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Lutte contre la corruption au Burkina : Demain n’est donc pas la veille ?

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Publié le dimanche 9 janvier 2022 à 22h30min

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Lutte contre la corruption au Burkina : Demain n’est donc pas la veille ?

Dans sa déclaration de politique générale, vendredi, 7 janvier 2022, le Premier ministre Lassina Zerbo est revenu sur la lutte contre la corruption et les crimes économiques, par notamment le renforcement des textes et institutions, alors que l’existant peine même à être appliqué. Du coup, cela laisse croire que la lutte contre le phénomène a encore du chemin, dans un contexte où le président du Faso semblait pourtant afficher une urgence à faire le nettoyage.

Si l’on peut constater que le phénomène de corruption a toujours bénéficié d’un engagement de choix de la part des chefs de gouvernement successifs, au regard de ses implications dans le fonctionnement du pays, les actions réelles ne semblent pas être pour demain. C’est ce que laisse entrevoir la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, Lassina Zerbo.

« Mon gouvernement travaillera à prendre les dispositions nécessaires pour doter l’autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et l’autorité judiciaire de moyens adéquats. Ceci afin de leur permettre d’accélérer le traitement de tous les dossiers de corruption pendants, et éclaircir toutes les affaires qui polluent le quotidien des Burkinabè pour plus de bonne gouvernance et de démocratie. Dans le respect du code pénal, le gouvernement va s’atteler à identifier et à relire les textes dont les failles favorisent la corruption, les abus de biens sociaux, les détournements des deniers publics, afin d’instaurer un environnement anti-corruption et une société fondée sur les valeurs citoyennes et éthiques », rebobine le chef du gouvernement, Dr Lassina Zerbo.

Alors que l’opinion attend la gestion des dossiers déjà connus, le Premier ministre Lassina Zerbo annonce le renforcement des institutions et des textes en matière de lutte contre le phénomène. Un sujet devenu, au fil des différents gouvernements, un véritable serpent de mer. C’est-à-dire que le sujet commence à lasser, tant les discours ne débouchent sur aucun acte concret. Le 25 novembre 2021, à la faveur de son adresse à la nation dans la tension consécutive à l’attaque d’Inata, le président Roch Kaboré a annoncé une « opération » en faveur de la lutte contre cette gangrène.

Comme si l’on cherchait toujours la parade ou jouait au dilatoire, la lutte contre la corruption et les crimes économiques n’a jamais répondu aux promesses de déclarations des dirigeants (il y a certes une séparation des pouvoirs, mais la réalité aussi est que l’action politique peut précéder, même lui ouvrir la voie, le judiciaire dans cette volonté de lutte). On observera que le vendredi, 5 février 2016, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, (2016-2019), qui inaugurait le mandat de Roch Kaboré, a, dans sa déclaration de politique générale, placé la lutte contre la corruption parmi les trois axes de valeurs cardinales et dans le premier pilier de la vision stratégique de son gouvernement. A sa passation de flambeau, le résultat dans le domaine est mitigé.

Son successeur, Christophe Dabiré, est revenu sur l’obligation d’instaurer une gouvernance plus vertueuse.

« La promotion d’une bonne gouvernance politique et institutionnelle est la clé de voûte de toute stabilité politique et du renforcement de la démocratie. Pour être en adéquation avec les besoins fondamentaux de notre peuple, nous devons faire fonctionner de façon efficace et efficiente notre administration et nos institutions publiques. Cette exigence de qualité commande le développement d’une culture du travail. J’engagerai de ce fait mon gouvernement à mobiliser l’ensemble des Burkinabè à renouer avec les vertus du travail et l’idéal du travail bien accompli ; ce qui a valu, jadis, à notre pays d’être qualifié de Terre des Hommes. On ne peut rien construire de grand pour le progrès et le bonheur de notre peuple, sans un idéal de labeur, de sacrifice et de justice », avait décliné Christophe Dabiré.

Avec cette déclaration de politique générale du Premier ministre Lassina Zerbo, de renforcer les textes et les institutions de lutte, alors que l’existant pêne à être respecté, l’on se pose mille et une questions sur la volonté de moralisation de la vie publique. Pourtant, il y va, visiblement, de la résorption (ou d’un début de solutionnement) de plusieurs maux qui tenaillent le pays (dont l’incivisme, le sabotage des infrastructures publiques, etc.).

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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