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Sécurité au Burkina : 2021, une année de sang et de "changement de paradigme"

Publié le vendredi 31 décembre 2021 à 17h58min

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Sécurité au Burkina : 2021, une année de sang et de

En proie au terrorisme depuis 2015, le Burkina Faso peine à vaincre l’hydre terroriste. La succession des attaques cachent les victoires des Forces de défense et de sécurité (FDS). L’année 2021 a été celle au cours de laquelle les FDS ont payé le plus lourd tribut. Qui parlera de 2021 n’oubliera sûrement pas Solhan, Inata et la mort de Ladji Yoro, symbole de la lutte civile. Flash-back sur cette année meurtrière.

Un début d’année calme, une fin d’année dans le sang. Ainsi, peut-on résumer 2021, en matière de sécurité au Burkina Faso. « Les années passent mais ne se ressemblent pas », dit-on. Cette maxime reflète le terrorisme, depuis ces six dernières années, vu sous un certain angle. Si on prend on prend les quatre dernières années, l’on peut dire que « la situation évolue en dents de scie », comme l’avait affirmé le gouverneur de la région de l’Est, Saïdou Sanou. 2018 et 2019 ont été deux années assez éprouvantes pour le Burkina Faso. 2020 a été une année moins sanglante, mais pas 2021.

Pour enrayer la menace terroriste, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a cédé le poste de ministre de la défense qu’il qui occupait lui-même depuis le 30 juin 2021 au général de brigade Aimé Barthélémy Simporé. Le général Simporé avait été nommé le 30 juin au poste de ministre délégué à la défense. Il avait également nommé Maxime Koné au poste de ministre de la sécurité.

Trois événements sont dans les annales de 2021 : Solhan, Inata et Ladji Yoro. Dans la nuit du 4 au 5 juin 2021 dans la province du Yagha (région du Sahel), le village de Solhan a connu l’une des attaques les plus macabres depuis 2015. Des hommes armés ont fait irruption tué 132 personnes et blessé 40 autres (bilan officiel). Une véritable hécatombe. Les mots n’ont pas suffi pour qualifier cette barbarie.

Inata

Cinq mois plus tard, l’inimaginable s’est reproduit. Toujours dans la même région : le Sahel. Le détachement de la gendarmerie d’Inata, province du Soum, a été attaqué par des terroristes dans la nuit du dimanche 14 novembre. 57 personnes, dont 53 gendarmes et 4 civils, perdent la vie au cours de cette attaque. Un lourd bilan pour les pandores. Une première depuis 2015.

Cette attaque a mis à nu certaines réalités dans cette garnison. Avant de tomber les armes à la main, ces gendarmes avaient faim, à en croire les messages d’alerte lancés avant leur dernier voyage. Un dysfonctionnement « grave », « anormal », etc. Plusieurs adjectifs pour qualifier la grande honte de la grande muette. Cette attaque a créé une onde choc au sein des populations. Des manifestations ont été organisées pour réclamer plus de moyens pour les militaires ou la démission du président du Faso.

Plusieurs villes du Burkina Faso sont contaminées par la vague de protestation. Une grande marche est prévue pour le samedi 27 novembre sur toute l’étendue du territoire. Mais à 48 heures de l’événement, le chef de l’Etat s’adresse à la nation pour dire : « Oui, j’ai compris votre message qui nous invite à un changement de paradigme ». En substance, Roch Kaboré a annoncé un gouvernement resserré, la présence des chefs militaires sur le terrain, une opération mains propres pour vider les dossiers pendants de corruption.


Ladji Yoro

2021, c’est aussi l’année durant laquelle on a assisté à la chute d’une figure de la résistance. Il s’appelait Soumaïla Ganamé dit Ladji Yoro. Le jeudi 23 décembre, celui qui était surnommé « le guerrier du Loroum » est tombé les armes à la main, pour la défense de son Loroum natal. Il faisait partie des premiers civils à prendre les armes pour faire face aux hommes sans foi ni loi. Et ce, avant la création des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) en janvier 2020.

Ladji Yoro a donné tout ce qu’il avait, y compris sa vie, pour la lutte contre le terrorisme. Ce qui semblait être une rumeur a été confirmé le lendemain par le président du Faso dans un Tweet. Le chef de l’Etat s’est incliné devant sa mémoire. « Hommage à Ladji Yoro, mort pour la patrie. Cet intrépide volontaire pour la défense de la patrie doit être un modèle de notre engagement déterminé à combattre l’ennemi. J’associe à cet homme, tous les VDP qui se battent inlassablement jusqu’au sacrifice suprême », a-t-il écrit.

Triste anniversaire. Le 23 décembre 2019, une de nos équipes l’avait rencontré à Titao, chef-lieu de la province du Loroum (Terrorisme au Burkina Faso : A Titao, de la résilience en attendant la résistance).

L’année 2021 a été aussi constellée de victoires des Forces de défense et de sécurité (FDS). Le 19 août, la gendarmerie nationale du Burkina a annoncé sur sa page Facebook que plus de 400 terroristes ont été mis en déroute et 80 autres neutralisés au cours de l’embuscade contre les éléments de l’escadron portée de gendarmerie de Arbinda et du peloton mobile de Gorgadji. Un important stock de matériel, d’armes et de motos a aussi été retiré.

2022, année d’espérance ?

Nommé le 10 décembre 2021 et installé officiellement trois jours plus tard, le Premier ministre, Lassina Zerbo, a promis de faire de la sécurité la priorité du premier mois de son gouvernement. Voici l’équipe du « changement de paradigme ».

Selon l’Agence d’information du Burkina (AIB), l’armée burkinabè a mis aux arrêts l’un des présumés leaders terroristes de la province du Soum. Il était recherché et soupçonné d’avoir participé à la préparation de l’attaque d’Inata. Que nous réserve 2022 ? Une année d’espérance ?

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

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