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Soutenance de thèse : Ousmane Zoungrana prêche pour la revalorisation des briques en terre comprimée (BTC) au Burkina Faso

Publié le vendredi 31 décembre 2021 à 13h44min

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Soutenance de thèse : Ousmane Zoungrana prêche pour la revalorisation des briques en terre comprimée (BTC) au Burkina Faso

De « Bancoville » à la construction post matérialiste : étude socio-anthropologique des conditions de popularisation de la brique en terre comprimée (BTC) à Ouagadougou (Burkina Faso » tel est le sujet de la thèse de doctorat brillamment défendue par Ousmane Zoungrana le lundi 20 décembre 2021 à l’institut 2iE à l’issue de laquelle il s’est vu décerné la mention « Très honorable » par le jury. Ce jury était présidé par le Professeur Marc Poncelet de l’université de Liège (ULiège), avec pour co-directeur de thèse le Professeur Gautier Pirotte (ULiège) et Dr Adamah Messan (Maître de conférences CAMES) à l’institut 2iE.

Les travaux du docteur Ousmane Zoungrana ont porté sur l’analyse des freins à la diffusion de la BTC dans la ville de Ouagadougou (Burkina Faso). A travers son exposé, il a mis l’accent sur l’échec des politiques publiques de valorisation du matériau qui explique le fait que la BTC a du mal à être diffusée dans le contexte burkinabè. Il a aussi analysé les perceptions et croyances que certaines populations ont de la BTC qui reste perçue d’une part, comme un parpaing de pauvre ou un matériau de dépossession, et d’autre part, comme un matériau de luxe chez une fraction des élites qui construisent avec ce matériau.

Toujours dans la même logique, l’impétrant a fait savoir que le logement décent peut être apprécié sous plusieurs angles : les normes de superficie, de commodités, des sites de construction etc. L’originalité de cette thèse est qu’elle aborde la question du logement décent du point de vue des matériaux de construction utilisés. En plus, il a présenté les avantages de la BTC qui sont entre autres son coût abordable, la réduction des gaz à effet de serre, le confort thermique, la contribution au développement durable, etc.

Dr Ousmane Zoungrana

Qui construit ? Avec quels types de matériaux et pourquoi ? Comment peut-on comprendre que les populations fassent fi de la BTC, alors que ce matériau présente de nombreux avantages ? Les travaux de recherche ont montré qu’au-delà de ces perceptions et de ces croyances, il y a un gain à construire en BTC par rapport au parpaing. Pour convaincre son auditoire, il a relevé qu’il y a une classe moyenne, des élites qui construisent en BTC.

Pour ces derniers, explique-t-il, il y a une culture de distinction sociale qui se développe, un raisonnement écologiste et une dimension post-matérialiste en lien avec les objectifs du développement durable. « Ces élites intègrent déjà les enjeux mondiaux du développement durable en prenant la question du confort dans la construction de leurs logements » a soutenu l’impétrant.

De l’appréciation des membres du jury, il ressort que M. Zoungrana a « utilisé une démarche méthodologique suffisamment rare qui rompt avec la pratique courante de l’approche par hypothèses, non pas qu’elle se passe d’hypothèses, mais plutôt qu’elle fait émerger les hypothèses du terrain (grounded theory) ». Sa démarche pourrait être qualifiée "d’inductivo-hypothético-déductive".

Sur les questions de forme et de fond le jury a beaucoup apprécié la syntaxe et la forme car ils ont tous magnifié le travail du doctorant « c’est un travail qui manifeste une grande maîtrise de la langue française, peu de coquilles et se lit avec appétit ».

En conclusion, c’est une thèse qui apporte une grande contribution dans le domaine de la sociologie et/ou de l’anthropologie de l’habitat ou de la maison. Après délibération, le jury a jugé M. Zoungrana digne du titre de Docteur en Sciences et Technologies de l’Eau, Energie et Environnement spécialité matériaux de l’Institut 2iE avec la mention « Très honorable » et simultanément le titre de Docteur en Sciences Politiques et Sociales de l’Université de Liège.

L’assistance présente à la soutenance

En rappel, cette thèse a été réalisée en cotutelle entre l’institut 2iE et l’université de Liège en Belgique à travers un Programme de recherche et développement (PRD) financé par l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES). Pour le nouveau docteur, cette thèse a favorisé la circulation du savoir Nord-Sud. « C’est le lieu pour moi de remercier tous ceux et toutes celles qui m’ont accompagné et soutenu lors de cette belle aventure. C’est un nouveau défi qui se présente à moi en termes de chercheur et je vais essayer de suivre les traces de mes maîtres afin d’apporter de la terre à la terre. Cette mention est non seulement un satisfecit mais et surtout un appel à mieux faire puisque dans le domaine de la recherche, il n’y a pas d’acquis, c’est un perpétuel recommencement. L’excellence se cultive tous les jours », a fait savoir l’impétrant.

Pour son directeur de thèse, son étudiant a fait un travail gigantesque sur l’aspect socio- anthropologique. En effet, il a soutenu que par cette thèse, Ousmane participe à la revalorisation des matériaux locaux en proposant un guichet technique pour accompagner les acteurs de la construction ; chose qui s’inscrit en droite ligne de la politique du gouvernement qui est de promouvoir l’utilisation des matériaux locaux dans la construction.

L’enseignant prend toujours plaisir lorsque son élève réussi et le Professeur Messan l’a exprimé clairement « je suis très fier de lui. Il est quelqu’un qui peut assurer la relève. Je suis sûr que le Burkina peut compter sur ces genres de personnes qui savent faire une transversalité entre les sciences sociales et les sciences de l’ingénierie. C’est un témoin pour nous les ingénieurs de savoir que nous devons conjuguer avec la sociologie pour développer notre science ».

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 décembre 2021 à 14:54, par jeunedame seret En réponse à : Soutenance de thèse : Ousmane Zoungrana prêche pour la revalorisation des briques en terre comprimée (BTC) au Burkina Faso

    Waouu...! BTC ... BTC .. images ??? BRAVO ! Mon orgueil Burkinabè exalté ; et je voulais voir bcp plus les images de briques que de participants, rideaux et masques ! Vraiment, voilà un exemple de travail de retour aux sources, de fruit de recherche d’identification ; la réinsertion de soi dans la culture, l’esprit de développement. J’en suis émerveillée ! C’est pour ça que je relis pour bien tout comprendre. C’est ZOUNGRANA d’où ? Je pourrai le contacter pour autres détails ou dérangements. Messieurs les ingénieurs où dormez vous ? Le Burkina a des têtes bien enfouies dans la pagaille des politiques de la foule des événements et de la poussière. Pourquoi ? Nous voulons plus d’instruction et de persuasion ; juste pour notre réseautage. Alors monsieur le journaliste aurait aussi mieux fait en nous affichant des images de ces briques sans complexe ; des images de murs avec ces BTC ; et en nous essayant les appellations de ces briques en langues locales. Zoungrana, réclame cet affichage ; pour nous plaire et nous instruire facilement.

  • Le 31 décembre 2021 à 14:56, par Bakker En réponse à : Soutenance de thèse : Ousmane Zoungrana prêche pour la revalorisation des briques en terre comprimée (BTC) au Burkina Faso

    Toutes mes félicitations au nouveau Dr. Ousmane Zoungrana, bonne chance pour la suite.

  • Le 31 décembre 2021 à 22:11, par Sakrim En réponse à : Soutenance de thèse : Ousmane Zoungrana prêche pour la revalorisation des briques en terre comprimée (BTC) au Burkina Faso

    Toutes mes félicitations au Dr ZOUNGRANA !! Bon vent pour la suite !!

  • Le 1er janvier 2022 à 12:48, par Hugo En réponse à : Soutenance de thèse : Ousmane Zoungrana prêche pour la revalorisation des briques en terre comprimée (BTC) au Burkina Faso

    Bravo à MR Zoungrana !
    Faut-il rappeler que les tentatives de promotion de ces briques datent des années 80 déjà ; mais toute la chaîne de promotion n’a pas suivi, ou n’a pas convaincu les gens. On se souvient encore des Cités Tam-muaga (corrigez-moi svp), de la société Locomat située au 1200 logements, etc. Rien de tout cela ne semble avoir réussi à susciter de l’engouement pour ce matériau !
    Pourtant, ces briques, bien mises en oeuvre, s’intègrent plus harmonieusement dans notre environnement poussiéreux et chaud. Il en est de même des briques taillées dans les carrières .
    Néanmoins , beaucoup d’acteurs du bâtiment (peu formés peut-être) se plaignaient à l’époque des difficultés de finitions sur ces briques : crépissage, enduits qui tenaient difficilement.
    Mais je dirais que pour être complet, il nous faudrait trouver les types de toitures qui accompagnent ces matériaux, car, il n’y rien de pire que la tôle ondulée sur une maison sous le soleil de Dassasgho !

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