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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Gilbert Diendéré remet en cause les déclarations de Léonard Gambo

Publié le mercredi 8 décembre 2021 à 14h10min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Gilbert Diendéré remet en cause les déclarations de Léonard Gambo

Commandant de la première compagnie du 1er Bataillon d’intervention rapide, sous la révolution burkinabè, Léonard Gambo a comparu en tant que témoin, ce mercredi 8 décembre 2021 au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons. A la barre, il a été confronté avec le général Gilbert Diendéré qui a battu en brèche ses déclarations.

Aujourd’hui colonel major à la retraite, Léonard Gambo a raconté que le 15 octobre 1987, il avait obtenu une permission de 72h pour aller rendre visite à son frère à Tenkodogo. Plutôt que de s’y rendre, il dit être venu au bureau au conseil de l’Entente pour préparer un cours de Topographie qu’il dispensait aux éléments de la Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité (FIMATS).

Alors qu’il était plongé dans la préparation de son cours, il reçoit un appel téléphonique. A l’autre bout du fil, son chef, le lieutenant Gilbert Diendéré, lui demande s’il est là. Il répond par l’affirmative. Et Diendéré de lui dire « Je viens te voir ». Le témoin dit avoir été intrigué que son chef veuille passer le voir plutôt que de lui faire appel dans son bureau.

Après l’appel, Léonard Gambo raconte avoir poursuivi la préparation de son cours. Mais comme le lieutenant Diendéré ne s’était toujours pas présenté à lui, il l’a rappelé. Et de nouveau son chef lui dit qu’il arrive. Juste après avoir raccroché le combiné, Léonard Gambo raconte avoir entendu des coups de feu. « J’ai sursauté. Pour moi ça devait être un incident comme cela arrivait au conseil de l’Entente. Mais ça tirait toujours. Je suis descendu rapidement pour sortir voir ce qui se passait. J’ai dépassé le lieutenant Diendéré sans le savoir. Il m’a dit qu’il paraît qu’il y a l’ETIR (l’Escadron de transport d’intervention rapide) qui veut nous attaquer. Il m’a également dit de m’occuper de mes hommes », se souvient le témoin.

Après ce court échange, Léonard Gambo dit avoir demandé aux soldats qui tiraient en direction de l’extérieur de la caserne de se calmer. Comme il était en tenue de sport, il dit s’être rendu à son domicile pour se mettre en tenue de combat. A la question de la partie civile de savoir si Gilbert Diendéré était en tenue militaire ou de sport, le témoin dit ne pas se souvenir de cela.

« Êtes vous allé à l’information pour savoir ce qui s’était passé ? » À cette question du parquet militaire, Léonard Gambo répondra qu’en pareille situation « quand vous n’êtes au courant de rien, mieux vaut ne pas être curieux. J’étais en permission. Je suis tombé dedans comme un cheveux dans la soupe ». Il dira également à la barre qu’il n’a jamais cherché à savoir « qui a fait quoi de façon précise jusqu’à ce jour. Honnêtement, je n’aime pas ceux qui se vantent d’avoir tué quelqu’un. La preuve, ce jour-là je ne me suis pas approché des corps. (…) Je ne sais pas comment s’est passé l’enlèvement et l’inhumation des corps. Je ne me suis pas intéressé à cela. »

A la question de la partie poursuivante de savoir ce qu’il aurait fait des auteurs de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons s’il avait été leur chef, Léonard Gambo explique que s’il était informé et favorable au coup, il n’aurait rien fait. Et s’il était informé et non favorable, il aurait fait une évaluation de la situation avant d’adopter la conduite à tenir.

Lors de la confrontation avec le général Gilbert Diendéré, ce dernier dira que les déclarations du témoin ne sont pas « justes. « Je ne l’ai pas appelé au téléphone et il ne m’a pas appelé non plus. C’est moi qui ai signé sa permission. Il dit qu’il est revenu incidemment au bureau. Je ne pouvais pas savoir qu’il était au bureau pour l’appeler. Et je ne peux pas oublier que je lui ai accordé une permission et l’appeler dans son bureau. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas vu Gambo dès les premiers moments. Ce n’est qu’après que je l’ai vu », a déclaré le général Diendéré.

Et le témoin de répliquer : « Le fait d’être en permission n’exclût pas que je revienne au bureau. Et cela n’empêche pas qu’il sache que je suis revenu. Je suis étonné qu’il parle comme ça. J’évite de dire des choses quand je ne suis pas sûr. Mais là, je suis formel. Il m’a appelé au téléphone ».

Pour trancher, le président du tribunal Urbain Méda dira que c’est la parole de l’accusé contre celle du témoin. « La Chambre se débrouillera pour se faire une idée ». Mais à la décharge de son client Gilbert Diendéré, Me Abdoul Latif Dabo fera observer que contrairement à ses déclarations à la barre, le témoin a déclaré devant le juge d’instruction être parti à Tenkodogo dans le cadre de sa permission. « C’est ce qui ressort de votre déposition que vous avez paraphée après l’avoir relue », dira l’avocat. Mais pour le témoin, il s’agit certainement d’une erreur de transcription qui lui a échappée. « J’ai eu la permission mais je n’ai pas été à Tenkodogo ».

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