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Couverture sanitaire universelle au Burkina : Des ressources humaines insuffisantes et mal réparties, des infrastructures en quantité mais pas aux normes

Publié le vendredi 28 janvier 2022 à 15h55min

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Couverture sanitaire universelle au Burkina : Des ressources humaines insuffisantes et mal réparties, des infrastructures en quantité mais pas aux normes

Dans le cadre du processus de renforcement de la mobilisation sociale pour accélérer la couverture santé universelle (CSU) au Burkina Faso qu’il a entrepris depuis 2019, le Réseau d’accès aux médicaments essentiels (RAME) a initié ce 28 janvier 2022, une conférence publique. Celle-ci a porté sur la disponibilité des ressources humaines et des infrastructures de qualité, dans la marche du Burkina vers la CSU ainsi que le rôle des communautés dans le processus. Les différentes communications ont permis de noter, des ressources humaines faibles et mal réparties en ce qui concerne l’offre en soins de santé.

La Couverture santé universelle (CSU) consiste à permettre à tous les individus, d’avoir accès à des services de santé de qualité, partout et sans subir de difficultés financières. La CSU se différencie de l’Assurance maladie universelle (AMU) en ce sens que l’AMU concerne uniquement l’accès financier aux services de santé mais ne traite pas de la disponibilité et de la qualité des services. Pour parvenir à la CSU, il faut disposer d’un système de santé solide qui répond aux besoins de santé prioritaires à des coûts abordables, garantir l’accès aux médicaments et aux technologies essentielles et surtout disposer d’infrastructures adéquates et d’effectifs suffisants de personnels de santé bien formés et bien répartis.

Simon Kaboré, directeur exécutif régional

Le Burkina Faso a ratifié tous les textes concernant la mise en œuvre de la CSU, avec un accent sur les soins primaires. A en croire Dr Pierre Yaméogo, secrétaire technique de la mise en œuvre de la CSU au Burkina, entre 2000 et 2019, la CSU a connu une nette progression en passant 19 à 43%. Plusieurs actions sont aussi entreprises par les premières autorités, pour faire de la CSU une réalité. Il s’agit notamment de l’augmentation du budget alloué au domaine de la santé estimé à 13,22% en 2022, des mesures de subvention et de gratuité des soins pour les personnes vulnérables, de l’augmentation du nombre d’agents de santé, de la création de centres de spécialités ainsi que de la transformation de CSPS en centres médicaux.

Malgré les efforts consentis, plusieurs difficultés en lien avec les ressources humaines et les infrastructures, qui sont des indicateurs importants de la progression de la CSU, sont constatées sur le terrain. C’est ce qui ressort d’une étude portant sur les goulots d’étranglement de la CSU au Burkina Faso, réalisée en 2021 par le RAME. Pour ce qui est particulièrement de la ressource humaine, elle est non seulement faible mais aussi mal repartie sur le territoire national. On note à cet effet que 50% des personnels infirmiers et sages-femmes se retrouvent en zone urbaine pour 20% de la population. Aussi, 40% des médecins généralistes sont dans la seule région du Centre pour 14% de la population et seulement 12% des médecins spécialistes exercent dans 09 centres hospitaliers régionaux, pendant que les autres 88% se concentrent dans les régions du Centre et des Hauts-Bassins.

Les participants à la conférence

En ce qui concerne les infrastructures, l’étude révèle une croissance des effectifs des CSPS qui sont passés de 1.760 en 2016 à 1.948 en 2019, avec toutefois un gap de 2 150 CSPS pour atteindre la norme d’un CSPS pour 5.000 habitants. En 2017, on notait aussi une couverture de 89,2% pour les femmes en maternité publique. Toutefois, la croissance du nombre de centres de santé n’est pas proportionnelle à la qualité des soins. En effet, le taux de CSPS en normes est passé de 93% en 2016 à 87% en 2019. De plus, en 2016, seulement 7% des CSPS du pays remplissaient les normes minimales en personnel.

Pour une mise en oeuvre plus efficiente de la CSU, Simon Kaboré, directeur exécutif régional du RAME propose de placer la tutelle de la CSU soit au premier ministère ou à la présidence du Faso, d’élaborer de manière participative et consensuelle une stratégie nationale multisectorielle de la CSU avec les contributions et les rôles de chaque secteur. Il recommande également, de définir une stratégie de financement s’appuyant sur les allocations du budget de l’État, la contribution des partenaires et les mécanismes de financements innovants impliquant le secteur privé.

En rappel, le RAME est une association qui s’est engagé dans le plaidoyer pour la levée des barrières qui entravent l’accès des populations aux soins de santé de qualité. Il entend apporter sa contribution dans le processus de transition du Burkina Faso vers la couverture santé universelle à l’horizon 2030.

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
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