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Fichier électoral : La RADDHO demande un audit

Publié le jeudi 17 novembre 2005 à 05h34min

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Alioune Tine de la RADDHO

A la veille de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du
13 novembre, prévue pour ce 17 novembre, les observateurs de la
Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) ont
animé une conférence de presse.

Au menu, le bilan de la présidentielle,
l’arrestation de l’ancien président tchadien Hissène Habré et la crise dans les
banlieues françaises.

Cette conférence de presse de la Rencontre africaine pour la défense des
droits de l’homme (RADDHO) a été animée par Alioune Tine, secrétaire
général de cette organisation non gouvernementale installée au Sénégal.

Après un bref historique de l’histoire politique et du processus démocratique
au Burkina, le secrétaire général de la RADDHO a dépeint l’organisation et le
déroulement du scrutin dans les 150 bureaux de vote couverts dans les
localités parcourues (Kadiogo, Sanguié, Boulkiemdé, Yatenga...).

Le matériel électoral était, dit-il, en place sauf dans certaines localités où il a
accusé un certain retard. "Les membres des bureaux étaient présents et
courtois avec les électeurs et les observateurs."
Les représentants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se
sont affirmés par leur présence dans tous les bureaux de vote visités.

Seuls
quatre candidats, Laurent Bado, Ali Lankoandé, Bénéwendé Stanislas
Sankara et Pargui Emile Paré étaient représentés dans certains bureaux de
vote. La Commission électorale nationale indépendante, ses
démembrements locaux et les électeurs ont tous été actifs. C’est en
substance ce que la RADDHO a constaté sur le terrain.

Le secrétaire général de cette ONG et ses collaborateurs n’ont pas occulté
les irrégularités remarquées en amont et en aval du scrutin. "Le problème du
fichier électoral, des inscriptions multiples, pose la grave question de
l’identification de l’électeur. Sept documents peuvent être présentés pour
s’inscrire et pour voter, dont certains ne permettent pas une identification sûre
de l’électeur", a déclaré Alioune Tine.

Et d’ajouter qu’ "entre 2002 (liste
manuelle) et 2005 (liste informatisée), l’on peut se réjouir de l’informatisation
du fichier qu’appelaient de leurs voeux l’opposition, la société civile et les
observateurs internationaux, on doit en revanche fortement recommander un
audit du fichier actuel, de manière à garantir sa fiabilité et de mettre ainsi un
terme à la longue polémique qu’il a suscitée."
La RADDHO a déploré la présence de militaires en armes dans les lieux de
vote et le fait que certains agents de sécurité aient voté "en tenue". Pour cette
ONG, cela peut influencer le vote des citoyens. Elle a noté le taux élevé de
bulletins nuls, des conditions difficiles lors de dépouillements dans certaines
zones urbaines. Pour ce qui concerne le taux de participation, elle l’évalue à
55%.

Aussi a-t-elle déploré le fait que l’opposition n’ait pas profité des facilités
offertes (le fichier sur internet et les CD-ROM du fichier).
Alioune Tine n’a pas occulté la disparité abyssale des moyens financiers,
logistiques et la capacité organisationnelle du candidat de la mouvance
présidentielle et ceux de l’opposition. La RADDHO a fait des propositions
pour pallier ce genre de situation.

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme a présenté
une série de recommandations à l’assistance : un audit systématique du
fichier électoral sous le contrôle des différents acteurs, la limitation à la carte
nationale d’identité, au passeport et au permis de conduire, des documents
qui permettent aussi bien l’inscription sur les listes électorales que le vote,
l’institution d’un dialogue politique permanent pour la construction des
normes électorales, l’adoption d’un pacte républicain pour le Burkina, la
retenue des candidats et l’abstention de leur part ou de ceux de leur camp de
toute déclaration intempestive à propos des résultats de l’élection et ainsi que
le réexamen et le respect scrupuleux du principe d’égalité des candidats à
l’élection pour éviter une excessive disparité des moyens entre les candidats,
qui risque de fausser le jeu électoral.

La RADDHO propose pour ce dernier
point, le plafonnement du budget de campagne des candidats aux diverses
élections. Selon elle, cela évitera qu’un candidat ou un parti "plane sur tous
les autres".

Les autres points abordés lors de cette conférence de presse ont été
l’arrestation de l’ancien président tchadien Hissène Habré et la crise dans les
banlieues françaises.
Pour Alioune Tine, l’arrestation de Habré est un message pour ses victimes.

Et d’ajouter que l’année 2005 doit être l’année qui permettra au Sénégal
d’éviter une catastrophe diplomatique en procédant à l’extradition d’Hissène
Habré.

Pour ce qui concerne les banlieues françaises, il a appelé le ministre
Nicolas Sarkozy à plus de retenue. " Ce n’est pas ainsi qu’on résoudra la
crise bien plus profonde que cette révolte ne le laisse croire (...) Les
organisations de défense des droits de l’homme du monde entier, si elles
veulent rester crédibles, doivent prendre position et lutter fermement (...)
contre le retour à un système de double peine...", a déclaré Alioune Tine,
secrétaire général de la RADDHO.

Notons que la RADDHO est membre observateur à la Commission africaine
des droits de l’homme et des peuples (CADHP) de l’Union africaine.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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