LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

Publié le vendredi 14 janvier 2022 à 23h00min

PARTAGER :                          
Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

Le nombre ne fait pas forcement la force, est-on tenté d’affirmer et de s’y accommoder avec l’actualité au sein de l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP, 105 partis politiques). En l’espace de 48 heures, deux actualités majeures viennent afficher que, ceux qui sont censés être le soutien du président Roch Kaboré pour son chantier de réconciliation nationale, sa quête de cohésion sociale et l’unité nationale tant prônée, souffrent, eux-mêmes, d’une carence en ces valeurs. Il y a problème !

Pendant que ce qu’il convient de qualifier d’ « appel d’un membre de la majorité à la démission du président Roch Kaboré » bat son plein, on assiste à un autre épisode relatif au retrait ou à l’éjection (c’est selon) de l’APMP de la « Yenenga de l’éducation », Yéli Monique Kam, seule femme candidate à la présidentielle de novembre 2020.

Sans fouiner les éléments qui sous-tendent cette actualité, on constatera simplement que l’APMP est loin d’être au mieux de sa forme. Elle qui devait pourtant être une organisation plus dynamique, aux aguets et prompte à se saisir des préoccupations nationales. Ce qui pouvait rassurer à la fois son champion, Roch Kaboré, et, partant, l’ensemble des populations burkinabè. Dans son visage actuel, quel accompagnement peut-elle apporter au président du Faso, sa raison d’être ?

Peut-on appeler à l’unité des Burkinabè pour « aller au plus pressé et à l’essentiel », si ceux à qui incombe cette responsabilité de conduire cet idéal commun ne sont pas dans les dispositions pour le faire ? Aujourd’hui, tout porte à croire que la majorité a besoin d’être réconciliée avec elle-même, avant d’accompagner le gros chantier de réconciliation nationale lancé par le président Roch Kaboré. Il est difficile de s’expliquer le fait que celle qui est appelée à être la solution devienne un problème supplémentaire. En 48 heures seulement, l’APMP a servi aux Burkinabè, une actualité qui sape sa mission et son image.

En effet, par un communiqué signé du 12 janvier 2022 du coordonnateur, Pegwendé Clément Sawadogo, l’APMP condamnait « énergiquement » la déclaration de Garafou Nignan, président du parti Front progressiste, qui a exigé la démission de Roch Kaboré. C’était au cours d’une conférence de presse animée par le président du parti, Gafarou Nignan, le mercredi, 12 janvier 2022. Cette sortie, qui a eu lieu au siège même de l’APMP, n’est pas une première pour l’incriminé.

« Cette déclaration grave et hasardeuse ne pouvait logiquement émaner d’un parti membre de la Majorité présidentielle censé soutenir le programme politique du Président du Faso. Elle vient confirmer l’instabilité de ce président de parti qui se livre à des va-et-vient incessants entre la majorité et l’opposition par des attitudes incohérentes. En tenant de tels propos, Monsieur Garafou Nignan, qui n’est donc pas à sa première dérive, se met en travers de la solidarité politique qui scelle les partis de ladite majorité. La légèreté et l’esprit de défiance qui animent cette sortie la rend abjecte, indéfendable et inacceptable », a immédiatement réagi la même journée, le coordonnateur de l’APMP, Pegwendé Clément Sawadogo.

Depuis la soirée de jeudi, 13 janvier 2022, c’est l’actualité relative au retrait ou à l’éjection de la présidente du MRB (Mouvement pour la Renaissance du Burkina), Yéli Monique Kam, qui alimente certains cercles et espaces publics.

« Elle s’est retirée, ça m’a vraiment étonné, je ne sais pas pourquoi. Elle a écrit une lettre directement au Chef de l’Etat ; généralement si c’est à notre niveau (responsables de l’APMP, ndlr), on appelle la personne pour comprendre. (…). Au sein de l’APMP, il y en a qui attendaient des récompenses qu’ils n’ont pas eues et qui sont partis ; il y a deux personnes dans ce cas (il y a un qui espérait être nommé ministre, ensuite une décoration qui n’est pas venue, donc il est parti). D’autres ont suspendu leur participation à l’APMP. Pour elle là (Yéli Monique Kam), ça nous a vraiment étonnés. Elle était la seule femme et vraiment très dynamique, je ne sais vraiment pourquoi », se désole un des responsables de l’APMP.

Une autre source du cercle de décision de l’APMP qualifie la situation d’inquiétante. « Gafarou Nignan avait déjà été suspendu pour des gaffes. Il est réintégré et voilà qu’il nous poignarde dans le dos encore, de façon brutale et inacceptable. Pour lui, personnellement, ça ne m’étonne pas. Mais le départ de Yéli Monique Kam m’inquiète. C’est une femme qui se bat beaucoup et qui encourageait même les membres de la majorité. J’espère qu’on va pouvoir trouver un terrain d’entente, parce que ce n’est pas bien ainsi », ajoute l’interlocuteur.

Par sa page Facebook, Yéli Monique Kam, a, en cette soirée de jeudi 13 janvier, réitéré la vision de « changements positifs » de son parti, le MRB, à travers « l’Education de qualité qui redéfinit le Burkinabè de demain en lui redonnant une qualité d’Homme intègre ; la sécurité, la paix, la cohésion sociale ; la souveraineté intégrale d’un État-Nation ; la justice, la lutte contre la corruption ».

De proches collaborateurs de la candidate à la présidentielle expliquent, pour leur part, qu’elle a plutôt été « éjectée » de l’APMP pour avoir fait des observations. Selon cette version, lasse d’attendre une APMP dynamique, au sein de laquelle se discutent les sujets cruciaux de la vie de la nation, la présidente du MRB a adressé une correspondance au président Roch Kaboré (avec ampliation à l’APMP, présidée par le président du parti au pouvoir,Bala Alassane Sakandé).

Cette démarche viserait à faire bouger les lignes, sinon, le MRB se retirerait de l’APMP, révèlent ces proches de Yéli Monique Kam, qui disent donc avoir été surpris de son éjection de la plateforme WhatsApp de l’APMP, suivie de la publication de la lettre dans les réseaux.

Ils déplorent le « trop » de contradictions, de maladresses et le refus du choc des idées au sein de la faîtière, l’APMP.

Une ambiance qui rappelle également le retrait, en octobre 2021, du PDC (Parti pour la démocratie et le changement, trois députés) et de sa fondatrice, Saran Sérémé de la majorité et de l’institution Médiateur du Faso.

Sans chercher le sexe des anges…, on notera simplement que ces balbutiements sont de trop pour l’APMP dans ce contexte où le maître-mot des responsables à l’endroit des Burkinabè restent les incessants appels à « l’unité et la cohésion sociale ». Et ce climat est vraiment de nature à ne pas rassurer les Burkinabè..., lorsqu’on sait que l’APMP, c’est le pouvoir ; ceux qui ont en charge la destinée du pays, un Burkina suffisamment éprouvé. Il faut donc que la sérénité s’observe au plus vite au sein des 105 membres de l’APMP. C’est une nécessité, si le regroupement a vraiment pour vocation d’être un soutien pour le président Roch Kaboré, et non un problème supplémentaire à résoudre. Il lui faut plutôt donner davantage de voix sur les préoccupations nationales et contribuer plus à la sensibilisation... C’est sur ces aspects qu’elle est attendue. Il y a des compétences de toutes sortes en son sein, il faut simplement les mettre en orbite, leur offrir l’espace et la place qu’il faut. Ça y va aussi de l’amélioration de la santé même du pays. Pour cela, il va falloir, en toute évidence, avoir le courage de se dire les vérités, dépasser l’orgueil personnel, les clivages, pour se donner une ligne de conduite d’ensemble. Sans quoi, ça va être difficile d’avancer tête-bêche.

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2022 à 19:31, par Bernard Luther King ou le Prophète Impie En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    105 partis, en lettre "Cent cinq" pour une mouvance presidentielle. Combien ça reste dans l’Opposition ? Merci Oumar pour cet exercice de denombrement. Est-ce que 2 partis qui font defection sur 105, c’est probleme ! C’est negligeable. Y a pas drap ! Nous au moins, on a un govneere resserré pas comme un Pays très très voisin qui comptait plus de 100 ministres il y a 3-4 ans. Nous dans la Mouvance, c’est rien ça ! Nous on continue hein ! Ya fouiii ! Faut pas tu vas nous jaloux !

  • Le 14 janvier 2022 à 20:31, par HUG En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    Comme disait Norbert zongo tout le monde est rassemblé et ceux qui ne sont pas encore au rassemblement courent pour y aller.OOsc, coutumiers,religieux., syndicats, partis politiques. Fonctionnaires,.certains internautes sur le fasonet.Vive le mpp ohé.Allons seulemrbt

  • Le 15 janvier 2022 à 10:56, par Le citoyen En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    Seuls les illuminés vont comprendre le sens de votre analyse qui est très pertinente. Vous avez vu juste, ça décrit bien la profondeur du mal dont souffre le pays.

  • Le 15 janvier 2022 à 16:22, par Bakoul En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    Votre remarque est très juste, je me demande à quel moment ils vont s’attendre et sur quoi ils s’étaient finalement regroupés. C’est dommage pour notre pays.

  • Le 16 janvier 2022 à 11:53, par sotigui de bobo En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    « Il y a des compétences de toutes sortes en son sein, il faut simplement les mettre en orbite, leur offrir l’espace et la place qu’il faut ». Très bien dit. Mais est-ce que ceux qui sont au-devant et même le Président Roch Marc Christian KABORÉ ont le courage de quitter leurs cercles vicieux d’amitié et d’intérêts égoïstes pour faire cela ? On a un grand peuple, avec ses grands et honnêtes travailleurs dans tous les secteurs de la vie, mais on a des dirigeants très très cancres. Ça fait très mal de voir le pays à la traîne ainsi.

  • Le 16 janvier 2022 à 18:38, par JPVal En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    Je ne vois même l’utilité de cette APMP là, même les OSC pro-pouvoir là valent mieux qu’elle. Il y a trop de sujets sur lesquels elle devrait se prononcer mais quedal, silence radio. Et quand c’est comme ça, ce sont les rumeurs qui règnent sur la place publique et vous donnez l’occasion aux mouvements d’organiser les marches contre vous, on dit que la nature a honneur du vide. Chers messieurs de l’APMP, réveillez-vous, c’est maintenant vous devez jouer votre rôle, ce n’est pas quand tout va bien.

  • Le 17 janvier 2022 à 06:31, par Le sultan de Dubaï En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    Analyse de belle facture. Ce qu’il faut ajouter dans ce brouhaha de l’APMP, c’est que les coalitions ne font pas sur la base d’une vision ou d’un idéal politique, mais sur le plan "alimentaire". C’est pourquoi la contradiction des idées n’est pas la bienvenue. Sinon les critiques de Monique sont justes et devaient faire l’objet d’une attention particulière. Il est temps que notre politique fondée sur le béni oui oui prenne fin pour faire place à la politique des idées.

  • Le 17 janvier 2022 à 15:57, par jeunedame seret En réponse à : Vie politique burkinabè : Une majorité présidentielle qui a besoin de se réconcilier avec elle-même !

    OUMAR, belle vérité vraie ! Le linge sale se lave en famille. Si ce pouvoir avait une vraie définition du mot réconciliation comprise et acceptée, elle l’aurait bien démontrée en son sein et réussie dans sa lutte. La réconciliation ça ne se publie pas ; ça se constate. Malheureusement cette majorité est celle des mesquineries et autres bruits de retardements qui exacerbent conflits et corruptions. Cette APMP est beaucoup plus un attroupement de partis de la mangeoire du pouvoir qu’une vraie alliance aux allures dignes. La preuve est qu’il y a beaucoup « qui attendaient des récompenses qu’ils n’ont pas eues ». C’est -à-dire que ceux qui auraient eu leurs récompenses y restent pour jouir ou mieux recevoir. Et bonjour les mains sales ! Comment alors rêver d’une victoire de réconciliation nationale si cette majorité est déjà incapable de se laver les mains, se laver le linge, de sourire et de manger dans le même plat avec tous ses membres ? Le nombre ne peut jamais bien gouverner avec cet infantilisme en son sein.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique