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Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

Publié le mercredi 29 décembre 2021 à 12h10min

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Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

L’avenir du Burkina Faso est en péril ! Des centaines de milliers d’enfants sont privés d’école, dans l’indifférence totale. La gravité de la condition de ces enfants dont le droit à l’éducation est malmené par la crise sécuritaire est très préoccupante. Or, l’éducation est le socle du développement, elle contribue à la stabilité sociale et stimule le développement.

Cela, les groupes terroristes l’ont compris ! La guerre menée par les groupes terroristes est aussi une guerre contre l’éducation. Les établissements scolaires sont des cibles spécifiques d’attaques violentes ayant entrainé la mort d’enseignants, menant à la fermeture de milliers d’écoles et occasionnant l’augmentation des abandons scolaires. Plus de 2900 écoles fermées selon les statistiques publiées en ce mois de décembre 2021 par le ministère en charge de l’éducation !.

Depuis 2015, les insécurités s’alimentent, se superposent dans notre pays, conflits intercommunautaires, terrorisme, criminalité, déclenchant une crise humanitaire sans précédent. Le bilan est très lourd. Les attaques ont contraint plus de 1,4 millions de personnes à fuir leurs foyers, dont 84% sont des femmes et des enfants.

Cibler les écoles et le système éducatif est une stratégie des groupes terroristes, dont l’extrémisme et l’intolérance sont les éléments fondamentaux. L’école constitue un enjeu et une menace pour eux, car une conscience éduquée est une conscience laïque, tolérante. Boko Haram au Nigéria qui signifie « l’éducation occidentale est un péché », est d’ailleurs né d’une guerre contre l’éducation, pour empêcher les élites d’envoyer leurs enfants à l’école.

Ces groupes terroristes ont une démarche subversive et nihiliste. Ils prétendent purifier la société des mœurs décadentes sous un angle coranique. Ils profitent des situations de conflits pour véhiculer leur propagande militaire ou faire du prosélytisme à travers le système éducatif. Ils vont même jusqu’à détruire des symboles civilisationnels dans certains territoires qu’ils s’approprient, comme à Tombouctou au Mali. Ce sont des méthodes de nettoyage culturel, pour défaire la cohésion sociale.

Au Burkina Faso, où le conflit terroriste a privé plus de 400 000 enfants de scolarité, les autorités peinaient déjà à dispenser une éducation de qualité en temps normal, avec des infrastructures insuffisantes, et le manque d’enseignants.
Il faut prendre la réelle mesure des choses. Les risques de sortie du système éducatif sont lourds de conséquences. Cette situation d’oisiveté et d’errance est à l’origine d’exploitations en tous genres, de délinquance, de prostitution, de violences, de mariages précoces… L’avenir de ces enfants, citoyens en devenir est compromis, et celui de la nation entière avec.

De plus, ces enfants laissés pour compte dans les villes, sont vulnérables et des cibles potentielles de recrutement par les groupes armés islamistes. Le recrutement peut être forcé où résulter des facteurs tels que le désir de survivre, d’échapper à la pauvreté, la marginalisation, la discrimination. Il faut agir et intervenir précocement.
C’est également le lieu de relever l’asymétrie de la politique publique dans le domaine de l’éducation qui est un vrai paradoxe. Une crise sanitaire, celle de la COVID 19, certes une pandémie, qui n’a concerné que quelques dizaines de cas en 2020, a occasionné la fermeture des écoles de tout le pays, même des régions non affectées. En quelques semaines, le ministère de l’éducation et tous les acteurs de l’éducation se sont mobilisés pour fournir des ressources et trouver des solutions, afin d’assurer la continuité pédagogique des apprentissages. Les enfants burkinabé ne sont-ils pas tous égaux ? Le droit à l’éducation est un droit universel pour tous les enfants. Il est donc possible avec la même volonté et la même mobilisation de trouver une solution pour ces milliers d’enfants en situation de détresse.

Le Burkina Faso a signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles en 2017, une initiative politique concrète pour réduire l’impact des conflits sur l’éducation. Depuis, quelques mesures ont été prises, grâce à l’UNICEF, les enfants du Mali, Niger, et Burkina Faso bénéficient également des cours à distance à travers un programme diffusé à la radio mais, l’inanité des réponses apportées est visible. L’éducation des enfants déplacés est un problème complexe. Toutefois, en tenant compte des moyens limités, notre Etat peut et doit trouver des solutions, sinon toute la société en paiera un lourd tribut.

L’état doit travailler à améliorer les conditions d’accueil et de prise en charge des déplacés et créer un environnement sain et sécuritaire pour l’éducation des enfants. Il faut également aller plus loin dans la prise en charge psychologique et financière des victimes, trouver une solution au surpeuplement des écoles d’accueil, élargir les programmes d’urgence à un plus grand nombre d’enfants touchés par l’insécurité, développer des programmes d’éducation et des formations professionnelles qui sont adaptées à leurs situations spécifiques pour garantir leur participation, poursuivre et condamner les responsables d’attaques pour crimes de guerre, etc.

L’école joue un rôle important dans la construction de l’identité des futurs citoyens et l’éducation est l’un des investissements les plus rentables qu’un pays puisse faire pour son avenir. Il est un puissant agent de changement. Il est urgent de sortir les enfants de cette situation et leur offrir la possibilité d’avoir un avenir, car « … c’est dans l’enfance que sont posées les fondations de la vie » et « telle éducation, tels fruits ! ».

Selma Farida TOURE
touselfa@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 28 décembre 2021 à 17:45, par K K En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    La rentabilité de l’école est sans équivoque. Il faut des mesures fortes. Nous devons nous préparer à relancer dans les années à venir une alphabétisation intense à l’image de la vaccination commando. Autrement, nous ferons face à un autre fléau pire que le terrorisme. En attendant valorisons le secteur informel. Utilisons cette force juvénile à bon escient pour le,developpement ( l’informel),. C’est possible. Ne désespérons pas car on y est et il,faut agir, notre génération à face à elle son défi comme le VIH à l’époque.

  • Le 28 décembre 2021 à 17:52, par Bebeto En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    Tout le monde est au courant de ce que vous dites.
    Quelle est la solution que vous proposez.

  • Le 28 décembre 2021 à 18:34, par Fandata En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    Etat, état. Toi et moi nous formons tous l’état en question. Il ne s’agit plus de pondre une grande littérature pour se soustraire et accusé l’état dont tu es partie intégrante. Poses toi la question suivante en tant que Selma Farida TOURE . Quel acte au quotidien je pose pour résoudre le problème soulevé. Quant tu auras la bonne réponse, tu pourras relire ton écrit pour en faire une autocritique saine.

    • Le 29 décembre 2021 à 09:34, par Baoyam En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

      Ta reaction est malhonnete. Si chaque personne pouvait se substituer à l’Etat on aurait pas besoin de la structire administrative et politique qu’on appelle Etat. Les actions individuelles dispersees ne peuvent pas etre un substitut pour l’action collective. Qui t’a dit que l’auteure ne fait pas deja sa part ?

  • Le 28 décembre 2021 à 19:16, par Bao-yam En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    Ma soeur, vous avez raison mais pensez-vous qu’un gouvernement qui ne fait rien de substantiel pour contrer les tueries va-t-il faire grand-chose pour l’éducation des enfants déplacés ? En dehors de communications oiseuses qui viendront dans les jours à venir, il n y aura rien de concret.
    La vérité est que si le gouvernement avait réagi vigoureusement, la moitié de ces écoles resteraient toujours fonctionnelles.

  • Le 29 décembre 2021 à 00:10, par chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    Les insurrescrocs qui ont favorisé l’arrivée de ce régime incompétent au pouvoir seront tous tenus responsables de ce qui arrive à notre beau pays. Il y en a qui ont cru qu’être président, c’est se mettre en faso dan fani pour faire des discours et inaugurer des foires. Etre président d’un pays est une fonction que l’on doit assumer avec beaucoup de sérieux. Cela demande de la compétence, du courage et un esprit de sacrifice. Un président ne doit pas considérer le pays comme son terrain de jeu où il invite ses petits copains pour faire des jamborées comme il nous a été donné de constater avec les nominations de complaisance et création d’institutions sans valeur ajoutée pour placer la famille et les amis.
    En un mot, c’est le clientélisme et la gestion mafieuse de la chose publique qui est en train de tuer ce pays, ce que quelques insurrescrocs indécrottables refusent de reconnaître.
    Honte aux insurrescrocs en faso dan fani qui se croient plus intelligents que tous les autres !!!

  • Le 29 décembre 2021 à 11:46, par Le Duc du Yatenga Nouveau En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    Bien avant l’émergence des COVID et du terrorisme, l’’école était en péril et les observateurs avertis avaient tiré la sonnette d’alarme en précisant que lorsque qu’un pays confine son système éducatif dans les arcanes de la Banque Mondiale et du FMI il ne fallait s’attendre qu’à la marchandisation et à la mise à mort. Que quelqu’un l’accepte aujourd’hui ou pas, c’est ça la vérité : Nos Gouvernement sont responsables de cette mise à mort. Les féaux que vous citez ne font qu’accélérer ce état de fait. N’isolez jamais un fait social à un instant "t" pour faire vos analyses. Le requiem pour notre école a été dit depuis des décennies et s’est vu confirmer avec les Programmes d’ajustement Structurels (PAS) à travers le PDDEB, le Continuum et aujourd’hui avec le MENAPLN dont les reformes sont des plus psychédéliques. Le jeune OUARO, le tout-à-coup politique ne sait même pas ce que c’est qu’un système éducatif et c’est dommage pour le Gouvernement et le MPP. Le Duc affirme ce qui suit : les fléaux actuels éliminés n’empêchera pas le péril de notre Nation tant que le capitalisme impérialisme restera la boussole de nos dirigeants. Surtout dans le domaine de l’éducation.

  • Le 29 décembre 2021 à 13:23, par abcd En réponse à : Education : L’avenir du Burkina Faso est en péril

    Les gouvernants ne sont pas des extraterestes. Ils sont issu de notre société. Qu´est ce que je veux dir par là ? le problème du Burkina n´est nullement un quelconque Gouvernement ou un quelconque Président. Ils y sont certe pour quelque chose mais la plus grande partie du problème, c´est le peuple lui même. C´est nous. La mausvaise fois est extreme au Faso. Pire encore on a pri la mauvaise habitude d´indexer les autres pour justifier notre echec. Chacun souhaite un gouvernement qui fait son travail mais n´est pas pret à changer.
    - On veut coruption zéro, mais on est prêt à donner deux milles francs au policier pour se soustraire à une sanction. Pour justifier celà. On dira : les dirigeant eux même sont corompus.
    - Rosine Coulibaly a tenté de changer des choses. On a vu la reaction de certains. Pour justifier celà on fait réference au salaire de la dite ministre. comme quoi elle aussi elle touche beaucoup.
    - Tomas Sankara était detesté par beaucoup de burkinabè qui le jugaient trop sévère. Aujourd´hui on cri partout Thomas Sankara et on agi de facon contraire à la vision de thomas sankara.
    - On veut évoluer comme la chine ou comme la corée du sud. Mais on n´est pas pret à vivire comme un chinos ou comme un sud coréen. à savoir travailler, travailler, travailler.

    J´espère que cette Phase diffcile que vi le pays va ouvrir nos yeux. On ne le souhaite pas mais avec la mentalité actuelle de tout rejeter sur l´autre, l´arrivée du terorrisme dans nos grande ville n´est qu´une question de temps. J´espère que le réveil arrivera avant.

    Que chacun fasse son mea culpa.

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