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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

Publié le lundi 6 décembre 2021 à 22h54min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

L’étau semble se resserrer autour de l’accusé Bossobè Traoré qui avait déclaré être de la sécurité rapprochée de Thomas Sankara. Ce lundi 6 décembre 2021, deux témoins ont battu en brèche ses déclarations. Il s’agit du sergent-chef Laurent Ilboudo et du sergent Drissa Sow. Le premier était le chef de la sécurité du président Sankara et le second, son adjoint.

Accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’État et de complicité d’assassinat, Bossobè Traoré s’est toujours présenté comme membre de la sécurité rapprochée du président Thomas Sankara. Lors de son audition le 2 novembre dernier, il avait tracé l’itinéraire du chef de l’État, du palais au conseil de l’Entente en passant par la présidence.

Bossobè Traoré a déclaré avoir relevé dans la matinée du 15 octobre 1987, le groupe de soldats qui a passé la nuit au palais où le capitaine Thomas Sankara accordait des audiences. C’est de là que l’escorte composée du véhicule du chef de l’État et d’un véhicule de la garde aurait fait mouvement vers la présidence. Mais faute de place et en l’absence du troisième véhicule parti en ville pour des courses, Bossobè Traoré affirme avoir fait le chemin à pied avec le soldat Tuina Alphonse.

C’est de la présidence que tous les éléments de la garde rapprochée se sont rendus au conseil de l’Entente en compagnie de Thomas Sankara. Bossobè Traoré dit avoir embarqué dans le véhicule conduit par le soldat Abdoulaye Gouem. Au conseil, l’accusé dit avoir reçu également des instructions de Drissa Sow lui demandant de placer des éléments autour du bâtiment où se tenait la réunion à laquelle participaient le président et ses compagnons.

Ces déclarations qui semblaient tenir la route ont été balayées en partie d’un revers de main par Laurent Ilboudo et Drissa Sow. Les deux soutiendront que Bossobè ne faisaient pas partie de la garde du président Sankara comme il le prétend. Selon le chef de la sécurité, en plus de son adjoint, le groupe de sécurité était composé de trois chauffeurs et des soldats Oualilahi Ouédraogo, Noufou Ouédraogo, Claude Zidwemba et Alphonse Tuina. Mieux, les deux témoins diront à la barre que les véhicules qui ont fait mouvement du palais à la présidence étaient au nombre de trois et non deux. « Il n’y a pas eu de courses en ville. Personne n’est sorti. Tous les véhicules étaient là », a déclaré Drissa Sow.

A propos des instructions qu’il aurait données à Bossobè Traoré, le numéro 2 de la sécurité de Thomas Sankara est catégorique « On ne place pas les gens. Depuis 1983, chacun connait sa place dans le dispositif de sécurité. »

Les avocats de la partie civile ont fait remarquer une autre contradiction dans les propos de Bossobè Traoré. C’est la présence supposée du nommé Paténéma Soré dans la garde rapprochée de Thomas Sankara et qui a été abattu lors des événements du 15 octobre 1987. Pour les témoins, ce dernier ne faisait nullement pas partie de la garde du président. Sûr de ses déclarations, l’accusé sera par la suite hésitant. « Comme ça fait longtemps… J’ai entendu qu’il y a un membre de l’escorte qui est mort, je pensais que c’était le même Paténéma Soré que je connaissais. J’ai raté »

Mais qu’est-ce qui explique l’inaction de la sécurité rapprochée du président Sankara au cours des événements du 15 octobre 1987 ? À cette question de la défense, les témoins brandiront la carte de l’effet de surprise. « On ne s’attendait pas à ça. C’est la même maison. Les soldats ne sont pas venus d’ailleurs », a déclaré Drissa Sow.

Pour le conseil de Bossobè Traoré, Me Maria Kanyili, les deux chefs militaires (Laurent Ilboudo et Drissa Sow) se sont concertés pour mettre la faute sur leur subalterne Bossobè. « Ce sont eux qui ont livré le président au regard de leur inaction, leur non-résistance, leur passivité. Laurent Ilboudo a déclaré devant le juge d’instruction avoir vu Bossobè Traoré au conseil de l’Entente. Et ce soir, il dit autre chose. Pour moi leur témoignage n’est pas du tout sincère ».

À sa suite, Me Aouba Zaliatou dira ne pas comprendre l’absence de riposte de la part de la garde de Thomas Sankara. « On nous dit que c’est l’effet de surprise. On n’informe pas avant de faire une attaque de ce genre. Toute sécurité rapprochée doit être prête à tout moment à être attaquée. Aucun des assaillants n’a été blessé. Personne n’a été inquiété. On reproche à nos clients d’avoir continué à servir le pouvoir de l’époque. Les mêmes éléments de la sécurité de Thomas Sankara ont aussi continué à servir. Et il n’y a rien eu. »

L’audience a été suspendue. Elle reprendra mardi 7 décembre 2021 à 9h à la salle des banquets de Ouaga 2000 avec le témoignage de Claude Zidwemba.

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2021 à 21:00, par Pindare En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    Ils diront ( avocats) qu’ils font leur travail sinon c’est une honte de défendre de tels individus

  • Le 7 décembre 2021 à 08:49, par lewang En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    Il ya des moments c’est pas facile de défendre certains accusés tellement toi meme avocat tu sais que c’est du mensonge cousu en fil blanc dans ce qu’ils disent. A moins que ca soit eux memes qui les conseillent de mentir !

  • Le 7 décembre 2021 à 09:43, par nanoukda En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    Personnellement et après 34 ans dont 27 passés sans insouciance parce qu’on ne s’attendait pas à un procès, une reconstitution des faits me parait très difficile surtout quand on veut savoir dans le détail (à quelle heure, qui et qui étaient là, à quel endroit) cela me parait humainement difficile ! Chacun peut se faire une idée en essayant juste de se rappeler avec qui et qui il a passé tel évènement il y a cinq ans par exemple !
    Et à mon sens, on s’attarde sur des éléments qui nous divertiront plus qu’ils nous édifieront !

  • Le 7 décembre 2021 à 09:54, par lewang En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    Mr ou Mme Nanoukda je pense que ca depand de l’importance de l’evenement. Si c’est un évenement qui vous a plus touché ou ayant laissé assez d’impact sur votre vie vous pouvez pas oublié. décès, mariage, licenciement, ......

  • Le 7 décembre 2021 à 09:59, par Paul En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    De mémoire, après l’assassinat de Sankara, la presse internationale comme Jeune Afrique...avait évoquée qu’il y a eu un changement d’équipe en charge de la sécurité au niveau du conseil de l’entente au même moment que le coup d’état. Et, c’est ce moment de flottement ? qui a été choisi pour le faire par les éléments à la solde de Blaise Compaoré et compagnie. Qu’en est-il ?

  • Le 7 décembre 2021 à 10:03, par Warba En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    J’ai toujours estimé qu’il ya 1)le commando criminel dirigé par Hyacinthe kafando
    2)les Complices au nombre de deux : Traoré bossobe a l’extérieur et Traoré alouna dans la salle de réunion.la justice doit véritablement fouiller de ce côté.il yavait un autre commando d’appui en cas d’echec du premier et dirigé par j.p palm himself

  • Le 7 décembre 2021 à 16:18, par Gwandba En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans de beaux draps ?

    Mr Bossbè Traoré est également victime de cette tragédie. Si c’est confirmé qu’il était de mèche les assassins, son état de nos jours peut être considéré comme une sentence de la nature dont il fait l’objet depuis 1987.

    Cela devrait mettre la puce à l’oreille de nos soldats de bases qui se prennent souvent pour le bon dieu lorsqu’ils ont dans les mains des armes pourtant destinées à protéger la veuve et l’orphelin et non le puissant vicieux, magouilleur du jour.

    Il ferait mieux de se mettre à table car, ceux qu’il tente de protéger l’ont abandonnés. Il devrait laver son honneur et dire ce qui s’est réellement passé. Si son avocat lui est vraiment aidant, elle devrait l’amener à dire la vérité pour son honneur, celui de sa famille et tout le reste.

    Aux soldats zélés qui gazent, tirent sur la population parce qu’ils reçoivent des ordres des potentats qui tremblent lorsque la population son désaccord à la lâcheté des dirigeants catastrophiques du jour, voyez ce qui vous attend.

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