propositions et les transmettre aux décideurs.

« Diagnostic des causes et facteurs aggravants de la menace terroriste, recommandations pour une efficacité de la gouvernance sécuritaire au Burkina Faso ». C’est sous ce thème que des chercheurs, étudiants, acteurs de la société civile et de la sécurité se sont réunis pour un partage d’idées.

Selon le président du CREDD, Pato Dondassé, il s’agit d’aider à une meilleure compréhension de la crise sécuritaire par l’ensemble des parties prenantes afin de les accompagner dans la recherche de solutions efficaces et de faire face aux défis du développement.

Pour lui, ces solutions parviendront à qui de droit pour qu’il juge de la pertinence afin de les appliquer ou pas. À en croire Pato Dondassé, ceux qui sont à la tête du Burkina doivent être suffisamment conscients de ce à quoi le pays fait face. « Cela veut dire qu’ils doivent se donner à fond et mettre tout en œuvre pour ramener la paix », a-t-il dit.

Le président du CREDD, Pato Dondassé, invite les autorités à trouver des solutions efficaces et immédiates à l’insécurité.

De la négociation avec les terroristes

En ouvrant le bal des communications, le Pr Boureima Ouédraogo a fait l’analyse des causes politiques des menaces terroristes au Burkina Faso, leurs spécificités dans le Sahel et des propositions de solutions. Ce chercheur a rappelé que la violence terroriste au Burkina est un Fait social total (FST), une hybridation de plusieurs formes de violence et un fait singulier historique.

L’auteur de l’ouvrage « Sociologie des violences contre l’Etat » a proposé de contrer la réputation stigmatisante, la discrimination, l’identité blessée, les stratégies victimaires et d’abriter avec justice l’accès aux ressources. « La négociation est un horizon à explorer mais il faut aussi une bonne gouvernance », a-t-il insisté.

Quant au consultant en sécurité intérieure, Alain Ouilma, il a déclaré que la négociation est une option à prendre avec des pincettes. Y a-t-il une sincérité de signature de terroriste ? Après cette interrogation, il a cité le cas de l’Algérie qui, après dix années noires, a décidé d’amnistier les islamistes, et la Mauritanie qui a signé un pacte de non-agression « Vous ne nous attaquez pas, on vous laisse tranquille ».

Certains participants à ce forum citoyen sont venus d’autres localités.

« Nous avons affaire à une armée politisée »

Le chercheur Fawzi Banao s’est penché sur les intérêts économiques et la guerre appliquée à la menace terroriste au Burkina Faso. Par visioconférence depuis la France, il a fait noter que les opérations des forces de l’ordre sont improductives parce qu’elles sont frontalières. Dans son diagnostic, il ressort que les frontières du Pays des hommes intègres ne sont pas sécurisées.

« En 2014, le Burkina Faso n’avait que six postes de police aux frontières avec le Mali. (…) Les terroristes ont profité des porosités de nos frontières pour nous infiltrer. Les terroristes s’installent là où il n’y a pas de frontière », a-t-il affirmé. Ainsi, il propose de revoir la sécurisation des frontières via les douanes, qui ont un rôle important à jouer dans cette lutte.

Comme premier enseignement, le politologue Dr Abdoul Karim Saïdou a suggéré de s’inspirer de la transition de 2014 pour mieux gérer l’actuelle. Pour cet enseignant-chercheur, l’insurrection d’octobre 2014 n’a pas tenu ses promesses.

Dr Abdoul Karim Saïdou se demande s’il y aura toujours un coup d’Etat si un civil ne gouverne pas comme il se doit…

« Nous avons affaire à une armée politisée », a-t-il déclaré, puisque les militaires au pouvoir actuellement parlent de vision. C’est le deuxième enseignement qu’il a dégagé. Pour le troisième et dernier, il a fait remarquer que la classe politique précédente n’a pas su gouverner, et les citoyens aussi étaient incapables de sanctionner les gouvernants, d’où le coup d’Etat du 24 janvier 2022 qui a renversé le président Roch Kaboré.

Avant d’aller en atelier pour des recommandations, certains VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) ont livré des témoignages sur les conditions dans lesquelles ils ont subi les menaces terroristes avant de prendre les armes pour défendre les leurs.

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

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