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Pratique de l’excision au Burkina : Les leaders religieux lancent l’offensive

Publié le dimanche 5 décembre 2021 à 22h29min

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Pratique de l’excision au Burkina : Les leaders religieux lancent l’offensive

C’est autour d’une cérémonie qu’a été officiellement lancé, ce samedi 4 décembre 2021 à Komsilga (périphérie sud de Ouagadougou), le réseau des leaders coutumiers et religieux pour l’élimination des mutilations génitales féminines (RELECORE/MGF)

Pour rappel, les complications immédiates des mutilations génitales féminines peuvent être la douleur violente, le choc, l’hémorragie, le tétanos ou la septicémie (infection bactérienne), la rétention d’urine, l’ulcération génitale et la lésion des tissus génitaux adjacents. Les conséquences immédiates sont notamment les douleurs violentes, les saignements excessifs, la mort.

Des données montrent que grâce aux efforts, le taux de prévalence de l’excision chez les filles de moins de quinze ans est passé de 23% en 2003 à 11% en 2015.

Vue des autorités à la cérémonie

La cérémonie de Komsilga se veut donc à la fois un lancement des activités et un plaidoyer à l’endroit des leaders coutumiers et religieux de la commune.

"Je fonde l’espoir que la mise en œuvre du nouveau référentiel national, à savoir le Plan stratégique nationale de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines, 2022-2026, en cours d’adoption, permettra d’identifier des approches novatrices pour orienter nos actions futures, malgré un contexte national très difficile », encourage madame la ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’action humanitaire, représentée à la cérémonie par son chargé de missions, Karim Zina.

Le chef coutumier de Komsilga a réaffirmé l’engagement à la lutte contre le phénomène

Le réseau des leaders coutumiers et religieux pour l’élimination des mutilations génitales féminines (RELECORE/MGF) se donne donc pour objectif principal, à travers diverses actions, d’œuvrer à la promotion de l’abandon de la pratique de l’excision. Une pratique considérée comme un problème de santé publique et intégrée dans la formation du personnel de santé.

Par cette initiative, il s’agit de mettre à contribution ces personnes influentes par des plaidoyers, la sensibilisation et bien d’autres démarches à même de servir la cause de la lutte.

Les femmes se sont massivement mobilisées pour la cause.

Karim Zina, chargé de mission de madame la ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’action humanitaire, félicite les leaders et religieux pour cet engagement aux côtés du gouvernement pour l’élimination de cette pratique au Burkina.

« Etant donné que ce sont des garants de la tradition, nous nous réjouissons de leur contribution, combien très importante, pour éliminer ce mal qui touche la grande partie de la population féminine », présente-t-il.

Le chargé de mission, Karim Zina

A en croire le chargé de missions, ces leaders verront leurs capacités renforcées, aux fins de leur permettre d’être efficaces auprès de leurs pairs et pour pouvoir efficacement porter le message auprès des populations.

« Nous pouvons d’ores et déjà rassurer le représentant de madame la ministre qu’à Komsilga, la pratique de l’excision n’existe plus. Toute personne qui sera prise dans la pratique sera dénoncée », a déclaré le leader coutumier de Komsilga. Il a immédiatement instruit les chefs coutumiers de son ressort territorial à davantage miser sur le message de la lutte auprès de leur communauté.

Le lancement des activités a été également marqué par un théâtre-forum sur sujet.

L’autorité coutumière a également saisi la tribune pour lancer un appel aux autorités politiques et administratives pour plus de rigueur dans la lutte, notamment par des sanctions rigoureuses.

Lire aussi :Lutte contre les mutilations génitales et féminines au Burkina : Un atelier pour valider le nouveau plan stratégique

O.L
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 décembre 2021 à 17:30, par Zango En réponse à : Pratique de l’excision au Burkina : Les leaders religieux lancent l’offensive

    Nos chefs sont là, encore un deal, mais à quant le réseau des coutumiers contre le terrorisme, la dépravation des mœurs ??

  • Le 6 décembre 2021 à 01:08, par Dibi En réponse à : Pratique de l’excision au Burkina : Les leaders religieux lancent l’offensive

    C’est étonnant que tous ces gens (chefs féodaux coutumiers et religieux) s’occupent fiévreusement du clitoris de nos filles et de nos femmes, soutenus par des tas d’ONG occidentales (Fonds des nations-unies pour la population -UNFPA-, Fonds des nations-unies pour l’enfance – UNICEF-, la fondation Follereau Luxembourg -AAB-FFL-, l’Agence de coopération internationale allemande pour le développement -GIZ-, et l’agence belge de développement -Enabel-, qui assure le rôle de chef de file des partenaires techniques et financiers.), alors que le pays brule. C’est louable ; mais à trop en faire à notre place, ça devient écœurant de mépris qui dit nos incompétences à nous prendre en main ! Une triste réalité de nos élites quand on les voit se mobiliser autour d’une question nationale, c’est qu’il y a des financements occidentaux sur la table. A vomir !
    Mais faut pas oublier qu’il y a aussi de quoi faire en Occident où le corps des femmes subit les bistouris de la chirurgie esthétique, tous les jours que Dieu fait. Les bistouris du marché capitaliste et non des couteaux de féticheurs !
    De nombreuses filles et femmes en Occident recourent à la mammoplastie (réduction ou augmentation des seins), labiaplastie (réduction des grandes lèvres du vagin), nymphoplastie (réduction des petites lèvres du vagin), embellissement de la vulve et de l’utérus, ombilicoplastie (réduction ou embellissement du nombril), ...
    Bref, du corps des femmes, il y a du pain sur la planche avec toutes ces Africaines qui se blanchissent la peau, abîment leurs cheveux naturels auxquels, elles substituent des mèches qui coutent à nos économies des milliards de F.CFA à l’importation (plus de 7 Milliards Fcfa /an).
    En Asie, ce sont d’autres segments de l’esthétique des corps qui sont à l’œuvre : Les asiatiques se débrident les yeux, se font refaire le nez, les mâchoires, recourent à la mammoplastie pour plus de volume, ... La pratique de la chirurgie esthétique du corps des femmes explose en Chine et surtout en Corée du Sud où la pratique s’est banalisée et concerne plus de 80°/° des jeunes Coréennes.
    En fait, ces marquages des corps des femmes sont des pratiques qu’on rencontre dans toutes les sociétés. Elles sont tolérées ou mêmes valorisées en Occident ou ailleurs quand ces marquages deviennent des segments à profits pour l’économie de l’esthétique marchande du capitalisme. D’où la timidité de nos politiques de santé devant le blanchiment des peaux par dépigmentation en Afrique ou le business des mèches en plastique.
    Oui, l’excision des filles est une pratique rétrograde qui appelle notre lutte à nous et non celle des Occidentaux dont on connait leurs limites quant au respect des principes humains ; surtout quand leurs intérêts sont en jeu. On n’a pas besoin de leurs ONG ou de l’ONU dans cette affaire du clitoris de nos filles ! C’est notre affaire à nous ; et non celle des Occidentaux. Ils peuvent garder leurs financements que quémandent nombres d’ONGs burkinabè qui carburent à ces fonds du mépris endocolonial. On sait que Thomas Sankara et la RDP avaient pris cette question à bras le corps, sans aucune aide et mendicité occidentale. C’était notre problème à nous et à nous seuls ; il n’y avait pas besoin que Compaoré Chantal, la Dame du satrape aille quémander des sous aux Nations Unies en notre nom avec ça ! Avec le clitoris de nos filles, de nos sœurs, de nos femmes !
    Et on aimerait aussi que nos religieux et féodaux coutumiers se mobilisent contre la crise sécuritaire terroriste qui secoue notre pays, révèlent l’incompétence et la corruption de nos élites, de l’Etat et du régime ; crise qui jette des millions de nos concitoyens sur les routes, en réfugiés internes, loin de leurs villages saccagés, leurs écoles et centres de santé fermés.
    Na an lara, an sara !
    La patrie ou la mort !

    • Le 6 décembre 2021 à 10:55, par kwiliga En réponse à : Pratique de l’excision au Burkina : Les leaders religieux lancent l’offensive

      @Dibi
      Si je suis globalement d’accord avec vos propos, notamment avec le fait que nous africains, nous devons de prendre nos propres problèmes à bras le corps, sans avoir besoin de recourir systématiquement à l’assistanat occidental, qui va s’accompagner de "bienveillantes" leçons d’humanisme, il n’en demeure pas moins que vos comparaisons me gênent quelque peu.
      En effet, la différence principale qui prévaut entre l’excision et les choix de chirurgie plastique commis par certaines femmes ou jeunes filles occidentales, réside dans le libre arbitre.
      Cette notion étant à mon sens essentielle.

  • Le 7 décembre 2021 à 13:05, par Claude En réponse à : Pratique de l’excision au Burkina : Les leaders religieux lancent l’offensive

    @Dibi
    Votre commentaire est intéressant mais aussi dérangeant à plus d’un titre.
    Vous semblez reléguer le rôle majeur des femmes et leur santé au second voire troisième plan des préoccupations. Certes la question sécuritaire est cruciale pour la préservation de l’intégrité du territoire. Pour autant doit on encore passer sous silence la pratique rétrograde de l’excision qui constitue une atteinte terrible à l’intégrité du corps des femmes.
    Vous nous expliquez que Thomas Sankara et la RDP avaient pris cette question à bras le corps, sans aucune aide et mendicité occidentale. Il est triste de constater qu’en 2021, cette amorce de réforme n’a pas traversé les années.
    En conclusion, je partage tout de même votre propos sur le fait de traiter cette question par nous-mêmes sans quémander le soutien de structures étrangères.

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