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Pastoralisme au Burkina : Vers l’élaboration de textes réglementaires de gestion intégrée des ressources naturelles

Publié le vendredi 4 février 2022 à 12h05min

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Pastoralisme au Burkina : Vers l’élaboration de textes réglementaires de gestion intégrée des ressources naturelles

Instaurer un cadre institutionnel et réglementaire favorisant le développement de l’élevage pastoral. Cela, en passant notamment par l’amélioration de la prévention et la résolution pacifique de conflits entre agriculteurs et pasteurs. C’est l’objectif visé des travaux qui réunissent les participants à “l’atelier régional de consolidation des projets de textes réglementaires sur le pastoralisme et la gestion des ressources naturelles proposées par les comités communaux de rédaction”. C’était ce jeudi 3 février 2022 à Koudougou sous la présidence de la gouverneure du Centre-Ouest, Irène Coulibaly.

SNV, Organisation néerlandaise de développement, a été sollicitée et financée par la Coopération suisse au Burkina Faso pour la mise en œuvre d’actions complémentaires du projet “d’amélioration de la mobilité du bétail et des revenus des agropasteurs par l’utilisation de la téléphonie mobile et de l’imagerie satellitaire (MODHEM+)”.

Comme son nom l’indique, à terme, ledit projet entend améliorer la productivité, les revenus, la résilience et la sécurité alimentaire des bénéficiaires dans vingt communes reparties dans les régions du Centre-sud, du Centre-ouest des Cascades et du Sud-ouest. Un projet qui a pour ambition de toucher environ 290 000 acteurs directs et plus de 800 000 acteurs indirects.

Les participants à l’atelier régional de consolidation des projets de textes réglementaires sur le pastoralisme à Koudougou

C’est en vue d’atteindre les résultats escomptés qu’un atelier régional de consolidation des projets de textes réglementaires sur le pastoralisme et la gestion des ressources naturelles est organisé pour instaurer un cadre institutionnel au profit des acteurs du secteur. Ainsi, après l’avoir tenu précédemment à Manga dans le Centre-sud, c’est au tour de la région du Centre-ouest.

« Comme vous le savez, au Burkina Faso, les activités pastorales et connexes sont régies par la Loi d’orientation relative au pastoralisme (LORP). Cette loi est actuellement en relecture pour prendre en compte les changements au niveau du contexte actuel où le pastoralisme fait face à de nombreux défis », a déclaré Irène Coulibaly, gouverneur de la région du Centre-ouest.

« les collectivités territoriales ont besoin d’un cadre qui régule la gestion concertée des ressources naturelles en général et le pastoralisme en particulier », Irène Coulibaly, gouverneur de la région du Centre-ouest

Pour elle, les enjeux restent les mêmes au niveau local où les collectivités territoriales ont besoin d’un cadre qui régule la gestion concertée des ressources naturelles en général et le pastoralisme en particulier. C’est donc dans ce sens que sont passés en revue les différents textes régissant le secteur au profit dans acteurs comme l’indiquent les comités communaux participant aux présents travaux.

« Nous avons passé en revue les textes existants à partir desquels nous avons constaté de nombreuses insuffisances. Et comme le comité mis en place à cet effet a été accompagné d’experts notamment dans le domaine de l’élevage, nous avons pu recenser un certain nombre de recommandations à proposer », a souligné Souleymane Sanfo, secrétaire général de la mairie de Dalo.

L’élaboration de ces textes va permettre aux éleveurs de conduire leurs bétails en toute sérénité dans le respect de ceux qui sont en vigueur, à en croire M. Sanfo. Cela contribuera également à leur offrir un cadre juridique sur lequel ils pourront s’appuyer en cas de litige avec un tiers, a-t-il affirmé.

« L’élaboration de ces textes va permettre aux éleveurs de conduire leurs bétails en toute sérénité dans le respect de ceux qui sont en vigueur », Souleymane Sanfo, secrétaire général de la mairie de Dalo

La particularité de la présente activité entrant dans le cadre du projet MODHEM+/DDC, selon son coordonnateur Kassoum Ouédraogo, est l’implication des acteurs locaux afin de mettre l’accent sur les solutions endogènes aux difficultés rencontrées dans le pastoralisme. « Si les enjeux sont similaires, ils ne sont pas forcément identiques pour les quatre régions ciblées », laisse-t-il entendre.

Cependant, l’un des défis majeurs à relever est de faciliter la mobilité du bétail des pasteurs et agropasteurs tout en leur fournissant des ressources telles que des forages pour améliorer leur productivité.

Dans l’optique de sécuriser la mobilité du bétail et la valorisation des produits animaux dans les zones frontalières du Sud au Burkina Faso et promouvoir la résolution pacifique des conflits entre agriculteurs et éleveurs, la coopération suisse a initié un programme de renforcement de la résilience des ménages pastoraux et agropastoraux dénommé “RESILIA” dans lequel s’inscrit le projet MODHEM+/DDC. Le but recherché étant de promouvoir la cohésion sociale et la paix dans un contexte de crise sécuritaire et de changement climatique.

« L’un des défis majeurs à relever est de faciliter la mobilité du bétail des pasteurs et agropasteurs tout en leur fournissant des ressources telles que des forages pour améliorer leur productivité », Kassoum Ouédraogo, coordonnateur du projet MODHEM+/DDC

Ce programme d’une durée de douze ans avec trois phases de quatre ans chacune, vise en effet à sécuriser la mobilité du bétail et la valorisation des produits animaux dans les zones frontalières aux pays du Benin, du Togo, du Ghana et de la Côte d’Ivoire.

Chaque atelier régional se tient sous l’assistance technique juridique du cabinet Human and Resource Management (HRMA) SARL, recruté par SNV Burkina dans le cadre du projet MODHEM+/DDC pour accompagner les collectivités territoriales dans l’élaboration des projets de textes en lien avec le pastoralisme et/ou la gestion et l’exploitation durable des ressources naturelles. A cet effet, les deux experts du cabinet assureront l’animation des ateliers régionaux sur les orientations et l’appui de l’équipe projet sous l’assistance technique de la Direction générale des espaces et des aménagements pastoraux (DGEAP).

Les prochains ateliers se tiendront les 8 et 10 février 2022 respectivement à Banfora (Cascades) et à Gaoua (Sud-Ouest).

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2022 à 17:32, par Kladjou En réponse à : Pastoralisme au Burkina : Vers l’élaboration de textes réglementaires de gestion intégrée des ressources naturelles

    Merci à SNV et à son partenaire la la Coopération Suisse(tnous appelions affectueusement Coop Suisse ).
    Je me permets de jeter un pavé provocateur dans la mare, de ramer à contre courant des théories défendues dans le milieu à travers le questionnement suivant. Est ce que ce n’est pas trop tard de chercher à élaborer des textes réglementaires pour une gestion intégrée des ressources pastorales ?. Pour être encore plus provocateur, : est-ce que ce n’est pas un leurre de chercher encore à sauver l’élevage pastoral, un modèle de production animal inadapté aux contexte de notre pays aujourd’hui ?
    Les experts définissent le pastoralisme comme un système d’élevage basé sur la mobilité dans l’espace et dans le temps des hommes et leurs animaux à la recherche des ressources stratégiques (eau, pâturages, cure salée etc).. Dans un contexte de précarité pluviométrique la mobilité dans l’espace et dans le temps à la recherche des ressources pastorales ci-dessus , est apparu depuis longtemps comme le mode d’élevage le plus approprié à la fois pour l’environnement lui -même et pour le bétail. Beaucoup d’avantage sont en effet notés dans ce mode d’élevage. On peut citer le fait que la mobilité évite le surpâturage, permet d’exploiter les différentes catégories de fourrage de façons différenciée et au bon moment, permet d’éviter certaines maladies liées à la sédentarisation etc.
    Si ce mode d’élevage était effectivement justifié il y a 30 à 40 ans parce que l’espace le permettait amplement, on est en droit de se questionner sérieusement sur sa pertinence et sur son avenir ?
    Le Burkina à une superficie de 274000 km2. Si à l’indépendance nous étions 5 à 5.5 millions d’habitants, en 2020, on parle de plus de 20 millions d’habitants c’est à dire multipliée par 4. Le mode de production agricole s’est considérablement amélioré. On est passé de la petite daba, l’agriculture itinérante sur brûlie à la culture attelée voir la motorisation intermédiaire avec l’utilisation d’intrants comme les engrais, les herbicides. Les superficies cultivées ont été multipliées dans certaines régions par 20. A cela s’ajoutent l’arboriculture (anacarde, manguiers etc, ...) les aménagements de basfonds pour la production rizicole etc.
    Ensuite il faut prendre en compte d’autres activités à la pointe comme l’exploitation minière, l’urbanisation galopante et l’activité des agences immobilières pour ne citer que ces activités les plus consommatrices de l’espace.
    Alors dans un tel contexte est-il réaliste de continuer à justifier la mobilité pastorale ? Même les pratiquants de cet type élevage (de moins en moins nombreux , la plupart ont disparu et se sont reconvertis à autre chose) reconnaissent la quasi impossibilité de la poursuivre tel le problème d’espace devient une équation à plusieurs inconnus et insolubles. Dans plusieurs localités même les autochtones manquent de terres de culture. Nous sommes aujourd’hui à l’air de la location des terres pour produire les céréales. Les années passées les pasteurs se rabattaient sur les pays voisins (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Ghana) qui commencent sérieusement à y être hostiles. Le Bénin depuis 2020 à interdit l’accueil des pasteurs sur son sol, le Togo lui emboite le pas de façon insidieuse. Les autres pays ne le manifestent pas officiellement mais sont contre en réalité..
    Dans un tel contexte comment pensez-vous trouver des solutions à travers des concertations pour faire coexister l’élevage mobile et les productions végétales ? Moi j’en doute fort ?
    N’est-il pas temps d’engager des réflexions pour une transition de l’élevage mobile au Burkina ? Le Burkina n’est pas le Mali ni le Niger dont les superficies sont au-delà de 1million de km2 (1267 000 pour le Niger 1 241 238 km2 pour le Mali.) pour la même population que nous.
    Nous avons nos réalités et je crois qu’il faut sérieusement repenser notre système de production animal. L’élevage mobile à mon avis n’est plus l’avenir et il faut avoir le courage politique d’ engager les réflexions et définir un modèle plus résilient et adapter à nos réalités et le soutenir avec des investissements massifs . C’est la bataille qu’il faut mener avant qu’il ne soit trop tard. Tout autre engagement pour moi est à terme voué à l’échec Il suffit de regarder le sort réservé aux milliers de km de pistes à bétail, aux parcs de vaccinations construits ou aux points d’eau à travers le pays qui ne sont plus accessibles et qui ont englouti plusieurs dizaines de millions de CFA durant les 15 dernières années ? Que dire de ces chartes dites de gestion pastoral, pire, quel sors peu enviable des zones pastorales pourtant dotées de tous les textes et statut d’utilité publique qui ne sont zones pastorales que de nom ?

    Juste une réflexion provocatrice

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