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Mode au Burkina : Lucie Toé, du mannequinat au stylisme

Publié le jeudi 6 janvier 2022 à 21h25min

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Mode au Burkina : Lucie Toé, du mannequinat au stylisme

Entre le mannequinat et le stylisme, il y a qu’un pas. Et ce n’est pas Lucie Magloire Toé qui dira le contraire, elle qui n’a pas hésité à le franchir. Zoom sur cette inconditionnelle de la mode !

Née à Gossina, un petit village à 35 kilomètres au sud de Toma, province du Nayala, Lucie Toé a passé son enfance dans plusieurs provinces du Burkina. Au gré des affectations de son défunt père qui était préfet. Plus jeune, elle regardait les concours de beauté à la télévision. De l’émerveillement, naquit une passion : la petite Lucie rêve de devenir mannequin. Difficile pour une provinciale, se disait-elle. Alors, elle range cette passion au fond de son cœur jusqu’à ce qu’elle s’installe à Ouagadougou.

Au départ, elle manquait de confiance en elle

Mais une fois les pieds dans la capitale, elle est freinée par des doutes et le manque de confiance en soi. « J’avais des formes, portant à la télé les tops modèles étaient toutes fines », se justifie-t-elle. Le réseau social Facebook devient ainsi le lieu d’expression de son talent. Elle y poste régulièrement des photos et attire l’attention de plusieurs de ses amis virtuels. On l’encourage à s’essayer au mannequinat. Elle fait des rencontres et l’on lui remet un contact qui sera décisif dans sa carrière. Lydia Bancé, directrice d’une agence de mannequinat accepte de la recevoir pour un entretien. Une fois sur place, les démons du manque d’assurance reviennent à la charge.

Lucie Toé lors d’un défilé alors qu’elle était toujours mannequin

« J’avais la tête baissée, je me disais qu’elle n’allait pas me prendre. Je me disais que j’étais disqualifiée d’office à cause de ma morphologie », relate-t-elle. Et pourtant, c’est le contraire qui se produit. Lydia Bancé voit un potentiel en Lucie, elle la trouve authentique. Il faut dire qu’en plus de ses 1 mètre 76, son teint d’ébène est assez frappant et attire l’attention. « Ta forme et ton teint vont jouer en ta faveur. Tu es unique, il faut que tu aies confiance en toi », m’as-t-elle conseillé.

Les portes du mannequinat s’ouvrent enfin pour celle qui ne s’en croyait pas capable. En 2014, c’est la phase de formation, puis en 2015, Lucie entame ses premières scènes. L’agence de mannequinat n’avait pas parié sur le mauvais cheval, sa carrière décolle. Elle défile pour de grands noms de la mode comme Pathé’O, Koro DK, François 1er, 226 Kara, Sébastien Bazemo, Alphadi, Georges de Baziri, Zek Styl et bien d’autres.

Mais en 2019, un malheur vient bouleverser le cours des choses. Son agent, Doris Dabiré, décède des suites d’un accident. « J’ai alors décidé de ne plus défiler », se remémore-t-elle avec tristesse.

L’une des tenues de la collection 33 portée par la styliste elle-même

Une autre passion refait surface

En plus du mannequinat, étant petite, Lucie Toé nourrissait un amour pour le stylisme : « En regardant les télénovelas, je prenais des jupes et je les mettais sur la tête, je créais des modèles. Mais mon défunt papa me mettait en garde et me disait de me concentrer sur mes études ».

Pendant les périodes de fêtes, elle était obsédée par une chose : éviter de s’habiller comme les autres enfants de la famille. « A l’époque, on offrait des uniformes et on cousait le même modèle de vêtements pour tout le monde. Mais moi je ne voulais pas les mêmes modèles que les autres. J’ai toujours voulu être à part », se souvient Lucie. Après son parcours dans le mannequinat, elle devient la chargée de communication d’une entreprise de construction de la place. Mais son amour pour le stylisme refuse de la quitter. Cependant, elle hésite à se lancer dans cette aventure jusqu’au jour où …

Le déclic

Au lendemain de son anniversaire, en janvier 2021, elle se pose une question, pourquoi ne pas essayer ? « J’étais couchée et je me suis dit que j’allais créer ma marque. Depuis lors, rien n’a pu m’arrêter ». C’est ainsi que Lucy Style naquit. Lucie Toé travaille à créer sa première collection, et l’intitule collection 33. Son inspiration est venue de l’état d’esprit dans lequel elle était le jour de son anniversaire. « Ce jour-là, j’étais légère, je me sentais libre. J’étais prête à faire quelque chose de ma vie. Quelque chose de miraculeux m’est arrivée cette année. Quand je suis rentrée au marché, je voyais tout en rose, donc il me fallait des tissus colorés et légers », raconte-t-elle.

Déjà, elle habille des stars de la musique au Burkina Faso comme Miss Wedra et bien d’autres

La soirée officielle de lancement de la marque s’est tenue le 18 décembre 2021 à Ouagadougou. Son slogan, des tenues simples et stylées portables en tout temps et en tous lieux. Son inspiration vient de son état d’esprit aime-t-elle à répéter.
Dans un paysage où il existe de plus en plus de marques de vêtements, quelle est sa particularité ? « J’habille en fonction de la personnalité des clients avec ma touche personnelle ». Sa cible, les femmes, les hommes et les enfants, elle fait des créations également avec des tenues traditionnelles. Pour l’instant, les commandes se font en ligne. Lucie Toé n’a qu’un vœu, se faire connaître au niveau national et pourquoi pas à l’international. Sa famille la soutient dans cette aventure parsemée d’embuches.

Son conseil à ceux qui veulent lui emboiter le pas est de « quitter leur zone de confort, braver la peur, avoir confiance en eux, travailler et faire preuve de combativité ». Cette esclave ou reine des Mossé, cela dépendra du camp dans lequel vous êtes, veut apprendre aux Mossé, selon ses dires, à bien s’habiller.

SB
Lefaso.net

NB : Les Sanan et les Mossé sont deux communautés ethniques du Burkina Faso qui font de la parenté à plaisanterie

P.-S.

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